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Scotch alors!

Par yves-guezou

C’était ma fête la semaine dernière et je me suis fait offrir une bouteille de mon poison préféré, un Lagavulin 16 ans d’âge à la saveur puissante de tourbe et d’iode. Comme je ne suis pas homme à boire seul, j’ai envie de partager avec vous ma disposition envers le scotch whisky.

Les Irlandais le nommaient uisce beatha, les Écossais uisge baugh deux termes gaéliques signifiant eau-de-vie; à l’époque où les deux pays se faisaient une guerre de fierté afin de savoir qui le premier en avait développé la recette. Dans le monde celte, le whisky représente l’eau et le feu, dualité dans la nature, suavité pour les amateurs de single malt qui apprécient leur boisson accompagnée d’un verre d’eau de source. La devise de la distillerie Lagavulin est: Retire le feu mais laisse la chaleur. Les guerriers des clans d’Écosse ou d’Irlande ajoutaient à leur courage et à leur fougue quelques lampées d’eau de vie avant d’entrer dans la bataille. Comme de nombreux alcools (de l’arabe al-cohol: chose subtile) ou boissons fermentées, le whisky revêt un caractère cultuel et culturel. Il participe aux diverses célébrations religieuses ou païen­nes de l’existence des Highlands ou du Connemara. Il est invité aux naissances, baptêmes, mariages et fêtes de famille. Il accompagne le défunt à sa dernière demeure terrestre et l’on relate même certaines libations lors d’un enterrement avec le résultat qu’on en oubliait d’inhumer ledit défunt. L’Écosse en a fait son emblème national lors de son annexion par l’Angleterre au 17e siècle. «Liberté et whisky vont de pair» était la devise du grand poète écossais Robert Burns. Le corps médical et le clergé sont souvent à l’origine des grandes découvertes dans le domaine de la distillation. La légende veut que Saint Patrick et Saint Colomban soient les précurseurs de la propagation du Whiskey (appellation irlandaise) en terre d’Irlande, occupés qu’ils étaient à convertir les barbares celtes et flanqués de leur alambic destiné à l’élaboration d’anesthésiants et de désinfectants. Les clans se faisaient soigner, abusaient souvent de la médication et se retrouvaient convertis le temps de dire «gueule de bois!»

Le whisky écossais s’obtient à partir d’orge maltée et parfois d’autres céréales; les nombreuses rivières appelées Glens fournissent l’eau pure indispensable à son élaboration et la tourbe des landes calédoniennes lui attribue son goût de fumé. Ajoutez à cela un vieillissement en fût de chêne (certains ayant contenu du sherry auparavant) afin de lui octroyer caractère et particularités. Pour avoir droit à l’appellation scotch whisky, l’eau-de-vie doit être distillée au minimum 2 fois dans des alambics de cuivre, titrant un minimum de 40 %, vieillie obligatoirement en fût de chêne pendant un minimum de 3 ans et exclusivement en Écosse d’où son appellation de Scotch. Parmi les appellations, on trouve les blends, assemblage de whisky de malt et de whisky de grain, les pure malt, assemblage de single malt provenant d’au moins deux distilleries et les single malt, provenant d’une seule distillerie. Et pour la crème des amateurs, il existe même des «single cask» provenant d’un même fût et embouteillés au pourcentage naturel d’alcool. La distillerie Lagavulin fut fondée en 1816, située sur Islay à l’ouest de l’Écosse, ses fûts sont exposés à l’air marin, conférant ainsi à ce Single Malt, une saveur iodée qui se marie à la perfection avec le fumé et le tourbé. La marque se décline sur six produits:

Lagavulin 12 ans special release (brut de fût), deux versions limitées à neuf mille exemplaires chacune de 58,2 et 57,7 %. Lagavulin 16 ans qui est le fleuron de la gam­me des classic malts 43 %. Lagavulin distillers edition (affiné dans des fûts de sherry de cépage pedro-ximénez) 43 %. Laga­vulin 21 ans (édition limitée à 6642 bouteilles) 56,5 %. Lagavulin 25 ans (édition limitée à neuf mille bouteilles) 57,2 %. Et enfin le Lagavulin 30 ans d’âge. Après cette incursion dans mon péché mignon, saviez-vous que le Japon produit également du whisky? La distillerie Suntory, basée à Yama­zaki, détient 1,6 millions de fûts en vieillissement permanent dans les caves et représente 70% du marché japonais depuis 1923. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine, l’Inde et la Thaïlande produisent également des whiskies de type écossais. Plus proche de nous et sans parler des bourbons américains ou des whiskies de seigle produits au Canada, la Distillerie Glen Breton, raffine un canadian single malt à Glenora en Nouvelle-Écosse. Un verre de cet élixir des dieux, au bord du feu la tête dans les étoiles me ramène à mes racines celtes et les légendes inhérentes à cette culture. Trois verres de ce feu dans les veines et j’ai envie de m’armer et aller guerroyer contre la vie trépidante et la bouffe industrielle! Ma bouteille est encore pleine.

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