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Soins palliatifs: des moyens plus modestes, confesse Yves Lachapelle

Par nathalie-deraspe

Sans jamais admettre qu’il y a bel et bien eu des fermetures de lits à l’unité de soins palliatifs du Centre hospitalier laurentien, le directeur général du Centre de santé et des services sociaux des Sommets (CSSS), Yves Lachapelle, a fini par con­fesser que l’argent était au cœur de la réorganisation des soins à Sainte-Agathe.

Dès le 6 mars dernier, le directeur général du CSSS des Sommets annonçait un train de mesures visant l’équilibre budgétaire de l’établissement de santé qui jusqu’alors, faisait face à des déficits à répétition. Mais ce n’est qu’avant les Fêtes que la réorganisation des services a bel et bien eu lieu. L’unité des soins palliatifs a été scindée en deux parties distinctes, ce qui a enclenché une guerre des mots entre le personnel soignant et la direction. Pour les uns, il était clair qu’on venait de fermer quatre lits. Pour les autres, on précisait la nature de ceux-ci et on réservait le reste de l’unité à l’évaluation des malades ou aux convalescents.

Lors de la séance du conseil du CSSS de mardi, Yves Lachapelle a bien été obligé de répondre à nos questions. Celui-ci a soutenu qu’il y a eu confusion chez les usagers. M. Lachapelle n’a toutefois pas pu expliquer les sorties publiques du Dr Luc Courtemanche et de plusieurs proches de malades, qui n’ont pas hésité à décrier ce qu’ils considéraient comme des coupures de lits.

Le dépôt d’une pétition comprenant 6 200 signataires n’a pas semblé émouvoir outre mesure les administrateurs du CSSS et les commentaires de la direction ne laissent envisager que peu d’ouverture face à la situation. «Nous suivons les orientations du gouvernement», a défendu Yves Lachapelle.

La fin d’une unité modèle

Dans la Politique de soins palliatifs parue en juin 2004, on peut lire que «les services de soins palliatifs se développent sans égard au rythme d’augmentation des besoins et sans vision d’ensemble». À en croire les auteurs du document, Sainte-Agathe avait une longueur d’avance sur bon nombre d’établissements de la province. Pourtant, les problématiques soulevées dans cette brique de 93 pages correspondent en tous points aux récentes dénonciations des équipes en place.

Lorsque les usagers séjournent plus longtemps que prévu, une pression indue s’exerce alors sur ceux qui, en toute fin de vie, ne meurent pas dans «les délais prévus», dit le document. On y lit encore que «les systèmes d’admission basés uniquement sur des critères administratifs comme le pronostic de survie doivent être revus.»

Selon la littérature internationale, il faudrait offrir un ratio d’un lit pour 10 000 personnes. Si l’on se fie à ces chiffres, les Laurentides en nécessiteraient 11 de plus qu’à l’heure actuelle. Cela sans compter qu’en terme de cancer, la région arrive troisième après le Nord du Québec et le Nunavik.
«À l’heure actuelle, c’est la guerre pour la gestion des lits, confie le Dr Luc Courte­manche. Le climat est pourri mais ceux qui ne sont pas démissionnaires n’osent pas le dire. Il y a autant de malades sur les étages qu’aux soins palliatifs comme tel. Pourtant, les soins palliatifs, ce n’est pas la fin de la vie. C’est la vie avant la fin.»

Le plan de mise en œuvre de la Politique adopté en 2004 privilégie l’emplacement de services interdisciplinaires pour alléger les coûts d’hospitalisation en soins palliatifs. Mais avant d’instaurer les services continus qui pourront assurer une fin de vie à domicile décente, il faudra des investissements faramineux de la part du gouvernement. «Est-ce que les budgets suivent?» questionne le directeur général de la Fondation médicale des Laurentides, qui dénonce le fait que l’hôpital soigne 99% des malades de Saint-Donat alors que les budgets de santé de la municipalité sont attribués à la région de Lanaudière.

Faute de fonds, la population se verra privée de soins qui, selon toute vraisemblance, faisaient l’envie de bien des régions. «On peut leur faire des suggestions, mais à la limite, ils ne sont pas obligés de nous écouter», de confier l’agente de planification à la direction des affaires médicales et hospitalières de l’Agence de santé des Laurentides, Isabelle Trépanier.

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