Boxe : Deano Clavet retourne dans l’arène comme entraîneur
Par Luc Robert
Le coloré athlète et acteur Deano Clavet a repris du service entre les câbles, cette fois comme entraîneur de boxe olympique au studio de Boxe Laurentien, situé à Morin-Heights. Son dernier film, Négligence, est également projeté au grand écran au Cinéma Pine présentement.
Le pugiliste de 64 ans dispense les enseignements du noble art sous la férule des nouveaux propriétaires du studio de boxe, soit John Panagiotopoulos, Samuel Guénette, Vincent Drapeau et Marie-Ève Bilodeau.
« Nous avons poursuivi l’œuvre de Philippe Perreault en prenant le contrôle du studio. Nous possédons une clientèle de membres récréatifs et certains compétitifs. Nous sommes affiliés à Boxe Québec et éventuellement, nous pourrons envoyer des boxeurs et boxeuses à des tournois. Mais nous en sommes à nos débuts », a souligné Mme Marie-Ève Bilodeau, directrice des opérations de l’organisme.
Le studio de Boxe Laurentien a frappé un grand coup au début de septembre, en s’assurant les services de Clavet, qui a compétitionné à deux reprises au cours de sa carrière pour le titre canadien des poids moyens. Il a de plus entraîné trois boxeurs professionnels. « Nous présentons des cours de groupe, du récréatif, accessibles et inclusifs, peu importe l’âge ou le sexe. C’est du communautaire, mais avec un volet plus actif pour ceux qui ont de l’ambition », a-t-elle poursuivi.
Le studio compte présentement 90 membres et ambitionne d’atteindre la barre des 200 pugilistes éventuellement. « On y va selon le créneau du membre, de débutant à plus avancé. Certains jeunes sont intéressés à de la compétition. Nous avons Mario Cloutier qui prépare graduellement les jeunes à des futurs tournois, mais ce n’est pas l’objectif immédiat. »
Enjoué
Le toujours affable Deano Clavet s’est dit emballé de se joindre à l’équipe de Mme Bilodeau. « Ça fait deux semaines que je suis revenu à l’enseignement de la boxe. J’habite à Lachute et me rendre au studio se fait très bien par la route 329. L’endroit est récent et propre, en plus d’avoir une équipe de gérance sharp sur les lieux. La petite arène de 16 pieds par 16 me va à merveille pour entraîner les gens. J’ai appris dans un ring de cette dimension à l’Université de la boxe de M. Georges Drouin. J’ai encore le goût d’enseigner et de transmettre ma passion, surtout à 64 ans », a confié le versatile athlète en entrevue téléphonique.
L’ancien disciple du « pape de la boxe » Drouin s’adapte à sa clientèle. « Tu pars avec le principe que seulement 10 % des apprentis veulent faire des vrais combats. Alors, ça demeure un charme d’enseigner aux 90 % qui viennent là pour s’entraîner et apprendre la base par plaisir : se déplacer, esquiver les coups, apprendre les combinaisons de base. Je leur enseigne la compréhension de l’arène avant tout. »
Les dames
Avec la nouvelle conquête de Kim Clavel du titre mondial des poids pailles de la IBF, Clavet s’attend à un nouvel essor de la boxe féminine, déjà amorcé par Marie-Ève Dicaire. Auparavant, Nora Daigle a aussi été une pionnière dans les années 1990.
« Pourquoi pas avoir des dames boxeuses : c’est dans l’air du temps. Elles sont rapides et précises, tout en offrant des combats intelligents. Les vieilles perceptions ont changé : les dames sont d’excellentes athlètes. C’est vivre et laissez vivre. Mais j’avoue que je préfère leur enseigner, que de les voir se faire frapper. C’est une évolution du monde de la boxe et j’apprécie leur apport. »
De boxeur à acteur
C’est alors qu’il travaillait au service à la clientèle au CN, à la gare centrale de Montréal, que Clavet a trouvé par hasard sa destinée.
« J’ai ramassé un vieux journal au sol un jour. Il était mentionné que Jean-Paul Belmondo était passé de la boxe au métier d’acteur. Ça m’a inspiré. Je n’ai fait que dix combats amateurs avant de passer ensuite professionnel (15 victoires, dont 7 k.-o. en 20 combats, pour un total de 117 rondes entre 1982 et 1990). Je me suis retiré à 29 ans, car les médecins me recommandaient de cesser de recevoir des coups à la tête pour conserver toute mon élocution. Mais j’ai toujours mené 3 carrières de front : la boxe au gym, le service à la clientèle au CN, et bien sûr, celle de comédien. »
Celui qui s’est notamment fait connaître dans la télésérie Omerta dans le rôle d’Angelo Bogliozzi (saisons 1 et 3) et dans le film Mesrine : L’instinct de mort (2008), déborde toujours d’enthousiasme. « Mon dernier film (indépendant), Négligence, se trouve actuellement à l’affiche au Cinéma Pine. C’est Leonardo Fuica qui est le réalisateur de ce long métrage, qui devait être un court métrage au départ. On parle d’un film non-subventionné et dont Leo a lui-même avancé les fonds. Ça traite du dur sujet des enfants déplacés et laissés à eux-mêmes. Il a effectué d’excellentes recherches pour mener à bien ce projet difficile, mais réaliste et bien ficelé. »
Deano Clavet a obtenu du succès parce qu’il est persévérant. N’eut été d’un protecteur buccal échappé au sol face à Alex Hilton, en 1984, il aurait été champion canadien des poids moyens. « Que veux-tu ? J’étais inexpérimenté à l’époque. Je menais sur les cartes des juges, semble-t-il. Je me suis penché vers le mouth piece tombé et bang ! Alex ne m’a pas manqué. Mais je suis fier de mes 20 combats professionnels et surtout de l’ensemble de ma carrière dans le 7e art », a achevé le gentleman fighter.