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Morin Heights: un pont entre la réalité et la fiction

Par Éric-Olivier Dallard

Querelles de fonctionnaires, discussions stériles et reports constants, voilà de quoi est constitué le dossier achoppé du barrage de la plage de la rivière à Simon à Morin Heights, un ouvrage vieux du 19e siècle qui, faute de réfection, devra être complètement reconstruit

Le premier pont à jamais érigé entre Morin-Heights et Saint-Sauveur a failli être sauvé. Mais depuis 2002, les ingénieurs et les fonctionnaires ont tellement discouru sur son avenir qu’ironiquement, le dossier est tombé à l’eau. «Ce pont-là était adoré des touristes, explique Gaétane Martel, qui possède une auberge historique à quelques pas de là. Des peintres y venaient chaque année pour s’abreuver de paysages pittoresques, poursuit l’aubergiste. La municipalité s’était engagée à en faire la réfection en 2002 et le maire avait promis de réparer le barrage. Avec le temps, des parties se sont effondrées et le barrage a fini par défoncer.»

La semaine dernière, un regroupement formé d’une cinquantaine de citoyens s’est massé à l’Hôtel de ville pour obtenir un engagement clair de la municipalité de Morin-Heights. Dans les prochaines semaines, leur a-t-on assuré, un deuxième avis de motion, au montant de 175 000$, sera voté dans le but de procéder aux travaux.

Un «Roller coster»
«Dès que M. Mulcair a perdu son poste de ministre, ça été la cohue dans le dossier, confie le maire de Morin-Heights, Michel Plante. Le barrage de Christiville s’est fait sans heurts et pendant ce temps, celui de la rivière à Simon n’a pas arrêté de piétiner.»

Un premier règlement d’emprunt de 77 000$ visant la réfection du barrage, a été accepté en juin 2002. Le dossier est ouvert en août et la firme Bafa propose une première soumission en septembre. Ses conseillers refilent le projet à un sous-contractant et en juillet de l’année suivante, la ville attend toujours les plans. Chaque fois, le ministère du Développement durable, de l’environnement et des parcs (MDDEP) demande un supplément d’information. En août 2004 et en octobre, le ministère récidive. «On appelle ça étirer l’élastique», explique le maire exaspéré. Le 30 juin de l’année suivante, de nouveaux plans sont déposés. En août, le MDDEP accuse réception. En septembre, il manque encore des informations au dossier, tout comme en novembre. Au 31 mars 2006, le gouvernement est toujours en attente de suppléments d’information. Le 19 avril, les ingénieurs informent la municipalité qu’il faut abandonner le projet ou refaire les plans. Le 15 juin, un troisième ingénieur prend la relève. Le 8 septembre, les consultants n’ont toujours pas donné suite. La ville demande alors à l’ingénieur de produire toute la documentation inhérente au projet. Le 12 novembre suivant, on prend connaissance de la nouvelle grille de coûts et le conseil prend le dossier en délibéré. Finalement, le 26 décembre, les ingénieurs n’ayant pas donné suite, le service hydrique du MDDEP ferme le dossier.
«J’ai quand même des bonnes nouvelles pour mes concitoyens, promet Michel Plante. J’ai trouvé une nouvelle firme de Sainte-Agathe qui pense être en mesure de nous fournir une première proposition dès le début du mois de mai. J’ai l’intention de m’associer à Gaétane Martel et Manon Mongrain, deux citoyennes qui m’ont épaté par leurs idées.» Le maire rêve toujours d’une aiire de repos magnifique avec une construction qui reflète la quasi totalité du barrage d’antan.

Entre-temps, la valse-hésitation de 2002 à 2006 aura coûté près de 12 000$ aux contribuables de Morin-Heights. La facture se fait toujours attendre. «Un particulier n’aurait jamais enduré ça, confie le maire excédé. Mais honnêtement, on avait beau avoir des vœux pieux, qu’est-ce qu’on pouvait faire de plus?»

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