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Une solution verte pour l’algue bleue

Par nathalie-deraspe

Pendant que les représentants du ministère de l’Environnement continuent d’affirmer qu’il n’existe aucune solution pour contrer la contamination des lacs et des cours d’eau produite par l’algue bleu-vert, une compagnie 100 % québécoise purifie la ressource partout dans le monde sauf au… Québec! La solution serait-elle dans les Laurentides?

«Ça fait longtemps que la solution existe, clame le vice-président international d’Oxylab Technologies Corporation, ****Jean-Yves Côté****, mais les gouvernements font la sourde oreille.» «Quand il s’agit de parler d’hôpitaux, de ponts ou d’environnement, renchérit le consultant-expert ****Yvan Guay****, c’est malheureusement toujours très politique.»

Dès 1997, Oxylab décrochait une subvention d’Agriculture Canada pour tenter d’éliminer la prolifération de pesticides et d’engrais dans les plans d’eau et la question des algues bleu-vert était déjà au cœur des discussions. Iil aura fallu une année pour que le Dr Michel Caron, chargé de projet au Centre de recherche de l’Assomption élabore une solution écologique avec ses collègues d’Oxylab. Nous voici dix ans plus tard à patauger dans le dossier alors que la situation empire et que le grand lac Saint-François se retrouve aux prises avec les mêmes problèmes. Pourtant, des produits élaborés à l’époque ont trouvé preneur dans plusieurs pays dont la Chine…
****Quand l’eau se change en 20$****
«Il ne faut pas se leurrer, précise Yvan Guay, le chlore représente un chiffre d’affaires de 8 milliards de dollars par année et demeure le seul produit accrédité par Santé Canada, même si on sait pertinemment bien qu’il ne vient pas à bout de toutes les bactéries et qu’il est totalement inefficace pour contrer les virus.» La situation est d’autant plus troublante depuis que l’on sait que le chlore est corrosif, qu’il augmente la fréquence de l’asthme chez les enfants comme chez les nageurs de compétition et que le produit est volatil et donc responsable (lui aussi) de la destruction de la couche d’ozone.

Pourtant, dès 1992, le magazine Science & Vie (no 902) qualifiait de «première mondiale» l’Oxsyl FP. Considéré comme deux désinfectants en un seul, le produit serait écologique et actif sur les eaux industrielles ou usées.
*****En eaux troubles****
«Régler le problème de plans d’eau n’est pas plus compliqué que de résoudre celui des piscines publiques, défend Yvan Guay. En Afrique, on élimine tous les coliformes et les matières fécales avec quatre gouttes de notre produit dans un litre d’eau. On fait la même chose avec le purin de porc ailleurs dans le monde, poursuit le consultant d’Oxylab Techonologies, mais ici, il nous faut des moratoires, des études, on dit qu’on manque d’argent et on passe à autre chose.»

M. Guay fustige en voyant les municipalités payer des centaines de milliers de dollars pour s’approvisionner d’eau en bouteilles alors que pour une fraction du prix, l’eau redeviendrait potable en un rien de temps. «On a envoyé du courrier recommandé au ministère de la Santé et des services sociaux comme au ministère du Développement durable, de l’environnement et des parcs et on n’a pas même reçu d’accusé de réception, dénonce Jean-Yves Côté, lettres à l’appui. Ayant travaillé dans plus de 40 pays au profit de l’ACDI, ce théologien et ambassadeur voit dans ces acides écologiques biodégradables le miracle aux problèmes de dysenterie dans les pays en voie de développement, mais espère d’abord et avant tout purifier l’eau de la province.
«Au Québec, presque tous les lacs sont infectés à l’algue bleu-vert. Et il ne faut pas attendre qu’elle soit rouge parce que le problème sera beaucoup plus grave et les conséquences bien plus aiguës», confie M. Guay.

Selon lui, la solution réside dans la nature. «Il s’agit de trouver le prédateur naturel, l’enzyme qui viendra digérer les algues et qui se mêle à la microflore», attestte le consultant-expert d’Oxylab.

Alors à quand l’épandage de ce produit miracle sur le pourtour des berges des lacs atteints? «Des que nous aurions des indications concernant les concentrations en cyanobactéries, on pourrait préparer un produit en l’espace de quelques jours. Mais qui va payer, quand on sait que les gouvernements ne sont pas intéressés?», laisse tomber Yvan Guay.
****L’eau est moins verte chez le voisin****

Si Jean-Yves Côté n’arrive pas à dénicher une région prête à accueillir une usine verte dans ses sillons dans les prochains mois, il y a fort à parier que celui-ci se tourne vers la ville de Sarnia, en Ontario, où on lui offre non seulement 3 millions de pieds carrés de terrain, mais une subvention de 1,5 M $ non remboursable, assortie d’une série de contrats pour les trois prochaines années. Pour l’instant, Trois-Rivières s’est bornée à offrir un terrain de moindre envergure. Entre-temps, la matière grise d’Oxylab continuera de faire des affaires avec l’Asie, l’Europe et l’Afrique. En vert et contre tous, nul n’est prophète en son pays…
*****ENCADRÉ*****

titre : Ce qu’ils en disent

La responsable de Comité de recherche et de sensibilisation d’ ****Eau Secours****, qui travaille étroitement dans le dossier de la Baie de Missisquoi depuis 2004, voudrait bien croire à une solution miracle mais elle prend soin de mesurer ses propos. «Il ne faudrait pas noyer le débat, estime la biologiste Édith Lacroix. Épandre un produit extérieur peut paraître une solution dans le temps mais à long terme, il faudrait s’assurer que cela n’entraîne pas de nouveaux impacts. Il ne faudrait surtout pas retarder l’application de mesures que l’on préconise depuis si longtemps.» Même son de cloche du côté du ****Conseil régional de l’Environnement des Laurentides**** (CRELA). «Je suis très sceptique face à ce genre de solutions miracles, déclare la directrice générale de l’organisme, Anne Léger, qui se dit tout de même prête à assister à une démonstration sur place. «Je m’inquiète de voir qui que ce soit apporter des solutions rapides, renchérit la présidente de l’****Inter-association des lacs de Saint-Donat****, Michèle Baechler. Il y a un facteur humain dans toute équation, poursuit-elle, et je ne suis pas de ceux et celles qui diraient prenons cela et laissons faire le reste. Cela viendrait à encourager un nouveau laxisme dans l’attitude des riverains.»

Malgré leurs propos suspicieux, ces commentatrices demeurent toutefois ouvertes à une éventuelle rencontre qui réunirait des élus, des gens du ministère du Développement durable, de l’environnement et des parcs (MDDEP) ainsi que les principaux intervenants dans le dossier affin d’évaluer cette piste de solution à court terme, aussi miraculeuse puisse-t-elle paraître, en autant que les efforts visant à revitaliser les berges et réduire les apports en nutriments et phosphores soient maintenus. Vivement cette rencontre!

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