La Grande Traversée : bien plus que du vélo!

Par Marie-Catherine Goudreau

Carnet de bord d’un encadreur

La semaine dernière, j’ai été encadreur cycliste de la deuxième section de La Grande Traversée (LGT), un projet qui a été mis sur pied par Laurent Brisebois, originaire de Sainte-Adèle, et qui est aujourd’hui directeur adjoint d’une école à Coquitlam en banlieue de Vancouver. Pendant cinq semaines, près de 200 jeunes âgés de 14 à 17 ans se relayeront en différentes sections pour traverser le Canada d’est en ouest sur une distance de 2500 kilomètres. Récit d’une expérience qui va bien au-delà de l’accomplissement sportif.

Jour 1, Mont-Tremblant-Sainte-Adèle, 118 kilomètres

Côtes et chaleur au menu de cette première journée de la deuxième section présentée au Québec. Après trois jours au Saguenay-Lac-Saint-Jean, où le peloton a dû affronter des vents glaciaux et même de la neige, la caravane établit son camp de base à l’École secondaire A.-N.-Morin de Sainte-Adèle. La quinzaine de jeunes qui seront dans le peloton pour les trois prochains jours viennent de Mirabel, Buckingham, Coquitlam et du Nunavik. Oui, le Nunavik! Encadrée par l’ancien hockeyeur Joé Juneau, qui a mis sur pied un programme de hockey pour les jeunes dans cette région, Sascha s’est entraînée tout l’hiver sur un vélo stationnaire. Une fois le printemps arrivé, son entraînement s’est poursuivi à l’intérieur. Pas seulement pour des raisons de météo, mais aussi parce qu’il n’y a aucune route à l’extérieur de son village. Les toasts du déjeuner sont faites dans le fourneau de la salle des professeurs et on ne sent pas de nervosité dans l’équipe, mais plutôt une fébrilité, tant chez les jeunes cyclistes que chez les membres de l’organisation. On monte dans l’autobus, direction Mont-Tremblant pour le départ. Le chemin du Nordet nous mène vers Saint-Donat et le parcours prend les allures d’une montagne russe. Petit à petit, le parcours commence à user les cyclistes. Les encadreurs tiennent le guidon d’une main et, de l’autre, poussent les jeunes dans le dos afin de les aider à gravir les côtes. À la mi-parcours, l’encadreur-chef Sébastien demande à une participante de monter dans le minibus, car elle ne pouvait plus suivre le rythme. Une autre la rejoindra quelques instants plus tard, en pleurant doucement. Elle est consolée par sa collègue qui était déjà à l’intérieur. Membre de La Grande Traversée depuis ses débuts il y a trois ans, Sébastien sait comment se déroulent les premières étapes de chacune des sections de la traversée. Il nous avait avertis que la hantise des ados était d’être le premier à monter dans l’autobus. Les encadreurs de la région que nous sommes, connaissons les routes comme le fond de notre poche. Aussi, nous motivons les élèves en leur donnant un maximum d’infos : longueur des montées, nombre de kilomètres restants et des conseils techniques, car tous les participants ne font pas un usage adéquat des vitesses disponibles sur leur vélo. Une fois arrivés à Sainte-Adèle, nous leur expliquons que la plus difficile des trois étapes est maintenant derrière eux. Certains en doutent, mais ne laissent rien paraître.

Jour 2, Sainte-Adèle-Mirabel, 84 kilomètres

Conférence à l’école Saint-Joseph (Sainte-Adèle) en compagnie de l’invitée spéciale Ariane Lavigne, la spécialiste du surf des neiges qui a participé aux Jeux olympiques de Sotchi. La planchiste roulera les deux premières sections avec le peloton. Visiblement, elle y prend beaucoup de plaisir. Après la périlleuse descente de Mille-Isles, les jeunes roulent mieux et gagnent en confiance, tant dans leurs capacités physiques que dans leur façon de rouler en groupe. La pluie se met de la partie et malgré la prudence et la vitesse réduite, quatre participants chutent à une traverse de chemin de fer. Quelques égratignures et plus de peur que de mal, surtout grâce à l’excellent travail de l’escorte policière qui a rapidement bloqué la voie où les voitures arrivaient en sens contraire. Les égratignures des deux cyclistes qui termineront la journée dans l’autobus sont vite oubliées et une belle complicité naît entre ces deux jeunes filles qui ne se connaissaient même pas 48 heures plus tôt.

Jour 3, Mirabel-Buckingham, 130 km

Dernier matin. Pas de côtes au menu, sauf que nous aurons un vent de face lorsque nous longerons la rivière des Outaouais. Les ados portent encore quelques marques huilées de plateau ou de chaîne sur les mollets, prenant ainsi des allures de tatouages temporaires. Entre Carillon et Papineauville, les organisateurs réservent 15 kilomètres à ceux et celles qui voudront rouler à bloc. Nous sommes donc une dizaine et, pendant un instant, alors que nous roulons à 40 km/h, nous nous croyons dans une échappée d’une étape du Tour de France. La seule fille du groupe est Sascha, celle qui avait pratiqué ses changements de vitesse deux jours plus tôt dans une cour d’école de Sainte-Adèle. Elle confirma ensuite que ce fut sa section préférée. Une fois arrivés à Buckingham, le sentiment d’avoir accompli quelque chose qui restera longtemps en nous est bien présent.

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