La place des grandes Femmes
Par Josée Pilotte
Comme dans la chanson, «on s’était dit rendez-vous dans 10 ans»…
Quelque part en Europe.
Ç’aurait été en Italie ou bien à Paris… Enfin l’un de ces lieux évocateurs. Ç’aurait été loin pour mieux nous retrouver, faire le point, voir si nous sommes devenues de grandes Femmes.
Le jour est venu et moi aussi. Et elle aussi, ma meilleure amie d’enfance, Natacha.
Finalement, c’était Paris.
Finalement, c’était il y a deux semaines.
Imaginez un peu: huit heures aux Galeries Lafayette, dont deux dans le département de la lingerie. Le rêve!!!
Les fous rires interminables qui se transforment en larmes; nous n’étions plus seulement dans la chanson de Bruel, nous étions aussi dans le téléroman La Galère.
Des moments privilégiés, remplis de petits bonheurs tout simples. De vraies gamines (lâchées lousse!), comme nous l’étions alors que nous nous sommes connues, il y a quoi?, maintenant 25 ans?
Des moments pour mieux se comprendre. Comme si on en avait vraiment besoin… Finalement, on en avait peut-être un peu besoin, hein Nat?
Un voyage symbolique autour d’un nouveau chapitre de notre vie, question de tourner la page sur un autre, plus ancien: celui de notre adolescence.
Pour l’une de nous, la nouvelle décennie s’amorce comme une évolution dans le «lâcher prise», elle devrait s’écouler comme un long fleuve tranquille, libérateur, loin des remises en question de la trentaine.
Pour l’autre, c’est plutôt une évolution dans l’action qui se poursuit, une action cherchant à repousser les limites du temps, à lutter contre les rides. Celles du corps, mais surtout celles de l’âme.
Mais.
J’y pense drette là… On peut-tu être, le Dalaï Lama dans le corps de Miss Monde?
Sûrement pas, mais avec tout ça, on s’assure des soirées de discussions animées, un verre de rouge à la main, pour nos vieux jours! J’nous imagine bien dans nos chaises berçantes, pommes ridées, à argumenter comme deux «vieilles maudites» s’envoyant «leurs vérités» à la figure.
Maudit qu’on va être belles!…
… Sans doute un peu moins belles que lorsqu’on se baladaient, seins nus sur une plage de Santorin en Grèce.
Belles? J’aime bien penser que nous l’étions, avec nos 20 ans, notre arrogance, notre jeunesse. Au vent dans nos cheveux se mêlaient les vents de nos 20 ans, qui nous faisaient avancer, fières, nous soufflant un avenir que nous entrevoyions sans nuages et… sans haut de bikini!
Tu t’en souviens, Nat?
Oui, j’nous imagine bien dans nos chaises berçantes, pommes ridées, à nous bidonner, nous remémorer, comme deux vieilles chipies ricaneuses, «belles», des souvenirs de cette jeunesse oubliée.
On s’était dit «rendez-vous dans 10 ans…»
Quelque part en Europe.
Ç’aurait été en Italie ou à Paris… L’un de ces lieux évocateurs.
Loin, pour mieux nous retrouver, faire le point, voir si nous sommes devenues, comme dans la chanson, de grandes Femmes…
Et toi, Sophie, où en es-tu? Où en sommes-nous? T’ai-je perdue en route? Tu sais, mon passage à Paris…
Et vous… et vous… et vous?
1000 femmes/ Montréal. C’est un «projet-hommage», une sorte d’instantanée de la société féminime, qui s’inscrira dans le patrimoine social et artistique du Québec. Selon Pierre Maraval, artiste français et concepteur du projet: «Cet ambitieux projet consiste à réaliser en cinq semaines les portraits de mille femmes qui ont contribué ou contribuent à bâtir le Québec d’aujourd’hui et de demain…»
Cou’donc j’dois être rendue une grande Femme, moi là… j’ai été invitée!
•••
Du 4 avril au 10 mai Pierre Maraval a réalisé, à la Galerie SAS de Montréal, la performance exceptionnelle de photographier mille femmes.
L’exposition s’est construite au fur et à mesure dans l’espace physique de la galerie.
Du 16 mai au 16 juin se tiendra l’exposition proprement dite, alors que l’intégralité des murs de la Galerie SAS (du sol au plafond) sera recouverte des portraits de ces mille femmes. – 372, Sainte-Catherine Ouest, suite 416, Montréal (www.galeriesas.com).
Du 25 juin au 14 octobre, l’exposition déménagera au Vieux-Port de Montréal…