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Pierre Lapointe : Celui qui fait vibrer l’art!

Par Martine Laval

Pierre Lapointe sera au Patriote de Sainte-Agathe, le 7 mai, dans une salle comble. Il y dévoilera seul au piano les chansons de son dernier album Paris Tristesse, mais il fera rire son public entre deux histoires, sa recette pour faire ouvrir grand les cœurs et faire résonner en chacun les histoires qu’il raconte. Entretien avec celui qui fait vibrer l’art.

Si ce n’était pas ce que vous faites, ce serait quoi Pierre Lapointe?

J’ai étudié en théâtre et en arts plastiques et je ne savais pas si je voulais faire de la direction artistique ou de la mise en scène, mais il a toujours été clair dans ma tête que je me voyais comme une sorte de directeur artistique. Le théâtre m’a amené à la chanson parce que j’ai écrit ma première chanson quand j’étudiais en théâtre. À mesure que j’avançais, j’ai réalisé que la chanson pouvait me permettre de faire de la direction artistique comme je voulais le faire. Je n’aurais par contre jamais pensé que ça passerait par la chanson. J’aurais pu faire de la pub aussi, de la direction artistique pour le théâtre ou des maisons de disques…

Vous dites ne pas être dans la vie qui vous êtes sur scène. Qui êtes-vous dans la vraie vie?

Je me vois comme un artisan, dans un geste d’humilité, qui tente de comprendre les gens qui m’entourent. Il y a beaucoup de créateurs autour de moi à qui je pose des questions à savoir comment exprimer nos idées autrement, comment s’assurer que le message passe bien. Je me sens comme un passeur de messages qui raffine de plus en plus son mode d’expression pour arriver à des images les plus claires possibles.

Que voudriez-vous faire de plus éclaté?

Ce que je fais d’éclaté passe toujours par une rencontre avec d’autres artistes. C’est chaque fois une association de plusieurs projets qui arrivent de milieux et de modèles différents dans le but de faire transpirer l’art. J’ai toujours l’impression de faire des choses éclatées qui, une fois terminées, me stimulent à pousser encore plus loin. La forêt des mal-aimés, c’était éclaté. Ça a permis à Punkt de l’être plus. C’est la démarche avec d’autres artistes qui permet d’accomplir quelque chose de possiblement nouveau, mais la nouveauté c’est véritablement l’ensemble de la rencontre.

Et ça part toujours de l’art ou d’un artiste!

Oui! Un genre de canal entre leur travail et le mien, entre ceux qui m’écoutent et ceux qui les écoutent. L’art touche le social, la communauté, les communications qui sont la base de la vie de l’humain. L’art, c’est la symbiose de beaucoup de choses. C’est un esprit communautaire et une implication sociale extrêmement développés.

En parlant d’implication sociale, vous mentionnez que vos paroles c’est comme prendre position. Par rapport à quoi?

Des choix. Sans que ça passe nécessairement par la parole, c’est décider de travailler la chanson, de poser un geste artistique. Pour moi, c’est prendre position. Décider de toujours mettre la barre plus haute pour moi c’est une façon de voir le monde. Décider de faire de sa vie une recherche constate pour aller vers l’autre est un engagement social, c’est de dire que je vais passer ma vie à essayer de créer des liens avec les humains et essayer de discuter avec eux.

Les Français ont comparé certains de vos textes à du Baudelaire, du Genest, du Proust. Vous les avez lus ces auteurs?

Je ne lis pas moi, j’écoute de la musique. J’ai connu la littérature par le théâtre. Je suis dyslexique et j’ai un niveau d’attention très court. Ça devient confus très rapidement donc non, je ne lis pas.

Qu’est-ce qui vous inspire à écrire?

La vie! J’essaie toujours d’atteindre quelque chose d’universel, c’est-à-dire quelque chose qui va toucher les gens dans leur profonde fragilité. Ce que j’aime, c’est quand l’humain avoue qu’il a des faiblesses, qu’il les nomme et qu’il les voit. Pour moi, c’est un signe que l’humain évolue. Alors, j’essaie d’écrire des moments que j’appelle des aveux de défaite du style « je suis en peine d’amour, je me sens faible, j’ai envie de mourir » et en disant ça, automatiquement on est plus fort. C’est surtout ça qui m’inspire et je travaille beaucoup le thème. J’appelle ça une étrange beauté. C’est un thème qui m’intéresse beaucoup. Je vois la musique et les paroles comme une esthétique. C’est comme une histoire que je raconte, un tableau que je dépeins.

Y a-t-il une période de l’histoire où vous auriez aimé vivre?

Il y a 10 ou 15 ans, j’aurais répondu les années 50 ou 60, l’après-guerre jusqu’au début des années 70, mais aujourd’hui, je suis extrêmement content de vivre à l’époque où on vit. Je trouve qu’Internet amène des choses extraordinaires, des questions extraordinaires, des remises en question extraordinaires et je trouve fascinant le fait de communiquer aussi facilement avec les êtres humains où qu’on soit sur la planète. Pour moi, ce qui s’est passé avec Internet dans les 15 dernières années est aussi important que ce qui s’est passé avec l’arrivée de l’imprimerie. C’est une démocratisation totale qui ébranle les institutions, ce qui est toujours bon.

Vous venez au Patriote. On s’attend à quoi sur scène?

C’est le spectacle piano solo Paris tristesse. On ne s’y attend pas avec un tel titre, mais on rit énormément. J’aime beaucoup faire rire les gens entre les chansons parce qu’ils s’ouvrent le cœur vraiment grand, et quand j’arrive avec mes chansons tristes, ça fait encore plus effet. En principe, si je fais bien mon travail, les gens sont émus et bouleversés. Alors, par le rire, on détend l’atmosphère et les gens sont plus réceptifs.

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