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Le gardien de chalet

Par Journal Accès

Sous la patte d’Omalley Par CHRISTIAN GENEST

En parcourant Creekside, l’autre côté de Whistler, celui des gens locaux fortunés, ma fille n’en revenait pas de voir les piaules qui en jetaient. Imaginez, à en perdre le focus sur son Snapchat! J’ai googlé des sites de courtiers immobiliers du coin afin de mettre un prix sur ces constructions modernes et architecturales, bien fondues dans le décor montagneux.
On parle ici de millions. Je me suis demandé quel genre de personnes habitaient ce type de cabane?
Attablé au bar d’un petit resto dirigé par un chef talentueux, ce n’est pas d’entendre deux serveuses discuter en français qui a attiré mon attention, mais plutôt ma fille qui insistait sur le fait qu’une d’entre elles était la copie conforme de Noémie Lacerte.
J’ai pensé comme vous à l’instant. Qui est donc cette Noémie Machin?
Une jeune youtubeuse qui tourne son quotidien et ses préoccupations pour son public composé d’adolescents.
Ce fut l’entrée en matière pour cuisiner Andréa (la sosie de Noémie Machin) sur la prédominance des Québécois, dont l’accent chatouille les oreilles partout au village.
Whistler est devenu un repère pour jeunes en sabbatique, intermède entre le cégep et l’université, trippeux de ski ou de planche, amoureux de montagne et du style de vie s’y collant.
Elle me raconte le prix exorbitant des loyers comme étant sa principale préoccupation budgétaire, après la bière évidemment.
– « Donc, tu n’habites pas une de ces houses de Creekside, hein? »
– « Heuu, en fait, totalement, oui! »
– « J’comprends. Tu cumules les millions, tout comme ta copie youtubeuse, mais en dollars, plutôt qu’en visionnements? »
– « Pas vraiment! En fait, j’suis tombée en amour avec un Australien qui doit garder et entretenir la maison d’un riche propriétaire. En fait, on s’est rencontrés à cette maison-là. C’est une copine qui m’a invitée à y dormir pendant un moment. C’était abordable et vraiment l’fun parce qu’il y avait toujours quelqu’un avec qui discuter ou prendre un verre à toute heure du jour ou de la nuit. »
– « Vous êtes combien à y vivre? »
– « Exactement vingt! »
Je venais de rencontrer la version canadienne de l’œuvre de Klapish, l’un de mes films fétiches, l’Auberge espagnole.
Ce fut plus fort que moi, prétextant mon intérêt pour l’architecture et les belles maisons – foutaise! – j’ai demandé à Andréa de me faire faire une visite, en échange d’une bouteille de vin à partager.
– « Impossible! Je suis tenue à la règle numéro 6. Certaines personnes ont perdu leur accès après avoir enfreint un règlement. Je ne voudrais pas mettre mon chum dans l’embarras. »
Elle a cependant accepté de me montrer quelques photos, et je n’ai réussi qu’à lui en soutirer une.
Je vous explique.
Cette micro-société – le terme juste? – est dirigée de main de maître par Mark, un kangourou trentenaire au look Burton.
Le gourou-et-maître-des-lieux rédige et applique les règlements et perçoit les loyers. Son salaire en fait, vous pigez?
Pour ceux qui s’imaginent une commune bordélique, où règne une odeur de party en permanence, vous êtes, tout comme moi, dans le champ.
On est plutôt dans un remake de Chambres en ville, mais secret. La totale organisation de l’espace-cuisine, du garage, de l’aire de lavage… Impressionnant ce gourou barbu à pantalons taille extrabasse dans le rôle de Louise Deschâtelets.
Pour les ex-fans de la célèbre quotidienne, l’histoire ne dira pas s’il y a un joueur de piano hyperactif ou une sportive dépressive. Je préférais laisser libre cours à mon imagination sur la composition des rôles version 2016, question de les coller aux milléniaux et d’essayer de découvrir cette génération en y mettant des lunettes colorées à leur réalité.
Je voyais bien ma fille y vivre le temps d’une saison et y intégrer tout un art de vivre à la sauce Mark!
 

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