Le American Dream

Par Josée Pilotte

Samedi, je suis allée rouler. Vélo de montagne à Burke, au Vermont. On a roulé en masse, presque pour nous écoeurer, mais on aime ça s’écoeurer, ça nous donne l’impression d’être en vie!

Nous sommes revenus enchantés comme chaque fois et, comme chaque fois, on se dit: «Non mais ils l’ont-tu assez l’affaire les Américains!»; ou bien : «Ça serait-tu assez génial d’avoir ça chez nous!»

Et, comme chaque fois en revenant, assis dans l’char pendant trois longues heures de route, on en parle et reparle, comme des ti-vieux radoteurs…

Ce qu’il faut savoir de Burke pour ceux qui ne connaissent pas, c’est que c’est un véritable petit paradis de vélo de montagne, de randonnée pédestre, de ski de fond et de raquette l’hiver. Cent-soixante kilomètres de pistes pour être plus précis. Cent-soixante kilomètres de pistes répertoriées… et 42 proprétaires de terrains privés qui ont cédé des droits de passages afin de réaliser ce rêve commun qui se nomme, bien justement : Kingdom Trails. «Kingdom» comme dans «ROYAUME». C’est-ti pas beau ça?!

Le plus beau justement, c’est que selon moi, j’estime que 50% de leurs visiteurs sont des Québécois. Ça parle français. Partout. Et je ne dis pas que «eux», les Américains, parlent notre langue… non m’dame, loin de là!, même que certains d’entre eux pensent que «Québec» est un petit pays situé juste au-dessus d’eux, à côté du Canada. Anyway, tout ça pour dire, qu’ils l’ont l’affaire pour attirer la gente Québécoise chez eux. Pis nous autres, comme chaque fois en revenant, assis dans l’char pendant les trois longues heures de route qui séparent leur petit coin paradis du nôtre, on refait le monde, NOTRE monde, en s’inspirant parfois du leur, je l’avoue.
… Car notre petit Burke, on le voit à Morin-Heights, on le voit à Sainte-Adèle, on le voit à Piedmont. Parfois, on le voit à un seul endroit, parfois dans un projet plus global dans toute notre MRC. On se demande comment faire, par quel bout commencer. Mais. Pour le voèèèrrr, on le voit!

Pourtant, bordel!, c’est pas comme si on avait besoin de défricher, y’a déjà plein de chose en place, y’a des gars comme Richard Spénard qui on fait de leur arrière cours un terrain de jeu magnifique pour pratiquer le vélo de montagne, y’a des gars comme Michel Careau qui ont fait des pistes extraordinaires derrière la polyvalente AN-Morin (d’ailleurs ont-ils des classes de vélo?!); y’a des gars comme Jean-Sébastien Thibault, de chez Expresso Sports, qui se bat activement pour la sauvegarde des sentiers et aide à les faire connaître. D’ailleurs, soit dit en passant, son travail auprès des sportifs rayonne justement… jusqu’à Burke! Oui m’sieur! Imaginez-vous donc que la photo qui orne la couverture de la carte géographique des pistes de l’endroit est celle d’une cycliste arborant les couleurs d’Expresso Sports. NOTRE Expresso Sports!!!

Je vais vous dire franchement, je ne comprends pas qu’on perde toute cette clientèle au profit des Etats-Unis, nous on a les montagnes, l’espace… et des utilisateurs par milliers qui ne demandent pas mieux de déposer leurs roues, leurs bottines, leurs skis ici, chez nous.

Dans les bois de Burke, sur ces pistes bien tracées, finement répertoriées, classées par niveaux de difficulté, accessibles à tous… Dans le bois de Burke, il n’est pas rare d’entendre retentir un puissant… «TABARNAK!». Plein de Québécois, j’vous dis!

Dire qu’il suffirait que la volonté politiquerejoigne la volonté citoyenne pour qu’on entende résonner, ici, dans nos bois laurentiens: «Shit! Fuck! Son-of-a-bitch!» Plein d’Américains, j’les vois!

Pis on pourra toujours leur dire: «Vermont?! C’est bien le p’tit pays, juste en-dessous de nous, à côté des Etats-Unis?»

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