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C’est arrivé près de chez vous

Par Josée Pilotte

Que se passe-t-il dans la tête d’une petite fille de douze ans pour que la mort, sa mort, revienne comme une chanson dans sa tête, qui tourne et retourne sans fin, sans arrêt? Nous avons tous été sous le choc d’apprendre cette triste nouvelle d’une jeune fille de douze ans qui a choisi de mettre fin à ses jours la semaine dernière. Elle arpentait les corridors d’A.-N.-Morin, elle sillonnait les rues sauveroises, elle prenait des cours de danse, elle était l’amie de, la sœur de, la confidente de…

J’attends depuis une semaine la tristesse, je vois la crainte sur les visages des parents. Sur le mien. On en parle, on n’en parle pas, on cherche les signes chez nos enfants, on analyse les moindres mots. J’ai beaucoup pensé cette semaine à ses parents, à son frère. Comme toujours dans ces cas-là se mêle à la peine un sentiment de rage et d’impuissance. Pourquoi elle? Pourquoi comme ça, pourquoi ce jour-là, pourquoi, pourquoi, pourquoi?

Malheureusement, nous sommes tous impuissants face à la mort, et doublement devant une mort inexpliquée, inexplicable, celle d’un enfant. Nous sommes sans réponse face à une mort qui n’aurait pas dû être à un âge où tout est à naître.

Comment parler d’un événement sans en parler? Doit-on absolument trouver la faille, chercher la fêlure? Doit-on mettre des mots sur des maux? Poser nos vérités ou donner un titre à une histoire dramatique dont on ne sera jamais fin? Ça nous rassurait donc de savoir. Mais.Trop souvent nous nous égarons, nous perdons de vue l’essentiel quand nous cherchons trop à comprendre quelque chose qui nous dépasse.

Essayer de donner un sens à un évènement qui, par définition, n’a aucun sens, c’est nier que nous sommes tous en «absolu» des êtres «uniques», ayant donc le droit de choisir.

Doit-on absolument trouver la faille, chercher la fêlure? Non. Face au silence assourdissant qui suit le silence d’une telle tragédie humaine. Face à ce silence qui suit, parfois le silence est, au départ, préférable…

Murmurons peut-être à l’oreille de nos enfants que la vie est faite de petits bonheurs, de grands accidents; de petits accidents, de grands bonheurs. Peut-être n’est-il pas nécessaire de leur mettre en tête d’autres idées que celles-ci, à un âge où l’imaginaire, comme l’imagination, joue de sales tours qui parfois peuvent mal finir.

C’était samedi soir dernier, trois jours après… un couple de mes amis soupait avec un autre couple, les enfants autour de la table. Les enfants parlaient. Le sujet est arrivé rapidement. Les détails aussi. Stupéfaction de la part de mes amis qui avaient choisi de choisir les mots, et d’en éviter certains. Tout s’est dit, même ce qui n’aurait pas dû l’être.
«Maman dis-moi: comment on fait pour se pendre?»

C’était le retour à la maison, en fin de soirée. Neuf ans. L’imagination, je vous disais…

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