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Municipalités : Riches et pauvres à la fois!

Par Journal Accès

Suzanne St-Michel, collaboration spéciale

La région des Laurentides est réputée pour être une zone riche, mais certaines MRC, dont celle des Pays-d’en-Haut, sont plus défavorisées que les autres. Nous pouvons vivre richement seul ou être pauvre et avoir une vie sociale bien remplie. Nous parlons alors de défavorisation sociale et matérielle. Pour comprendre ce dont on parle, nous tracerons un bref portrait de la MRC des Pays-d’en-Haut (MRCPDH) en utilisant l’indice de défavorisation.

Cet outil est très important puisqu’il décrit très précisément les zones défavorisées dans chaque municipalité et il devrait être pris en considération par les partenaires et les preneurs de décision sur le sujet. Voici quelques chiffres, un passage incontournable pour comprendre la réalité.

La MRC des Pays-d’en-Haut est composée de 10 municipalités et de 43 788 personnes. 75 % de son territoire est boisé et son secteur d’activités le plus développé est celui de l’hôtellerie, la restauration et les services. Les municipalités les plus défavorisées MATÉRIELLEMENT (formé de trois indicateurs abordant la scolarité, le revenu et l’emploi) sont Wentworth-Nord, Lac-des-Seize-Îles, Ste-Marguerite-du-Lac-Masson, Sainte-Adèle et, dans une proportion moindre, Saint-Adolphe-d’Howard, Morin-Heights et Saint-Sauveur.

En revanche, les municipalités les plus défavorisées SOCIALEMENT (basé sur trois indicateurs relatifs au statut social) sont l’Estérel, Lac-des-Seize-Îles, Saint-Adolphe-d’Howard et, dans une plus faible proportion, Saint-Sauveur, Piedmont, Sainte- Adèle et Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Dans la région globale des Laurentides, la MRCPDH bénéficie des conditions les plus favorables sur le plan matériel, mais la pire par rapport aux conditions sociales.

Un des principaux facteurs qui influence cet état de fait est le changement démographique. Sachez que le taux de croissance de la population de la MRC est supérieur à celui de l’ensemble du Québec.

En 2016, nous avions deux fois plus d’aînés (29,9 %) que de jeunes (11,4 %) et le taux de natalité le plus faible de la région laurentienne (2011). 664 personnes fréquentent les comptoirs alimentaires; en moyenne, 328 proviennent de Ste-Adèle et 139 de Saint-Sauveur, Piedmont et Sainte-Anne-des-Lacs. Toutefois, la priorité pour les aînés demeure le logement. Pour l’ensemble de la MRCPDH, le nombre de logements sociaux se chiffre à 82 et celui des logements abordables s’élève à 138. C’est sûrement insuffisant et vraiment scandaleux étant donné que la majorité des citoyens ont plus de 65 ans! La population permanente a doublé au cours de la dernière décennie et cette croissance s’explique essentiellement par la migration des retraités vers le nord. Malgré les conditions socioéconomiques favorables, il existe des disparités importantes entre les municipalités et encore plus entre les quartiers d’une même municipalité. De plus, les villes qui affichent les plus grandes proportions de personnes vivant seules (surtout des femmes) sont celles où l’on retrouve une grande concentration de personnes âgées; c’est le cas de la MRC des Pays-d’en-Haut.

Toutes ces données proviennent de sources gouvernementales et publiques. Le 18 octobre 2017, le Regroupement des partenaires présentait et expliquait à quoi pouvait servir l’indice de défavorisation. La logique voudrait que les participants et les nouveaux élus prennent en compte cet outil qui permet de connaître le profil économique et social de leur municipalité et de ses différents quartiers. Les élus pourraient alors tenir compte des inégalités et adapter leurs interventions selon le niveau de vulnérabilité de leur population.

Revenons au logement. Ce besoin de base n’est pas comblé et ne semble pas être une priorité. Au Québec, plusieurs municipalités exigent un pourcentage minimum de logements abordables pour tous les projets de construction domiciliaires. Toutefois, les promoteurs n’ont aucun incitatif pour faire ce type de démarche. Dans ce domaine, le processus de décisions et de règlements municipaux avec incitatifs pourrait attirer les constructeurs afin d’accroître rapidement le nombre de logements sociaux et abordables. N’oublions pas que la majorité des aînés vivent avec les pensions gouvernementales, soit de 1600 $ à 1800 $ par mois et y consacrent plus de 40 % de leur budget.

Que dire des itinérants; il est difficile d’en établir le nombre pour la MRC, mais ce phénomène est grandissant. Où se logent-ils? Où mangent-ils? Qu’est-ce qui est fait pour améliorer leur quotidien? Qu’est-ce que nous pouvons faire pour participer aux solutions? Faudrait-il qu’un d’entre eux meure de froid pour prendre ce problème au sérieux? Le sujet est tabou et, pourtant, nous connaissons tous quelqu’un qui mériterait un meilleur sort… Qu’en pensez- vous?

Suzanne St-Michel est membre de la Table des aînés et de son comité de communication et membre du C.A. de Prévoyance envers les aînés et présidente du C.A. de la Rencontre de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson.

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