Vue d’en haut

Par Josée Pilotte

«Le silence inquiétant de ces espaces infinis m’effraie.»
– Pascal

Moi, je roule sur le chemin de l’Église de Morin-Heights à Saint-Sauveur depuis plusieurs années.

Lui, il flotte en apesanteur quelque part en Russie depuis quelques semaines.

Elle, elle doit vivre dans tous les pays du monde depuis qu’elle le connaît. Ça je le présume, évidemment.

Comme bien du monde, j’ai écouté l’entrevue de Claudia Barila, cette ex-mannequin et la conjointe de Guy Laliberté au 98,5 FM hier matin.

Comme bien du monde, je me suis dit: «Tabarouette qui en a qui ont des vies pas ordinaires!» Pendant un quart d’heure, madame Barila a «répondu», et non sans hésitation, aux questions de Paul Arcan sur les motifs profonds qui ont poussé son conjoint Guy Laliberté à «s’envoyer en l’air», le temps d’un tour dans l’espace, pour des dizaines de millions de dollars. À ce prix-là, j’espère qu’il aura pris son pied!

J’écoutais donc la dame… ne répondre RIEN.

Rien du moins qui ne soit à la hauteur du rêve de l’homme qui partage sa vie:
– Qu’est-ce qui l’excite tant, votre conjoint, dans cette aventure?
– Et bien, les raisons exactes je les connais pas, j’ai jamais vraiment élaboré là-dessus.

Non mais, ça a-tu d’l’allure?? Ton Amour va vivre quelque chose d’unique, que personne ne vit; il va vivre une expérience qui s’apparente, selon les dires de touristes de l’espace une fois revenus sur terre, à «une révélation» qui touche presqu’au mysticisme. Et toi t’en parles avec détachement, comme d’un tour de manège à La Ronde. Mais remarque qu’au fond c’est peut-être juste ça, pour toi, une virée dans l’espace: un tour de manège!

Ce qui était le plus frappant dans l’histoire, c’était le vide des propos et la banalisation de l’extraordinaire: «Je lui ai dit à Guy: “il va falloir que tu perdes ton petit bedon, tu peux pas aller dans l’espace amanché d’même!”»… La banalisation je vous disais…
Ça m’ébranle de penser que des êtres puissent vivre ensemble l’ordinaire de la vie, sans connaître les passions et les moteurs qui habitent et animent l’extraordinaire de l’Autre.

En tout cas moi, mon Chéri il va juste au dépanneur pis ça m’intéresse de savoir ce qui le motive… (c’t’une farce, quand même!). Non sérieusement, y’en a-tu du monde blasé?

En tous cas, moi je le trouve chanceux Laliberté de pouvoir regarder «le monde de haut». C’était son rêve de ti-cul, comme c’était celui de plusieurs d’entre nous; peu de gens toucheront aux étoiles. Lui on peut dire qu’il est vraiment «né sous une bonne étoile».

Dommage que son amoureuse ne s’en émerveille pas plus. Pendant ce temps, nous, continuons à nous émerveiller de la passion de l’Autre et de notre feu de foyer, un samedi.

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