Je l’ai fait

Par Rédaction

Lu dans une petite colonne d’un journal. Incapable de calmer un enfant turbulent de 9 ans, une enseignante l’a confiné dans un enclos au fond de sa classe pendant plusieurs semaines afin qu’il ne dérange plus les autres élèves. Hon! La pas fine! Eh bien sachez qu’un jour, j’ai posé le même geste. Mais avant de me lancer des tomates, lisez bien ceci. Mettons qu’il s’appelait Danny, 10 ans. Gros problème de comportement. Exemples précis et hélas vécus. En classe, son plaisir était de provoquer les élèves. Lorsqu’il passait à côté d’une fille qui écrivait tranquillement dans son cahier, il empoignait son crayon comme un poignard et barbouillait sa feuille. Ou il donnait un claque derrière la tête de celui qui était en train de boire une gorgée à l’abreuvoir. Il aimait bien écraser le pied de celui placé derrière lui venu se faire corriger une phrase à mon pupitre ou faisait voler en l’air les articles qui se trouvaient sur le bureau de sa voisine.

Avez-vous votre voyage? Non? Alors, je continue. Tirait les tresses de Marilou, faisait un croc-en-jambe à Yann, un finger à Louis ou volait le lunch de Kim. Mais j’ai beaucoup appris de Danny par exemple jusqu’où allait ma patience… N’allez surtout pas croire que nous avons laissé aller les choses : rencontres de psy, travailleuse sociale, lui fournir des outils positifs. Même les parents se disaient impuissants face aux méfaits de leur fils. Si je le mettais dans le corridor le temps de se calmer et de calmer le reste du groupe, il foutait le camp. La direction m’avait ordonné de le garder en classe et de faire avec. Ce n’est qu’après avoir discuté avec la TES  (technicienne en enfance spécialisée) que nous avions convenu  de l’isoler du groupe.

J’avais mis un paravent en avant de son pupitre dans un coin de la pièce. Il sortait de sa cache lorsque des explications étaient données, il pouvait venir me poser des questions aussi souvent qu’il le désirait. Pour le travail personnel, il demeurait isolé. Il n’avait rien sur son pupitre. Un élève était chargé d’aller lui donner un crayon ou les articles nécessaires pour son travail. S’il décidait de lancer ses choses, on laissait l’article par terre et il devait faire le travail non accompli le soir à la maison et ne revenait qu’une fois le tout terminé.

Croyez-vous sincèrement que j’avais le choix avec 28 autres élèves? Mais l’article du journal en question a fait bondir plein de parents qui sont  devenus les pourfendeurs envers la malheureuse enseignante. Pôvre de pôvre petit! Ils ne savaient pas, ne pouvaient pas savoir le stress qu’un Danny pouvait provoquer. L’histoire du garçon était assez simple : les parents lui avaient tout donné, l’ennui avec. Lui avait même offert la lune. Que vouliez qu’il foute avec elle?

Alors, ils se sont plaints à la direction, puis au président de la commission scolaire qui n’ont rien fait de mieux que d’éteindre le feu en demandant aux géniteurs de le garder trois petits jours à la maison. Les imbéciles obtiennent souvent gain de cause parce qu’ils sont plus nombreux. De toute façon, la faute incombe toujours au berger pas au troupeau.

Plus tard, on a offert à Danny des services particuliers dans une classe spéciale mais les parents avaient refusé. Le jeune garçon est demeuré dans son isoloir pour le reste de l’année soit 4 semaines. L’école au Québec ce sont des enseignants qui craignent le directeur qui lui, a peur des parents. Ces derniers ont peur de leurs enfants, et les enfants n’ont plus peur de personne.

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