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Ses eaux usées aboutissent au Lac Raymond

Par nathalie-deraspe


Sainte-Agathe mise en demeure

L’Association de protection de l’environnement du Lac Raymond vient de mettre en demeure la ville de Sainte-Agathe. L’association espère ainsi que le ville cesse de déverser ses eaux usées et pluviales non traitées dans la Rivière-du-Nord.

Le 28 juillet dernier, l’Association de protection de l’environnement du Lac Raymond, par le biais de son président Guy Drouin, sonnait l’alarme auprès de la direction régionale du Centre de contrôle en environnement du ministère du Développement durable, des parcs et de l’environnement (MDDEP). À chaque grande crue, le trop-plein de l’usine d’épuration de Sainte-Agathe se déverse directement dans la Rivière-du-Nord, pour aboutir dans le Lac Raymond, situé16 kilomètres au sud, ce qui cause un problème de salubrité et d’hygiène majeur, en plus de mettre en péril les activités de sports nautiques et de baignade à Val-Morin. C’est qu’en plus de la cinquantaine de kilomètres de réseau sanitaire que possède la ville, 23 autres recueillent à la fois les eaux pluviales et usées. Dès qu’il y a surcharge, une partie de ces eaux se déverse directement dans la rivière.

Tout comme en période de dégel, les pluie abondantes de l’été dernier ont fait grimper les taux de coliformes fécaux de la rivière à des niveaux exceptionnels. À plusieurs reprises, peut-on lire dans le document, ceux-ci ont parfois dépassé 10, 20 et même 30 fois la norme. Ces résultats s’appuient sur des analyses qui avaient pour but de détecter principalement les streptocoques fécaux et le phosphore présent dans le cours d’eau. Une centaine d’échantillonnages prélevés en 2005 et en 2006 au Lac Raymond, au Parc des Amoureux (Val-David) et au pont Préfontaine comme en amont de l’usine d’épuration, démontrent que «les eaux pluviales de Sainte-Agathe rejetées à la Rivière-du-Nord en période de pluie montrent des concentrations de coliformes fécaux pouvant atteindre 128 000 UFC/ml (la cote D se situe à 200 UFC/ml pour la baignade et à 1000UFC/ml, le MDDEP interdit toute activité nautique). Compte tenu que le débit de ce cours d’eau est dix fois moins important que la moyenne des rivières du Québec, il faut compter un délai de 24 heures entre chacune des ondées estivales avant que les eaux du Lac Raymond ne retrouvent un semblant de propreté. En outre, l’Association y voit un risque accru pour la prolifération des algues et craint la mort prématurée de leur lac.

Mise en demeure

Le 9 février dernier, voyant qu’aucune action concrète n’avait été portée à leur attention, l’Association a riposté par une mise en demeure à la Ville. Cette fois-ci, le regroupement exige que Sainte-Agathe «construise des ouvrages de rétention ou modifie son réseau des eaux usées et pluviales» afin de mettre un terme à la situation et qu’elle informe la population «de tout déversement à venir ou probable», en plus de mettre en place un comité de vigilance sur la question.

Le maire Laurent Paquette explique que dès l’an dernier, des investissements de 250 000$ en travaux d’infrastructure ont permis d’améliorer sensiblement la situation. Le directeur du service d’hygiène du milieu, Marcel Baillargé, précise: «Il n’y a pas un réseau combiné qui peut suffire à la demande en cas de grosses pluies. L’an passé, nous avons redirigé 100 mètres de conduite du réseau combiné et cette année, nous allons tout faire pour augmenter un peu la charge des égouts combinés pour essayer de réduire le nombre de déversements.» La ville promet également d’installer un enregistreur en continu qui permettra de prendre en compte le nombre et la durée de chacun des débordements. «Je ne suis pas certain que les étant aérés de Val-David ou d’ailleurs soient plus efficaces», a laissé tombé M. Baillargé.

Partout pareil

Les propos du directeur adjoint au bureau du MDDEP de Laurentides-Lanaudière, Marc Léger, n’ont rien de rassurant. «C’est partout pareil. Ce qui se passe à Sainte-Agathe se reproduit ailleurs au Québec et même dans le reste du monde. Les programmes d’assainissement des eaux ont été lancés au milieu des années ’80. Avant ça, tous les égouts pluviaux et des eaux usées aboutissaient dans les mêmes réseaux et les ouvrages de surverse étaient là pour assurer les débordements. C’est malheureusement encore «normal» qu’une portion des eaux usées se déverse dans les rivières et les cours d’eau. Les municipalités profitent des travaux d’infrastructure pour modifier leurs réseaux mais ça coûterait des milliards au gouvernement si on décidait de faire des conduites séparées du jour au lendemain.»

Heureusement, la problématique est circonscrite aux résidences datant d’avant ’70. Rien qu’à Sainte-Agathe, il en coûterait au bas mot plus de 20 M$ pour améliorer le système. En attendant, la municipalité mettra tout en oeuvre pour inciter la population à diminuer sa consommation d’eau. «Tout ce qui est consommé fini par aboutir à l’usine», précise le maire. Qu’à cela ne tienne, la municipalité de Val-Morin vient tout de même d’adopter une résolution pour que Sainte-Agathe lui fournissent «l’échéancier de réalisation des travaux qui doivent être engagés pour solutionner cette problématique». Consciente des exigences que cela implique, la municipalité précise qu’elle appuiera toute demande auprès du gouvernement du Québec en ce sens.

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