Richard s’en va-t’en guerre…
Par Josée Pilotte
Y a-t-il quelqu’un qui va dire à Richard Martineau de «se la fermer»? Non mais l’avez vous vu se ridiculiser devant 376 millions de personnes dimanche soir dernier à Tout le monde en parle? Il y a une seule chose vraie à propos de son propos délirant et agressant: tout le monde en parle.
Au-delà du ton méprisant de Martineau et sans prendre position dans le conflit du Journal de Montréal, je me serais attendue à un peu plus de solidarité de sa part pour ses confrères journalistes. Au pire à un peu moins de condescendance. Je sais bien que tu dois gagner ta vie, que le syndicat ne te défendra pas si tu as des problèmes avec PKP… Je sais bien que tu n’as pas de fonds de
pension, que tu n’as pas de vancances «payées temps et demi». Mais tu fais quand même partie d’un tout: la profession journalistique. D’un tout que tu as choisi. Je sais que tu as une opinion sur tout, mais dimanche soir cette opinion s’effaçait devant tes contradictions. J’ai eu honte de t’avoir aimé. De toute façon, je vais vous dire que j’ai bien de la difficulté à concevoir ce confit et ses enjeux. Ce qu’il y a de paradoxal c’est qu’en fait on semble se battre pour la même chose, avec les syndiqués du Journal de Montréal: le formatage de l’information qu’entraîne la convergence. On «semble», dis-je bien. Alors qu’ils ne font qu’INVOQUER ce principe pour justifier des demandes et la sauvegarde de leurs avantages (si un journaliste de LCN produit du contenu pour le Journal, oui c’est de la convergence… mais c’est surtout un membre et sa cotisation qui s’envolent pour le syndicat); nous, ici chez Accès, on les vit ces principes, et depuis toujours dans un monde «stampé» Quebecor. C’est d’autant plus difficile aujourd’hui, alors que tout converge vers la pensée unique. Et quand tu refuses d’embarquer dans le moule, les problèmes de l’égo de Martineau et des poches à remplir du syndicat, vous savez… Reste quand même que le délire Martineau reflète bien l’individualisme-me-my-self-and-I, une désolidarisation qui rejoint la déresponsabilisation collective.
Finalement c’est comme cette histoire où des militaires réclament des millions de dollars, affirmant avoir été rendus malades lors de missions à l’étranger: «Ils ont déposé des poursuites individuelles disant avoir souffert de stress post-traumatique et de problèmes psychologiques».
«Stress post-traumatique»? «Problèmes psychologiques»? Attendez, là. On parle de militaires, de personnes qui ont choisi d’embrasser cette carrière, qui ont choisi «si la vie vous intéresse»; ce choix, nécessairement, implique un travail sur le terrain. Ils vont à la guerre merde!, ils ne sont quand même pas fonctionnaires au Ministère du revenu (quoi que ça c’est un autre genre de guerre…)! Anyway, ces poursuivants étaient-ils trop «cabochons» pour simplement concevoir qu’ils auraient à vivre de troublants événements en choisissant de s’engager? Hey les filles, hey les gars!, les publicités des Forces armées, quand elles cherchent à recruter, c’est justement de la pub. Vous ne vous renseignez pas avant d’accepter un job, vous?!
Cette poursuite idiote des militaires canadiens participe à tout ce mouvement de déresponsabilisation de l’individu. Elle n’est, en fait, en rien différente de ces éléphantesques États-uniens, ridiculisés par tous, et qui poursuivent actuellement la chaîne McDonald’s pour leur surplus de poids. Ni non plus de ses cancéreux du poumon qui poursuivent les compagnies de tabac. Demain vous verrez les accidentés de la route poursuivre les compagnies automobiles «parce que mon char pouvait monter jusqu’à 200 km/h»…
Ça fait du bien de ne pas nous sentir responsables, hein? Heureusement qu’il y les juges, ces nouveaux psy…
La déresponsabilisation et la désolidarité sont les béquilles du Lâche.
Au fond, Martineau, c’est-tu juste un obèse qui poursuit McDo?
MARC LÉPINE – Imaginez-vous qu’on m’accuse de ne pas être solidaire des femmes à cause de ma dernière chronique où je m’inquiètais de l’équilibre hommes/femmes dans les postes importants, alors que dans dix ans les femmes les occuperont presque tous. Donc serais-je lâche moi z’aussi, Josée Pilotte qui signe pourtant ses idées?
Parce que, by the-way, la courageuse «Anonyme» qui m’a écrit m’a aussi comparée à Marc Lépine.
Y-as-tu quelque chose à ajouter?