Piedmont : Une famille enracinée inquiète pour son avenir

Par Alexane Taillon-Thiffeault (Initiative de journalisme local)

Présente à Piedmont depuis près d’un siècle, la famille Boisclair incarne à la fois l’histoire et la vitalité de la municipalité. Pour Julie Lemieux et son beau-père Philippe Boisclair, l’attachement au territoire est profond, mais les récents changements réglementaires soulèvent de vives inquiétudes pour l’avenir de leur famille et du développement local.

« La famille Boisclair s’est installée à Piedmont un peu avant la guerre, vers 1930 », raconte Philippe Boisclair. « Mon père est arrivé après la guerre, vers 1950, et il a acheté un petit garage pour fabriquer des produits de béton. Aujourd’hui, Boisclair, c’est une centaine d’employés. »

Julie Lemieux, conjointe d’Éric Boisclair depuis une vingtaine d’années, souligne à quel point la famille est tissée serrée. « La famille Boisclair est bien établie. On a plusieurs petits-enfants qui sont là aussi, donc je crois que les Boisclair vont être présents encore longtemps à Piedmont. »

Si la région a longtemps été marquée par le travail et l’entrepreneuriat, Julie remarque aussi une évolution démographique : « C’est une population vieillissante à Piedmont, mais on voit de plus en plus de jeunes familles venir s’installer. Si on veut que Piedmont perdure, il faut que ces jeunes familles puissent s’y établir. »

Un projet familial sur pause

Depuis quelques mois, les modifications potentielles au règlement de zonage dans le nouveau plan d’urbanisme font réagir de nombreux citoyens. Pour la famille Boisclair, ces changements ont des répercussions bien concrètes.

« Philippe va avoir 80 ans. Il habite une grande maison qui ne sera peut-être plus adaptée pour lui », explique Julie Lemieux. « Quand il a fait l’achat de ses terres, c’était pour que sa famille puisse s’y installer. Trois de ses enfants y ont déjà construit leur maison, ainsi qu’un petit-fils. Mais aujourd’hui, son projet de se construire une maison plus adaptée est sur la glace à cause de tout ce qui se passe à la municipalité. »

Selon Philippe Boisclair, la nouvelle réglementation rend les choses presque impossibles : « Pour construire une maison, il faut avoir un terrain de 40 000 mètres carrés, soit environ 430 000 pieds. C’est immense. C’est quasiment impensable. »

Julie ajoute : « Philippe n’a pas énormément de temps devant lui pour réaliser ce projet. Si tout est bloqué, il risque de ne jamais pouvoir le faire. C’est un peu inquiétant, parce que c’était une sécurité pour notre famille, pour que nos enfants puissent s’installer près de nous. »

Développement et environnement : un équilibre à trouver

La famille dit comprendre l’importance de la protection du territoire, tout en appelant à une approche plus équilibrée.

« On est d’accord qu’il faut protéger nos espaces verts. On ne veut pas que Piedmont devienne comme Laval ou Montréal. Mais c’est important aussi de permettre un certain développement », souligne Julie Lemieux.

Philippe Boisclair abonde dans le même sens : « Ce ne sont pas toutes des zones humides. Il y a des beaux terrains, et on a même mis un espace de conservation de la nature d’environ un million de pieds carrés. Il y a de la place pour construire quelques maisons sans tout détruire. »

Pour eux, le manque d’ouverture et de communication de la part de la municipalité est au cœur du problème. « Tout s’est fait sans consultation. On a été mis au pied du mur », déplore Julie. « Habituellement, on consulte, on discute, mais là, rien de ça n’a été fait. »

Une confiance ébranlée

Pour les Boisclair, cette situation affecte inévitablement le lien de confiance entre les citoyens et leurs élus. « On ne sent pas beaucoup d’ouverture de la part des gens en place. C’est sûr que la confiance est affectée », affirme Julie Lemieux.

« Depuis quatre ans, c’est un maire qui gère tout. Tout est caché, et on passe les règlements à la dernière minute », ajoute Philippe.

La famille se dit également perplexe devant la tenue d’une consultation citoyenne le même jour que les élections municipales. « Même si on nous dit que les deux activités sont distinctes, ça peut créer de la confusion. On pense qu’il aurait été plus sage d’attendre le nouveau conseil », estime Julie. « Je ne vois pas la pertinence qu’un maire sortant impose une consultation alors qu’il ne sera plus là dans quelques semaines. »

Espoir et attachement à la communauté

Malgré tout, les Boisclair conservent un certain optimisme. « Ce qui nous pousse à rester à Piedmont, ce sont nos racines. Mon conjoint est né ici, mes enfants viennent d’ici. C’est une belle région des Laurentides, et j’espère que la municipalité va continuer à évoluer », dit Julie Lemieux.

Philippe Boisclair conclut avec espoir : « On a beaucoup d’optimisme envers le futur conseil. On espère qu’ils vont ouvrir la porte à la discussion. »

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