La retraite de l’omnipraticienne Louise Dufresne laisse un grand vide parmi la population sauveuroise, où elle pratiquait avec cœur depuis une quinzaine d’années.

Celle qui tenait son cabinet au centre de Saint-Sauveur, tout juste voisin du Centre communautaire Pauline Vanier, aura marqué ses patients depuis 2007, date à laquelle elle est revenue pratiquer la médecine dans son village d’enfance.

« J’ai vécu ici une cinquantaine d’années, mes parents pendant plus de 55 ans, et j’y suis toujours établie. J’ai fait partie du groupe de médecine familiale (GMF) à la clinique médicale Saint-Sauveur, avant d’acheter ma propre bâtisse et de démarrer ma clinique », a détaillé celle qui a amorcé sa carrière en santé en 1999.

Personne indifférent

Dre Dufresne a toujours su utiliser un sens de l’humour particulier avec ses patients. Autant elle pouvait détendre les anxieux, autant elle pouvait pincer d’autres dans leur orgueil, ceux qui avaient osé ne pas suivre ses consignes, avec des blagues bien placées. Dre Dufresne aura été une médecin hybride, avec les connaissances modernes de la médecine, mais avec une approche traditionnelle de longue écoute de ses clients.

« Disons que le temps limite imposé aux consultations par le Dr Barrette m’a demandé une adaptation. Ensuite, le système a été complexifié. Il y a eu beaucoup de paperasse ajoutée et tu en viens à te demander si le patient est encore au cœur des préoccupations », a-t-elle soulevé.

Depuis la fermeture de son cabinet, à la fin de 2021, Dre Dufresne avoue moins suivre à la trace les développements en santé, dont les audiences en commission parle-mentaire devant mener au nouveau projet de loi 11. Il est notamment question d’accroître l’offre de services de première ligne, par les médecins de famille.

« Certains aspects du projet de loi 11 me préoccupent. Le gouvernement verra ton horaire quotidien, pour vérifier les activités des médecins. Je trouve que c’est de l’ingérence. Ce sera d’avoir constamment une épée de Damoclès au-dessus de la tête », a-t-elle prévenu.

Relève

Dre Dufresne n’est pas la seule sommité locale à tirer sa révérence. Une autre figure de proue du village, Dr Sylvain Ménard, a aussi pris sa retraite. Même chose pour Dr Daniel Lessard, il y a 2 ans.

« Ils ont mérité une douce retraite. La relève en région ? Je crois que la majorité des jeunes médecins semblent heureux dans les GMF. Ils font leur cheminement, dans l’encadrement et les contraintes. Je crois qu’un allègement de tâches les aideraient encore plus. »

Malgré les efforts gouvernementaux, une dépêche du quotidien Le Devoir souligne que « les démissions s’additionnent, dans le réseau de la santé, malgré l’octroi de primes. Depuis décembre, 478 soignants ont quitté le navire. »

« Je ne saurais expliquer le phénomène. Mais cessons de cloisonner les médecins. Plusieurs actes médicaux peuvent être pratiqués par des professionnels, sans faire l’objet d’une chasse gardée. Les physios, les ergos, les super-infirmières et autres sont qualifiés pour plusieurs actes à poser, qui désengorgeraient l’horaire des médecins », a-t-elle fait valoir.