Des béquilles au podium : Zorak Paillé aux Championnats mondiaux
Par Luc Robert
Le cycliste Zorak Paillé a souligné son retour de blessure en participant au Big Red Run Gravel, en août dernier. Le colosse a remporté la plus grande distance, soit l’épreuve des 130 kilomètres ! Il s’attaque maintenant aux Championnats mondiaux.
Le Sauverois a relevé le défi haut la main en s’accaparant la victoire et ce, malgré le fait qu’il utilisait un vélo de montagne, puisqu’il ne possède pas de vélo pour compétitionner sur des gravillons, comme ses opposants.
L’épreuve disputée à Harrington se voulait un prélude au calendrier de forcené auquel il se soumet à son retour sur roues en septembre : une Coupe de France à Les Menuires, une Coupe du Monde à Les Gets toujours en France, ainsi qu’un entraînement optimal jusqu’à Zermatt et Crans Montana, en Suisse, où se tiennent les Championnats du monde jusqu’au 14 septembre.
Récupération
En suivant rigoureusement les instructions des médecins et contre tout attente, à peine quatre mois après son accident à l’entraînement, il a pu participer à une première compétition et monté sur la première marche du podium à la course régionale des Laurentides tenue à Morin-Heights. Ensuite, les 5 et 6 juillet, il a participé à ses premières courses nationales, soit la Coupe Canada de Saint-Félicien où il a terminé respectivement 5e au XCC (le circuit court) dans la catégorie élite, alors qu’il est encore d’âge U23, et 4e au XCO (cross-country olympique) également dans la catégorie élite.
« Dès qu’il a pu, même s’il se déplaçait encore avec ses béquilles, Zorak a recommencé à s’entraîner à l’intérieur sur son « zwift », en suivant à la lettre les recommandations de l’équipe qui l’entourait. Puis, doucement, il a pu recommencer à rouler sur les routes en évitant les grosses montées, histoire de ne pas trop pousser et mettre trop de poids sur ses fractures aux jambes, qui n’étaient pas encore complètement guéries», a décrit sa mère Édith Viens.
« Bien émus »
Ce retour rapide a consterné sa famille. « Réussir des superbes performances dans le contexte nous a tous laissé bien émus ! C’est donc avec une énergie rehaussée et des perspectives changées qu’il a décidé de participer également aux Championnats canadiens, course très convoitée par tous les coureurs et souvent l’une pour laquelle les athlètes s’assurent d’être au sommet de leur forme afin d’obtenir le titre et le maillot du vainqueur. Ces championnats se tenaient à Langford en Colombie-Britannique du 17 au 20 juillet dernier, à peine 5 mois depuis le grave accident de Zorak. Personne ne pouvait y croire », a ajouté Mme Viens.
À ces championnats, Zorak Paillé a pris à la fois le départ du circuit court et du cross-country olympique. La première course ne s’est pas déroulée aussi bien qu’espéré. Puis pour le XCO, en période d’échauffement, le dérailleur arrière du vélo de montagne de Zorak s’est brisé. Il s’est donc retrouvé près de la ligne de départ, à quelques minutes de celui-ci, à attendre que Carl Auclair, son directeur et mécanicien de l’Equipe Pivot Cycles – OTE, le répare et lui amène.
« Zorak est demeuré calme et maitre de lui-même. Malgré ce pépin, il a connu un super début de course. En peu de temps, quatre athlètes se sont démarqués du reste du peloton et Zorak faisait parti de ceux-ci… Ces quatre cyclistes se sont échangés la tête de course à plusieurs reprises, au cours des six tours de circuit, qui comprenaient une montée très longue et soutenue. À chaque tour, nous étions impressionnés de voir que Zorak se maintenait avec le groupe de tête ! Au 5e tour le résultat, qui allait être celui final, s’est dessiné. Ian Ackert, coureur ontarien qui a obtenu des top 10 en Coupe du Monde cette saison, s’est tranquillement détaché du groupe, pour prendre la tête. Zorak s’est détaché à son tour de son poursuivant, Maxime Saint-Onge, du Québec et aussi son coéquipier. Zorak a tout de même enlevé la médaille d’argent aux Championnats canadiens. »
Qualification
Cette deuxième place lui a permis de se qualifier pour les mondiaux. « Son coach, qui était sur place, a qualifié sa performance d’irréelle. L’un des commissaires de la course nous a même mentionné que pour lui, la course de Zorak fut la plus marquante et touchante du weekend. Pour nous, les parents, nous ne pouvons qu’être extrêmement fiers et heureux de voir fiston se remettre sur pied ainsi. Nous avons été témoins de tout le travail, la discipline et la détermination qu’il a fait montre pour que les efforts portent fruits. Il a montré une force de caractère qui le suivra sur les tracés et dans la vie », a achevé Mme Viens.
Rappelons que Paillé a subi une terrible chute en camp d’entraînement, en Espagne. Le 20 février dernier, de son lit d’hôpital, il écrivait à son entraîneur David Gagnon, conjoint et également entraîneur de Maghalie Rochette, qu’il ne pouvait plus marcher, qu’il avait eu un accident de vélo et qu’il était trop mal en point pour rentrer au pays. Un diagnostic de commotion cérébrale et multiples fractures aux côtes en plusieurs morceaux, l’un de ses genoux était particulièrement enflé. Il ne pouvait plus le plier donc il ne pouvait plus pédaler. Le reste fait partie de l’histoire.