Tracé mythique : Le circuit automobile Mont-Tremblant mis en vente
Par Luc Robert
Reconnu mondialement pour ses secteurs techniques et ses forces G hors de l’ordinaire, le Circuit Mont-Tremblant a été mis en vente.
Propriété d’hommes d’affaires, dont le milliardaire montréalais Lawrence Stroll (père du pilote de F1 Lance Stroll), le circuit de 4,26 km et de 15 virages a été inauguré le 3 août 1964. Le tracé a notamment été le théâtre de deux présentations du Grand Prix de F1 du Canada, en 1968 et 1970.
L’achat récent de l’écurie Aston Martin par M. Stroll ainsi qu’un durcissement de la réglementation antibruit expliquerait la disponibilité de la piste, offerte sur invitation à un groupe sélect d’investisseurs.
« Avec les nouveaux domaines immobiliers construits, c’était une question de temps avant que le bruit des voitures soit contesté. C’est difficile de trouver des lieux d’opérations. On a qu’à penser aux fermetures du Riverside Speedway (Laval) et de la piste de Deux-Montagnes (Saint-Eustache) », a fait réaliser M. Robert Boyer, un vétéran pilote qui apprécie depuis des années le Circuit Mont-Tremblant.
« De plus, c’est le même personnel depuis 25 ans. Il y a peu de relève. Ce circuit possède un des plus beaux dénivelés au monde, avec des courbes majestueuses. La surface de piste a été refaite en 2004. C’est très plaisant d’y courir, tant en formule Honda Sedan pour les touchettes, qu’en monoplace de la série 1600 sous la pluie. J’espère qu’ils conserveront la piste de courses. La courbe no. 1 est si particulière que tu ne touches plus à terre. »
Le circuit, de niveau 2, n’est plus homologué pour présenter de la F1. Il a tout de même reçu 2007 une manche de la série Champ-Car (autrefois Indy).
« Ça va prendre un passionné pour poursuivre cette vocation de courses. Ça prendrait plus d’hébergement et de commodités à proximité. Les détracteurs se plaignent du ronronnement des voitures, lorsqu’ils viennent golfer. »
Souvenirs douloureux
Bien qu’il affectionne le Circuit Mont-Tremblant, M. Boyer y a déjà subi tout un accident.
« Après une perte de contrôle, un concurrent a voulu revenir en piste rapidement. Il y avait de la fumée et je l’ai vu rembarquer à la dernière seconde. J’ai embouti sa voiture à 190 km/h, ce qui m’a valu une cheville, deux vertèbres et le sternum touchés. Je vis encore des courses de visualisation dans ma tête, mais ma femme ne veut plus me revoir en piste (rires) », a repris le pilote de 57 ans.
Le propriétaire de la chaîne Matériaux Robert Boyer (Castle), à Sainte-Anne-des-Lacs, aimait se défouler à Tremblant.
« La piste repoussait notre endurance et nos repaires. Elle a de plus son importance pour permettre aux amateurs de rivaliser de vitesse sur un circuit sécuritaire, plutôt que de faucher des vies sur une route. »
Le complexe de 13 M de pieds carrés, dont les experts espèrent en tirer 22 M$, devra compter plusieurs idées pour assurer sa pérennisation.
« Ils devraient faire comme à Lime rock, au Connecticut, où les dimanches les courses ont un droit acquis, au point où le magasinage se fait les samedis et lundis », a achevé celui qui participera à l’inauguration du complexe neuf de Go-Kart d’Alexandre Tagliani, en mai à Sainte-Thérèse.