BUENOS AIRES INTERDITE

Par Journal Accès

Christian Genest – J’avoue d’emblée être un voyageur compulsif, un assoiffé de fuseaux horaires, un chat de gouttière fuyant les endroits de type Carrefour-Laval-touristiques. Je n’ai pas trop envie de vendeurs de statuettes ou de machins volants postés au pied des monuments répertoriés dans le Lonely planet. Je chasse plutôt les aventures « roots » avec des gens colorés… Les plans qui débouchent sur des souvenirs tatoués au cœur plutôt que sur des photos de profil.

Voici un de ceux-là!

Code: B.A.

District: Palermo

Adresse et contact: non-divulgués.

Armes de prédilections: bife de chorizo, provoletta, bondiola et malbec.

Je réserve une soirée dans un resto-clandestin quelque part dans un quartier bobo de la capitale argentine, via internet bien sûr, avec mes deux comparses «adu-lescents». La confirmation m’est envoyée par courriel, ensuite l’adresse exacte 12 heures avant l’événement spécifiant: «Don’t knock on the black door, push it and climb the steps». Les cierges nous guident vers un long escalier menant à un loft contemporain offrant une vue à couper le souffle sur la ville endormie. Au centre, une longue table, dénombrant environ 30 couverts, est montée à la chic. Fernando nous accueille tout sourire avec achurras  y spumante: une version locale de champagne et de saucisson mollasson que j’enfouirai semi-mâchouillé dans une plante du coin de la salle.    

L’asador nous est présenté alors qu’il est à chauffer les briquettes du BBQ de fortune improvisé pour l’événement installé sur la terrasse extérieure. De même pour les imposants morceaux de viande, qui seront grillés dans les prochaines heures. L’opportunité est parfaite pour aiguiser mon espagnol et puiser quelques trucs culinaires du sympathique maître des grillades qui n’hésite pas à partager en échange d’une El Presidente bien froide.  On se met à table devant Jake et Lisa from Boston en honeymoon.  De l’autre côté, Pedro, l’humoriste from Paraguay, et sa princesse Grace vivant à Paris. Alors que les viandes se succèdent, l’atmosphère se détend pendant que coule à flots quelques vins buvables et d’autres boostés à la vanille et aux copeaux de bois.

«Is this your heel?», demandais-je à la blonde pétillante, moi qui a la mauvaise habitude de sévir en veston-et-gougounes dans ce genre de soirée, feignant de lui mettre sur le dos mon ongle de joggeur… Bof, tant qu’il ne figure pas sur la photo du raisin qui prend tous les plats en photos, et tant pis !

L’histoire se terminera le ventre joyeux aux petites heures du matin. Il m’est malheureusement impossible de vous en réciter la fin puisque je suis encore à reconstituer quelques morceaux au casse-tête de fin de soirée!!

J’ai vraiment l’impression que cette aventure est une tendance qui prendra de l’ampleur dans les mois à venir… celle des restos clandestins ou des soirées pop-up sur invitation. À l’heure où les foodies flashent leur IPhone dans tout ce qui est hors-norme, où les restos servent souvent tous la même joue de veau, et où AirBnB teste un segment bouffe à San Francisco, cette formule gagnera bientôt un chalet près de chez nous… je l’espère!

Au fait, l’Argentine est le pays du «Dulce de leche», et celui-ci coiffe à merveille un dessert! Mais encore faut-il s’y rendre plutôt que de se laisser avaler par les mystères d’une nuit étrangère…

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