ABRACADABRER SA VIE
Par Journal Accès
Sous la patte d’O’Malley par Christian Genest
Ti-cul, je n’ai jamais vraiment trippé sur Merlin, pas plus que sur Bozo d’ailleurs. Plus tard, j’avoue que je n’ai pas amené ma fille aux Shriners alors qu’ils étaient en ville. J’ai toujours été contre les méthodes de dressage des animaux sauvages dans un but totalement mercantile. Et les magiciens, je les ai toujours trouvés ennuyants… d’ailleurs, je n’ai jamais trop essayé de démasquer la façon dont ils retrouvaient le Trois de Trèfle.
Non, en fait, je capote sur Patch Adams ainsi que la fondation Jovia. J’ai été un fan fini du Cirque du Soleil pendant plusieurs années, jusqu’à trouver que la sauce était un peu étirée dans les années 2010… Kaboom! Y’a eu Kurios l’été dernier dans le Vieux-Port de Montréal. Wow, une renaissance pour moi qui n’étais pas convaincu en commandant les billets.
De passage à Playa del Carmen en mode relâche, j’ai assisté au spectacle permanent du cirque à Riviera Maya: JOYÀ. Wahhhhh! Quelle soirée magique j’ai passée sous le chapiteau circulaire érigé spécialement pour l’événement, à la fois culinaire et théâtral!
Oui oui, la promesse de bouffe haute-voltige assure bien… on y met en scène le repas sous trois tableaux distincts présentés dans des couverts spéciaux, très spéciaux même.
On nous propose un menu mangeable, suivi d’une assiette-fontaine pour y dresser des herbes en guise d’arbuste et y verser de la glace sèche fumante, un vase pour y déposer du pain frais façonné sous forme de fleurs, une coupole dorée sertie d’une intrusion pour clef antique et un grimoire s’ouvrant sur quatre verrines sucrées.
Le chef Bostelmann signe un repas-concept où il met en équilibre les notions de sucré, salé, croquant, acide, de sphérification et d’aliments à haute teneur en umami… On jurerait qu’il a volontairement oublié l’épicé en coup de gueule aux trop nombreux restos mexicains abusant du concept!
Le repas nous plonge tête première dans la rêverie et l’émotion. Place maintenant à un spectacle un peu court, pas mal moins axé sur les performances gymnastiques, mais ô combien artistique!
L’ado rebelle et son grand-papa alchimiste nous transportent au rythme de la migration des monarques, accompagnés de béliers, de lapins et d’oiseaux aux costumes à faire pâmer. Paroles, sons et musique nous font vibrer, alors que le décor, à ne rien envier à Vegas, nous dégage même à un moment des odeurs florales émanant d’un bouquet éclos par un coup de baguette magique.
Une réussite totale pour l’entreprise québécoise, qui est même parvenue à insuffler ses valeurs, son ambiance, son professionnalisme dans ce milieu latino où les gens oeuvrent à un rythme… plutôt vacancier!
Bien sûr, le cirque nous fait rêver, décrocher… sans parler qu’il stimule notre créativité et nous transporte émotivement. Mais si on mettait plus de cirque dans nos vies au quotidien? Si le cirque servait à nous reconnecter plutôt qu’à nous déconnecter? J’y crois totalement… et voici : C’est mon ami Sylvain qui m’a introduit il y a quelques années le concept en-scène vs hors-scène. Je me le rappelle encore me paraphraser Mickey Mouse afin de me convaincre que nous devons mettre nos vies en scène.
À moi d’être un metteur en scène érudit de folie, d’intensité et de non-conformisme. De refuser catégoriquement le statu quo et la platitude.
Moi qui trippe sur Jean Leloup le personnage parmi tous les artistes-putains qui nous markètent leurs créations dans la gorge plutôt que de nous faire lever le poil su l’bras.
Et si notre vie devait être exagérée afin de se sentir vivant? Si elle devenait flamboyante?
Et si je possédais une baguette magique afin de réaliser mes rêves…? Que seraient-ils? Après tout, ce sont ceux-là qui devraient écrire mon histoire au quotidien? Soit! Je pars à la chasse d’une baguette et puis que je la glisse dans mon fourre-lap-top.
À moi ensuite d’y coller les pouvoirs d’usage?
Sérieusement, avant même de quitter pour une semaine de piscine et mangues, j’avais promu trois balles de tennis «Wimbledon edition» à des fins de jonglerie.
Coïncidence? Je ne sais trop… n’empêche que j’avais décidé, je vous jure, d’apprendre à jongler pour la mise sur pied d’une prochaine conférence où j’aborderai le thème de la créativité et des habitudes sous-jacentes à celle-ci.
Me voilà rendu avec trois authentiques boules en cuir jaune et bleu… histoire de me mettre un peu plus de pression aux fesses!
Pas d’inquiétude, vous ne me prendrez pas le nez coiffé d’une boule de plastique rouge quand même!
Note à Daniel Gauthier: moi qui étais fan du massif et encore maniaque de ski… c’est ce qui a disparu à ton massif: la magie. Gotcha?