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Même itinérant, on est tous différents

Par Rédaction

Loriane Denis (étudiante en travail social) –  À la suite de plusieurs épreuves de vie, Mario se retrouve présentement en situation d’itinérance à Saint-Jérôme. Âgé de 53 ans, il a deux garçons de 19 et 21 ans. Nous discutons avec lui de son parcours de vie et de sa nouvelle vision de l’itinérance.

Loriane Denis étudie au Cégep de Saint-Jérôme. Photo: Ève Ménard

Au sommet de sa vie

Avant de se retrouver à la rue, Mario a évolué pendant de nombreuses années dans le monde du travail. « J’ai vraiment touché à tout », explique-t-il. Contrairement à plusieurs de ses amis qui déboursaient de gros montants pour se remplir les poches de cigarettes, Mario économisait plutôt pour obtenir sa propre voiture. Il n’a jamais eu peur de foncer : en plus d’avoir été technicien au Sommet Saint-Sauveur, il a voyagé partout en étant rémunéré pour faire de la planche à neige. Il a même été un des premiers à contribuer à l’essor de ce sport.

Les portes ouvertes vers la rue

Vers le mois de septembre dernier, Mario et son ami croyaient avoir trouvé un logement. Or, lorsqu’ils ont appris que celui-ci ne passait pas au crédit, le logement avait déjà été reloué. Dû à la crise actuelle, Mario n’a pas les moyens financiers de se louer un autre logement. Il dort donc en grande partie dans sa voiture ou dans les refuges qu’offrent les organismes de Saint-Jérôme. Étant invalide, Mario ne peut pas se faire un budget puisqu’il souffre d’un problème de santé qui l’empêche totalement de travailler. Avant que le Book Humanitaire réussisse à lui trouver un médecin pour analyser son dossier médical, l’homme cherchait désespérément à le faire depuis plus d’un an, sans succès.

« Je suis dans le néant, je ne pourrais même pas travailler 10 heures par semaine. Je veux juste être bien et subvenir à mes besoins sans stresser. »

La rue à travers ses yeux

Avant d’être à la rue, Mario percevait les personnes itinérantes comme étant des gens assis avec de petits pots pour amasser de l’argent. Maintenant, il réalise que c’est beaucoup plus que ça. En discutant avec lui sur sa vision de l’itinérance et sur les préjugés auxquels lui et les autres font face, il nous fait plusieurs confidences : « Quand on est itinérant, le premier mois ça peut aller, mais ensuite ce n’est pas évident de survivre en ayant le sourire. Parfois, on se ment à nous-mêmes quand on se fait demander comment on va parce qu’en réalité, ça va rarement bien dans la rue. »

Même s’il souhaite sortir de la rue, Mario avoue qu’il est difficile d’avoir accès à un logement et aux ressources. Il dit recevoir de l’amour des organismes dans la rue, mais qu’il ne ressent pas d’évolution en dehors de la rue. Comme plusieurs, Mario considère qu’il manque de ressources et que les personnes itinérantes ne se sentent pas considérées, qu’elles se font pointer du doigt partout où elles vont et qu’elles ressentent souvent la pression sociale. Pourtant, lorsque nous prenons le temps de discuter avec ces gens, on réalise que dans la rue, il y a une variété d’individus: « Il y a des gens malchanceux, ceux qui vivent des conflits familiaux, ceux qui consomment, des travailleurs, des gens analphabètes, ceux qui en font un mode de vie et plusieurs autres », énumère Mario.

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