C’est écrit où ?

Par Mimi Legault

Je ne vous l’ai jamais caché : jeune, j’ai toujours eu l’allure d’un « Tom Boy ». C’était dans mon ADN au grand dam de mes parents. Ma petite sœur avec qui je n’avais pas deux ans de différence était hyper féminine. Par exemple, elle aimait boire le thé avec un set de tasses déposé sur une table avec deux chaises à sa mesure. À cinq ans, elle m’invitait quotidiennement à son « tea time » pour faire semblant de boire une tasse avec le petit doigt en l’air. Bien que je détestais beaucoup la chose, maman m’y encourageait fortement. J’arrivais donc de mauvaise foi, avec mes bottes de cowboy que je mettais impoliment sur sa petite table, je faisais semblant de fumer un cigare en prenant une grosse voix, en lui disant : et alors, petite, ça gaze ? Et j’imitais un gros rot. Il est parfois divin de devenir démoniaque… (Paul Carvel). Ma sœur se mettait alors à hurler, mais à hurler ! Si bien que ma mère me foutait dehors. Mon but était atteint. Je repartais jouer dans la nature avec les boys.

J’ai fait damner mes parents en tenant mon bout, côté garçon manqué. Pourquoi les filles devaient-elles avoir un sac d’école en bandoulière alors que les garçons les portaient sur le dos ? Vous l’avez deviné, j’ai eu ce qu’on appelait un sac de garçons. Pourquoi y avait-il des vélos différents gars-filles ? Les gars avec une barre et les filles sans. Là aussi, j’ai étrivé mes parents qui m’avaient offert un bicycle à vitesses neuf de filles; j’avais choisi de l’échanger contre celui de Jean-Jean (un vieux tacot…).

C’était écrit où que si un fils naissait, le père offrait un cigare, mais une fille? Rien. Néant. Ça me foutait les jetons, comme disent si bien les Français. Ou que le rose était dédié aux fillettes et le bleu destiné aux garçons ? Même dans les pouponnières, ça marchait ainsi. De plus, j’avais une mère féministe. On ne disait pas ce mot, mais ça revenait au même. Ça aidait ma cause, disons… Maman m’a même raconté une histoire vécue. Son arrière-grand-mère Cyr avait marié un Lamarche. Croyant ne jamais avoir d’enfant, elle eut un fils à 48 ans. Imaginez ! Elle décida qu’il porterait son nom. Son époux la crut folle et refusa net. N’empêche qu’elle gagna tout de même son pari en le prénommant Cyr-Marc Lamarche.

Et ça continue…C’était écrit où qu’après un deuil (et cela depuis des siècles), on obligeait les veuves à porter du noir pendant deux ans ? Mes parents n’étaient mariés que depuis quatre mois lorsque papa perdit subitement son père. Ma mère, lors des funérailles, décida de porter un manteau jaune pâle avec un immense chapeau à rebords, de la même couleur. Selon mon père tout fier, elle ressemblait à un petit poussin qui venait de sortir de sa coquille. Mes tantes furent tellement choquées qu’elles en ont parlé pendant 25 ans, minimum. Comme quoi l’arbre ne tombe jamais loin de l’arbre… Des histoires comme ça requinque mon estime de femme !

En fait, beaucoup de traditions qui font force de loi sont en réalité des inventions purement humaines que l’homo sapiens, qui vit sous vide, a choisi de suivre les yeux fermés. La nature humaine est-elle à ce point médiocre et faible qu’elle préfère les idées toutes faites qui ne devraient pas faire vieux os et qui nous labourent le cerveau, plutôt qu’à une parcelle de vérité pure et simple qui tient debout ? Je me le demande sérieusement.

Pourquoi faut-il toujours être conforme ? Attention, je ne vise pas des lois qu’il faut suivre. Je parle de ces petits exemples que je viens de citer ci-haut à la petite morale infantile. Ces us et coutumes ont de la barbe et je les ai souvent remises en question. Une dernière : lorsque quelqu’un décède, on en dit toujours grand bien. Je suis contre. Ce genre de convention m’exaspère au plus haut point. On pourra dire de moi que j’étais quelqu’un d’humoristique, de généreuse, mais bon sang que Mimi était baveuse, gossante et aimait provoquer les gens. Ça me ferait grand plaisir ! Que voulez-vous, on naît comme on est…

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