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Monsieur Loken et son sentier

Par Mathieu Laberge

Si les sentiers qui parcourent les forêts laurentiennes ont façonné l’histoire de la région, c’est grâce à quelques amoureux du plein air qui ont pris de leur temps et de beaucoup d’ «huile de bras» pour défricher des sentiers encore existants aujourd’hui. Herman «Jack Rabbit» Smith-Johannsen est certainement le plus connu d’entre eux, mais il y en a encore un qui poursuit son travail de nos jours. Il s’agit de Mike Loken, de Sainte-Anne-des-Lacs.

Aujourd’hui âgé de 89 ans, M. Loken a quitté sa Norvège natale pour s’établir au Canada en 1953. Près de six ans plus tard, il commençait à défricher la piste qui porte désormais son nom et qui relie Sainte-Anne-des-Lacs et Saint-Sauveur.

«J’avais acheté une maison aux abords du lac Cupidon et il n’y avait pas de sentiers de marche. En arrivant ici, j’avais donc besoin d’un sentier», explique M. Loken avec un regard rieur.

Un de ses amis avait une ferme près du lac Prévost, à Saint-Sauveur, alors créer un sentier à travers les bois demeurait le moyen le plus facile pour lui rendre visite. Au fil des ans, les deux amis ont commencé à trouver la piste trop courte à leur goût, alors ils ont multiplié les détours afin de contourner les différents lacs, ce qui leur a permis de parcourir le territoire en ski de fond l’hiver et en course à pied pendant la saison estivale.

Au fil des ans, M. Loken a effectué son travail seulement à l’aide d’une scie à main et de sécateurs. La seule fois qu’il s’est servi d’une scie à chaîne, c’est à la suite des dégâts causés par le grand verglas de 1998.

Des permissions moins faciles à obtenir

L’obtention de droits de passage des sentiers sur les terrains privés était bien différente à l’époque. Cela s’explique notamment parce que les propriétaires terriens étaient beaucoup moins nombreux qu’aujourd’hui.

«Il y avait quelques familles qui avaient de grands terrains, sans oublier non plus les gens du YMCA (lac Kanawana) et les Scouts (lac Tamaracouta) qui nous permettaient d’aller partout. Ils n’avaient pas d’objections. En fait, ils m’encourageaient même à continuer mon travail», poursuit M. Loken, en faisant notamment référence à la famille Vineberg qui possédait plus de 700 acres où passaient plusieurs sentiers.

Les choses ont toutefois changé au fil des ans. Certaines sections ont été fermées par des propriétaires qui n’étaient plus intéressés à offrir un droit de passage. Reste maintenant à voir si le regain actuel d’intérêt pour les sports de plein air pourra redonner du lustre aux sentiers d’antan, d’autant plus qu’ils ne sont plus seulement fréquentés par une poignée d’initiés, mais bien par des résidents et touristes âgés de 7 à 77 ans. Et même jusqu’à 89 ans!

 

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