Sentiers à Saint-Sauveur : La bureaucratie paralyse les projets
La Ville de Saint-Sauveur a récemment publié les cinq prochaines phases de planification et de développement des sentiers de Saint-Sauveur. Celui-ci a été mal accueilli par les citoyens sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, plusieurs déplorent souvent le manque d’actions concrètes de la part de la Ville dans le développement du plein air durant les séances du conseil municipal.
Dans le communiqué en question, on indique notamment que la Ville est continuellement en processus d’acquisition d’espaces naturels, par les contributions aux frais de parcs, de terrains de jeux et d’espaces naturels. La Ville possède actuellement 10 millions de pieds carrés d’espaces naturels « dédiés à la conservation et au développement de réseaux de sentiers ». Toutefois, ces espaces ne sont pas nécessairement reliés entre eux pour former un réseau de sentiers complet.
La Ville a engagé un chargé de projets pour les sentiers en juin 2022 afin d’être en mesure de s’occuper de ces dossiers. Cependant, selon le directeur général de la Ville, ce dernier a été surchargé de projets de promoteurs, qui nécessitent des analyses. Pour chaque projet, on analyse si la Ville prend les contributions aux frais de parcs obligatoires en argent ou en terrain.
« Il y a beaucoup d’aller-retours entre la Ville et le promoteur lorsqu’un projet est déposé. […] Notre chargé de projets va voir sur place pour voir la possibilité et la faisabilité des sentiers s’il y a lieu », explique M. Gadbois. « C’est un travail colossal. On est rendu à une trentaine de projets de sentiers actifs. Il faudra travailler sur quelques-uns si on veut les aménager et s’en occuper. »
Quelles priorités ?
Ainsi, on consultera les élus afin de prioriser les projets de sentiers, ajoute le directeur général. « Pour le cap Molson par exemple, ce sont plusieurs kilomètres, il faut construire des escaliers, faire la signalisation, etc. Est-ce qu’on veut aussi une plateforme d’observation ? Ça peut aller vite pour les coûts. »
La Ville est actuellement en train de faire le portrait de la situation actuelle. Elle identifie les enjeux liés à chaque réseau de sentiers. Ce portrait devrait être terminé d’ici la fin de 2023, lit-on dans le communiqué. Puis à l’hiver 2023-2024, les élus se rencontreront pour analyser et statuer sur « une vision à long terme ». La Ville diffusera celle-ci au printemps 2024. On y trouvera les projets prioritaires à réaliser et les investissements financiers.
Pour le moment, la seule action concrète de la Ville est d’avoir donné un mandat à une firme pour réaliser un plan concept d’aménagement des sentiers au cap Molson. Après ce plan, on évaluera les coûts puis on procédera aux travaux, explique M. Gadbois. « La Ville s’engage à informer la population des différents avancements, en lien avec le développement et la planification du réseau de sentiers à Saint-Sauveur », indique-t-on dans le communiqué.
Questionné par le Journal, le maire Jacques Gariépy n’a pas voulu commenter davantage. Le Service des communications de la Ville a prétexté que le communiqué de presse explique les prochaines phases pour le dossier.
L’échec de Plein air Saint-Sauveur ?
Au mois de mai 2022, le conseiller municipal Luc Martel avait annoncé vouloir remettre sur la table l’organisme Plein air Saint-Sauveur (PASS), dont plusieurs membres avaient quitté en 2021. Toutefois, plus d’un an plus tard, cette tentative n’a toujours pas abouti, comme personne ne s’est présenté comme président ou comme membre administrateur.
« On a une équipe d’une dizaine de bénévoles qui sont en attente. Ils m’ont d’ailleurs contacté pour savoir ce qui se passe. On avait une personne qui devait prendre la présidence, mais elle s’est désistée », explique M. Martel. « Ça nous prend quelqu’un qui va leader l’équipe. Mais même si on a cette personne, la Ville n’est pas assez avancée. »
Un protocole d’entente pourrait être signé avec PASS, en s’inspirant de ce que font les autres villes comme Sainte-Adèle. Toutefois, la Ville ne voudrait pas s’avancer dans ce processus puisque les dossiers de sentiers ne sont pas assez avancés. Selon le directeur général, il ne serait pas envisagé en ce moment de faire appel à des bénévoles pour le développement des sentiers, notamment pour des questions de sécurité et d’assurances.
Selon Luc Martel, les gens ont une réticence à rejoindre l’organisme avec ce qui s’est passé dans les dernières années. Plusieurs membres avaient démissionné, car ils disaient ne pas avoir le support la Ville. Le conseiller municipal croit aussi que le plan présenté par la Ville « est beaucoup trop long ». « J’aurais aimé que ce soit plus rapide. Malheureusement, c’est comme ça et ce n’est pas dans les priorités du conseil », affirme-t-il.
La force de la communauté à Sainte-Adèle
Actuellement à Saint-Sauveur, ce sont les employés municipaux qui sont en charge de l’entretien et de la réalisation des sentiers. En comparaison avec l’autre ville voisine, Plein air Sainte-Adèle peut compter sur plus de 1 000 bénévoles prêts à venir faire des corvées pour les sentiers.
Souvent comparée à Saint-Sauveur, la situation à Sainte-Adèle est bien différente. L’organisme Plein air Sainte-Adèle (PASA) existe depuis 1989. « La mission de PASA est de faire la promotion des sentiers et des activités de plein air, de mobiliser la communauté, ainsi que de développer et entretenir les sentiers », explique le président, Daniel Bergeron.
Selon lui, l’efficacité de l’organisme vient surtout de l’ampleur de leur communauté de bénévoles. Ceux-ci viennent de Sainte-Adèle, mais aussi des villes avoisinantes. PASA a aussi un bon appui de la part de la communauté d’affaires de Sainte-Adèle et d’ailleurs, ce qui aide pour les commandites. « Mais le plus important, c’est la Ville de Sainte-Adèle. C’est notre premier supporteur et collaborateur avec qui l’on travaille. Il y a une confiance entre les deux groupes », dit-il.
L’organisme aide donc la Ville lorsqu’il y a des nouveaux lotissements qui touchent des sentiers patrimoniaux par exemple, mais il est aussi en charge du développement, de la réalisation et de l’entretien des sentiers. Si les corvées sont majeures, on va donner des contrats à des entreprises et des professionnels par exemple. Mais pour l’entretien léger, ce sont des bénévoles. « Toutefois, on a beau avoir des bénévoles, il faut aussi des administrateurs », rappelle M. Bergeron.
« Il faut qu’il y ait une volonté municipale. Mais il faut aussi que les citoyens se mobilisent de concert et avec le conseil municipal – et non contre lui », souligne le président de PASA.
De l’autre côté, la Municipalité de Morin-Heights, contrairement à Sainte-Adèle, a choisi de gérer à l’interne son réseau de sentiers. « Pour les deux modèles, on a à apprendre les uns des autres », souligne M. Bergeron. On peut aussi compter sur des équipes compétitives comme Fondeurs Laurentides et le Club Vélo Pays-d’en-Haut qui se sont impliqués dans le développement des sentiers.
Une aide de la SOPAIR
La Société de plein air des Pays-d’en-Haut (SOPAIR) avait annoncé en juin dernier l’octroi de subventions pour des projets de plein air totalisant 364 000 $. Plusieurs villes, comme Sainte-Adèle, Morin-Heights, Saint-Adolphe-d’Howard, Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et Estérel, en ont bénéficié. La Ville de Saint-Sauveur ne faisait pas partie de la subvention, comme aucun projet n’a été déposé. Selon la directrice générale de la SOPAIR, Marie-France Lajeunesse, « la Ville n’était pas prête à déposer puisqu’il leur restait de la consultation à faire auprès des élus et de la population ».
La directrice générale souligne toutefois que la SOPAIR continue de travailler avec Saint-Sauveur pour de l’accompagnement dans l’analyse des frais de parcs, des informations géomatiques et pour les demandes d’aide financière. L’organisme avait aussi accompagné la Ville dans la réalisation des sentiers du réseau de la Marquise.
Par ailleurs, les gestionnaires ont jusqu’au 29 octobre pour déposer un projet pour le prochain volet du programme Signature Innovation, rappelle Mme Lajeunesse. « On s’attend à des dépôts de projets. »
3 commentaires
Quelle est cette expression qui est vaguement utilisée : « sentiers patrimoniaux » dans ce journal. Cela n’a absolument aucune signification juridique. Un bâtiment peut exister en tant que « bâtiment patrimonial », mais pas un sentier ou un terrain. Il ne faut pas confondre « sentier patrimoine » avec « terrains privés où existait une tolérance pour les intrusions ». « Sentiers patrimoniaux » ne veut rien dire et ne devrait jamais être utilisé dans ce contexte.
Vous avez raison monsieur Strappe (!) pour ce qui est du terme juste à utiliser selon plusieurs sommités spécialisées dans le domaine ainsi que du domaine légal – Le terme à utiliser et largement accepté par tous est sentier historique.
Vous avez raison pour le terme approprié et juste à utiliser plutôt que sentier patrimonial, malgré l’usage populaire de ce terme – Les sommités dans le domaine, les instances gouvernementales et du secteur légal utilisent couramment le terme ‘sentier historique’ depuis maintenant plusieurs années.