Cher Andy
Par Journal Accès
Sous la patte d’Omalley par Christian Genest
On se connaît depuis déjà quelques années. Tu fais partie de mon cercle d’influenceurs, d’idoles. Il m’arrive de me référer à toi en cherchant une solution créative et différente à un enjeu de taille. Comment toi, le roi du pop art, dénouerait tel ou tel défi ? Je ne compte plus les fois où j’ai feuilleté ton bouquin, visité l’une de tes expos ou encore analysé ta démarche à la fois esthétique et très mercantile; un paradoxe total dans le zoo opiniâtre artistique, où une star doit être pauvre et tordue. Tu as toujours cru à l’art pour la masse.
Je suis flabbergasté qu’en 1968, tu aies vu si juste en écrivant dans un catalogue que dans l’avenir chacun aurait son 15 minutes de gloire.
L’espace techno s’est clairement divisé en 2 planètes: le marketing-narcissique et la vie banale et inintéressante. Ou encore les 15 minutes de célébrité vs les 15 minutes de disparition… deux gouffres un peu pathétiques non? Et si on en rajoutait une troisième de planète?
Entre l’invitation à Candy Crush Saga et le vidéo-publicitaire, vous côtoyez probablement des personnages très stéréotypés sur Facebook: le parent-enthousiaste obnubilé par ses enfants, le nul en orthographe, le roi du hashtag, le philosophe-en-devenir ou encore le partageur-boulimique. Plusieurs sont totalement accros ou pire encore, vivent sous le regard des autres, espérant remporter le championnat du«like». L’essayiste Bruckner qualifiait précisément cet acte de «paraître pour être».
À se demander si cette tyrannie de l’égo marketing n’est pas devenue une grande ivresse communautaire. Au rayon de la deuxième catégorie, on ne se bouscule pas! Comme si être simplement soi représentait un échec personnel, et qu’il ne fallait montrer que les côtés glorieux de son existence, à la limite, de mettre sa vie en scène. Comme quoi on est tous le pénible de quelqu’un!
Ronchonnant ça depuis un moment, un matin, en surfant les actualités sur la toile de Zuckerberg, un ami avait relayé un post de Linda. Je ne la connaissais pas. BANG!
Humilité, vulnérabilité, authenticité, échec retentissant, ego, résilience, espoir…
Dans un texte de 2500 mots, elle raconte chronologiquement son parcours chaotique des derniers mois, une mise à nu totale.
Elle y fait l’analyse de sa programmation génétique, élabore sur ses rêves, ses succès financiers, pour ensuite décrire de façon émotive et sans barrière sa séparation, son culte du corps, sa tête dure, sa descente aux enfers financière et tout ça sans vouloir attirer la pitié. On assiste alors à sa rédemption, où elle explique son repli sur soi-même, sa recherche de nouveaux repères, son processus contre-nature de lâcher-prise, sa relation avec l’argent. Elle nous raconte même de manière émotive et soutenue son électro-choc amoureux.
Toute cette narration sans barrière… et sans jamais jamais jouer à la victime, mais plutôt en nous donnant une solide leçon de résilience. En fait la démarche de Linda propose une option solide, celle de la discrétion momentanée, du repli sur soi, de l’authenticité comme pas de côté qui ouvre sur le monde. N’est-ce pas là un pied-de-nez solide devant Ponce Pilate 2015: Facebook? J’ai écrit ce papier sur un coup de cœur pour ensuite demander à Linda la permission de publier, car je ne voulais pas maquiller son histoire.
Savez ce qu’elle m’a répondu? «Mes moments durs vaudront leur peine s’ils peuvent éveiller un seul Narcisse version 2.0.»
Merci Linda de m’avoir ouvert les yeux devant la junk-publication à outrance et de t’être montrée si vraie. Tu es une leader inspirante! Parce que tsé au Québec on confond souvent héros et leader, comme quoi c’est arrogant de se proclamer leader? Un leader est quelqu’un qui inspire les autres, qui les poussent à devenir meilleur… comme toi!
Et pis Monsieur Warhol; en 68, toi le publicitaire-provocateur, j’imagine que tu pensais annoncer une bonne nouvelle? À la limite prédire la popularité d’occupation double! J’y vois plutôt une oraison funèbre. Tu m’aiderais à populariser cette troisième planète électronique toi le king de la publicité artistique?