(Photo : École Imagine)
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Viser l’expérience plutôt que la performance à l’École Imagine

Par Ève Ménard - Initiative de journalisme local

L’École Imagine située sur un terrain de 4 acres en plein cœur du village de Val-David accueille des élèves de la maternelle à la sixième année et leur offre un parcours scolaire inspiré de la pédagogie Steiner-Waldorf, chef de file de l’éducation alternative partout à travers le monde. La pandémie actuelle a remis en question bien des milieux, incluant celui de l’éducation. Alors que la rentrée d’aujourd’hui est maintenant bien entamée, nous nous tournons vers ce à quoi pourrait ressembler l’école de demain.

 

L’École Imagine est membre en développement de l’AWSNA (L’Association des Écoles Waldorf d’Amérique du Nord). Mais qu’est-ce que la pédagogie Waldorf?

Le fondateur : La pédagogie Waldorf a été développée par Rudolf Steiner, un scientifique, philosophe, artiste, pédagogue et penseur qui a vécu de 1861 à 1925 et qui a consacré sa vie à l’étude de l’être humain et de ses rapports à l’univers.

La naissance de la pédagogie Waldorf : En 1919, Steiner fut invité par le directeur de l’usine allemande Waldorf Astoria à mettre sur pied une école inspirée de sa pensée pour les enfants des ouvriers. Ce sera la première impulsion d’un mouvement mondial où seront posés les fondements de la pédagogie Waldorf qui orientent le curriculum scolaire des écoles Steiner-Waldorf.

Une approche éducative reconnue à travers le monde : Près d’un siècle après la création de la première école Steiner, la pédagogie Waldorf demeure une pédagogie d’avant-garde qui vise une éducation globale de l’enfant. C’est l’approche éducative qui connaît actuellement la plus forte croissance au monde. Présente sur tous les continents, dans plus de 80 pays, c’est environ 1000 écoles et 1500 jardins d’enfants qui ont en commun cette approche unique.

Une image globale de l’être humain : La pédagogie Waldorf, fondée sur l’étude de la nature humaine telle qu’initiée par Rudolf Steiner, est née du souhait de former des êtres libres et en santé, capables d’apporter des forces de renouveau à la vie sociale. Pour ce faire, elle considère trois facultés chez l’homme qui doivent être éduquées avec une égale importance : la volonté, le sentiment et la pensée.

Source : ecoleimagine.org

 

Noemi Glen a elle-même suivi une éducation basée sur la pédagogie Waldorf – 4 ans en Europe, puis 5 ans aux États-Unis – et a plus tard complété une formation de 3 ans en Californie sur le sujet. En 1998, lorsqu’elle s’est installée dans les Laurentides, elle a souhaité amener ce concept qu’elle supporte depuis son enfance dans la région. Heureusement, l’intérêt y était déjà présent et de fil en aiguille, l’école a finalement vu le jour en 2013, Noemi étant une des fondatrices et titulaire de classe.

L’enfant au coeur de l’apprentissage

Une grande particularité de cette éducation est que le professeur suit les élèves du début à la fin de leur parcours. «La titulaire est responsable de tout le curriculum, ce qui signifie qu’elle doit répondre aux exigences du ministère de l’Éducation et que les élèves doivent faire les examens du ministère, mais tout ça est offert d’une manière différente », explique Noemi. « Le fait de garder le même professeur fait une différence pour le lien humain. Nous ne sommes pas en train de recommencer à chaque année à reconnecter avec les élèves », ajoute-t-elle.

Il s’agit d’un mode d’enseignement qui place l’élève au centre de l’apprentissage et qui est axé sur la confiance en soi, l’expérience et l’autonomie, bien plus que la performance. À cet effet, la titulaire indique que les examens commencent réellement en 4e année et qu’avant ça, les enseignants évaluent les élèves davantage par l’observation. De cette manière, ceux-ci vivent beaucoup moins de stress relié à un désir de performer à tout prix. D’ailleurs, le but de la pédagogie n’est pas de viser la perfection, mais plutôt de bien équiper l’élève pour la suite de son parcours et de sa vie.

Se souvenir au-delà de l’examen

L’enseignement est majoritairement réalisé de manière expérimentale, c’est-à-dire qu’un concept de sciences expliqué en théorie sera aussi mis en pratique, suivi d’un retour en classe au cours duquel les enfants dessineront ou modèleront ce qu’ils ont appris, pour ensuite écrire des textes sur le sujet. Bref, il y a une partie expérimentale, artistique et académique, ce qui fait en sorte, comme le précise Noemi, que les élèves se rappellent de ce qu’ils ont appris bien au-delà d’un examen.

Les arts, le plein air et la nature occupent une place très importante dans la semaine des élèves. Dès la première année, les enfants apprennent par exemple le chant, la flûte, la danse, le théâtre, la peinture, le modelage et les travaux manuels. La titulaire spécifie aussi que les jeunes passent chaque jour au moins une heure à l’extérieur et pratiquent deux fois par semaine, des activités comme le ski de fond, le ski alpin ou encore l’escalade. De plus, un professeur de jardinage vient hebdomadairement enseigner à tous les niveaux de l’école.

Par ailleurs, des voyages sont organisés pour permettre de renforcer l’expérience acquise. À titre d’exemple, en 3e année, les élèves vont dans une ferme pendant une semaine, en 4e année, ils font un voyage de quelques jours dans les montagnes et sur un canot pour mieux comprendre les autochtones, puis en 5e année, ils vont au Parlement pour en apprendre davantage sur l’économie et le monde moderne.

Des professeurs et des élèves motivés

En tant que titulaire, Noemi Glen affirme que beaucoup d’autonomie est octroyée aux professeurs alors qu’ils se retrouvent dans une mentalité orientée vers « l’auto-gestion », ce qu’elle qualifie comme étant très motivant. « Nous sommes responsables de nos élèves. Je ne fais pas partie d’une grande machine, mais je trouve que je m’investis dix fois plus ce qui fait en sorte que j’ai de bons résultats avec mes élèves. » Elle ajoute que les problèmes de discipline à l’école sont d’ailleurs très rares.

Lorsque les élèves quittent l’École Imagine au terme de leur sixième année et entrent dans un système plus encadré et axé sur la performance, comment réagissent-ils? « Je dirais que le plus difficile c’est l’adaptation au fait que c’est très différent », indique Noemi. « Mais le contrepoids, c’est que les élèves Waldorf ont un enthousiasme gigantesque. Beaucoup de nos élèves sont allés à une école à Saint-Donat et les professeurs ont été impressionnés à quel point
les élèves de l’École Imagine sont allumés et impliqués. Ils ne se posent même pas la question; ils sont juste vraiment intéressés par ce qu’ils apprennent. »

Repenser l’éducation?

L’École Imagine détient présentement un permis pour enseigner aux élèves jusqu’en secondaire 2, bien que depuis sa fondation, le curriculum s’arrête en sixième année. Par contre, la titulaire souligne que l’établissement souhaite ouvrir en septembre 2021 jusqu’en deuxième secondaire. Actuellement, il y a 115 élèves du préscolaire 4 ans à la 6e année ainsi que 24 enseignants dont 12 titulaires de classe et 12 spécialistes, par exemple en musique, en plein air ou en anglais.

Noemi Glen précise que depuis la Covid-19, une vague importante de familles est venue de Montréal pour s’installer dans les environs de Val-David. Bien que l’école ne soit pas encore très connue, il s’agit d’une hausse de la demande qui devrait se poursuivre dans les prochaines années alors que mondialement, il s’agit d’un mouvement qui gagne en popularité. La titulaire croit qu’il est temps, avec le chamboulement actuel, de repenser l’éducation au Québec et que ce genre de philosophie devrait se développer plus largement, elle qui donne l’exemple de la Finlande où le système public est très inspiré de la pédagogie Waldorf.

 

Historique de l’École Imagine

Années 1990 : Formation du groupe Résonance qui regroupait des parents et professeurs déterminés à offrir une éducation Waldorf dans les Laurentides.

2009: Début des ateliers pédagogiques Waldorf regroupant des familles faisant l’école à la maison à Ste-Agathe puis à Val-Morin.

2011: Enregistrement d’un nouvel organisme, l’APPEL. Cette association soutient dorénavant le développement de l’École Imagine, des jardins d’enfants Waldorf (garderies) et de toute autre initiative travaillant avec cette même approche sur le territoire des Laurentides.

Septembre 2013: Obtention du permis d’école primaire du ministère de l’éducation et ouverture de l’École Imagine dans des locaux loués sur la rue de la Sapinière, à Val-David.

2015: Achat de la Résidence des Sœurs de Ste-Anne située en plein cœur du village de Val-David. Le magnifique terrain de 4 acres comprend un bâtiment patrimonial de 4 étages, 2 bâtiments annexes, une petite forêt, un potager
et des aires gazonnées.

2017: Rénovations majeures (mise aux normes et désamiantage complet) du bâtiment principal.

Janvier 2018: Entrée officielle de l’École Imagine dans son lieu permanent.

Source: ecoleimagine.org

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