Blonde et…

Par Éric-Olivier Dallard

Il y a de la fulgurance, à la fois dans son écriture, mais aussi dans la vie qu’elle a menée, qu’elle mène… de la fulgurance à tel point que l’on en vient, pour elle, à s’imaginer aussi la fulgurance d’un destin: Nelly Arcan deviendra sans doute diamantaire ou traficante d’armes.
À moins, tout aussi fulgurant, qu’elle n’élève 18 enfants.

Toujours une longueur d’avance, la blonde écrivaine… Elle a fait paraître Putain il y a quelques années, juste avant que le terme ne passe dans la conversation courante des «branchés» (voir texte de Nicolas Langelier dans la dernière édition de L’Actualité: «De l’utilisation du mot pute par la jeune femme moderne»).

Dans son dernier opus (À ciel ouvert, éd. Seuil), écrit – c’est une première chez cette passionnée de l’auto-fiction littéraire – à la troisième personne, elles a un nombre incalculable d’observations sociologiques qui sont de vrais bijoux de metaphors des enjeux qui se dessinent de plus en plus dans notre paysage… Par exem­ple, ce passage, sur l’enthousiasme clamé dans les rue de Montréal par les Portugais, alors qu’ils venaient de remporter la Coupe du monde de soccer: «Les Portugais allaient (…) assiéger la ville en parcourant sans arrêt ses grandes artères, imposer dans la brusquries leurs drapeaux (…); et les Montréalais allaient accorder leur assentiment, admirer en eux le courage de la fierté nationale, leur audace de se proclamer les plus forts; ils allaient saluer une attitude guerrière à laquelle ils n’avaient plus droit depuis longtemps, une façon de bomber le torse qui avait été remplacée par un éternel examen de conscience.»

Comme une vision d’une exactitude chirurgicale de l’actuel débat sur les accommodements raisonnables et la Commis­sion Bouchard-Taylor.

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