UN CIRQUE EN VILLE
Par Journal AccèsSous la patte d’Omalley par Christian Genest
Notez d’emblée que j’ai écrit « un » et non « le »… Je suis maniaque de cirque, parce que ça porte à rêver, à renouer avec le p’tit gars en moi et je suis convaincu que ça fait partie d’une bonne hygiène de créativité. Je ne crois pas au syndrome de la page blanche, mais plutôt au cerveau comme un muscle que l’on doit entraîner, entourer, divertir et reposer.
Je reviens au cirque, l’Empire de Spiegelworld, celui-ci a été vendu comme étant un cirque variété avec une touche de sexy et de burlesque. De là mon questionnement sur le positionnement de la frontière entre le burlesque et le grotesque?
De l’extérieur, ça ne sent pas la fête, je ne peux m’empêcher de comparer à la référence en la matière, car même le jeune signaleur de stationnement en a fait le lapsus en nous indiquant le chemin : « Vous cherchez le Cirque du Soleil? Par là! ».
Accueillis dans une vieille tente bois et miroirs de 700 places, l’atmosphère est glaciale, à la fois au sens propre et figuré. La salle est plutôt vide, la clim est à fond la caisse. Ce qui frappe par contre, c’est l’archi-proximité de la petite scène. C’est là que les acrobates de la troupe de Times Square nous en mettent plein la vue.
J’ai eu le poil de bras hérissé lorsque le patineur à roulettes a pris sa partenaire comme une toupie, alors que Miss Purple en talons (dignes de Chez Parée), réinterprétait à sa sauce de récents succès du billboard. J’ai aussi aimé le couple de danseurs, Lime Green Lady et Carrott Man, qui a démontré force, contrôle et agilité jusqu’à ce qu’il fake un baiser, tentant ainsi de jouer la fausse carte de la sensualité.
Le dude asiatique manie la roue Cyr de façon chirurgicale, mais son air ingénu de petit-adolescent-torse-nu-sexy ne colle pas non plus. En fait, cet air détonne avec sa performance qui, elle, est sérieuse.
Un couple libertin, Oscar et Fanny, fait office de maître de cérémonie. On se croirait à un spectacle de Mado Lamothe chaque fois qu’ils prennent d’assaut la scène : rafales de jokes faciles à la pipi-zizi-caca, tentative maladroite d’émoustiller un spectateur, strip-tease manqué où Fanny arbore des couronnes de poils autour des mamelons. Mais le comble du dégoût prend place alors que le couple se catapulte des morceaux de banane de bouche à bouche, remâche et recrache, jusqu’à ce que Monsieur vomisse sa purée directement dans la bouche de Madame.
J’me suis alors demandé si c’était ça le boutte burlesque?
Ou alors c’était clairement pour choquer? Provoquer? J’ai donc googlé le terme assis dans ma voiture avant même de redémarrer : « Le burlesque est caractérisé par l’emploi de termes comiques, familiers voire vulgaires pour évoquer des choses nobles et sérieuses ».
Ça y est donc pour le côté vulgaire.
Et la carte du sexy?… Ben c’est r-a-t-é!
À mon avis, ce n’est pas parce qu’une acrobate à perruque revêt des bas résille ou qu’une contorsionniste au corps prépubère s’exécute à demi nue que c’est gagné.
Monsieur le producteur : sexy est une attitude, une étincelle dans les yeux, une confiance dans la démarche, une intrigue dans le regard, une unicité dans la personnalité. Voilà ce que je pense de la sensualité.
Surtout au royaume du cirque où les artistes ont des corps à faire rêver, souvent beaucoup plus sexy en Lycra qu’en jarretelles, et les clowns des costumes fabuleux servant à entretenir la rêverie… ce qui, chez Empire, n’est pas du tout le cas.
À lire les critiques, certains ont écrit à partir du communiqué de presse, d’autres se sont payé une sortie sur le bras, et force est de croire qu’il y en a aussi qui aiment ce genre de cirque dopé aux stéroïdes.
Moi, je me sens plutôt comme si j’avais trop bu un soir et pis que je me réveillais à côté d’une inconnue pas trop mon genre, vous voyez?
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Le mot de la fin. Parlant de burlesque, l’organisation PETA vient de nommer Miley Cyrus végétarienne la plus sexy de la planète… Vraiment?
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