Garnier applaudi lors d'une commission itinérante
Par nathalie-deraspe
Le préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut et vice-président de la Fédération des municipalité du Québec (FMQ) a fait figure de modèle après qu’il eut présenté sa vision face à la responsabilité des élus quant à la pollution des cours d’eau des Laurentides. Des dizaines de municipalités s’apprêtent à copier son nouveau règlement de modification du schéma d’aménagement et de développement, un des plus audacieux qui soit au Québec.
Jeudi dernier, près de 150 élus et experts étaient réunis à Drummondville pour participer à la commission itinérante sur les cyanobactéries de la Fédération des municipalités du Québec (FMQ), présentation qui faisait écho aux propos de Jacques Ruelland, du Conseil régional des Laurentides (CRELA), qui avait sonné l’alarme en décembre. Charles Garnier avait profité de l’occasion pour déclarer qu’il en va de la responsabilité des élus de trouver des solutions au problème. Le préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut a raconté l’état d’urgence dans lequel la région a été plongée après qu’une dizaine de cas d’éclosion de «fleurs d’eau» ait été déclarée l’été dernier. En 2006, rappelait-il, pas moins de 26 alertes ont été répertoriées dans la région. Après avoir fait l’éloge qui programme Bleu Laurentides, mis sur pied par le (CRELA), qu’il souhaiterait voir rebaptisé Bleu Québec à cause des outils techniques et pratiques qu’il propose, le vice-président de la FMQ a interpellé les élus sur les impacts négatifs qu’engendrent la dégradation des cours d’eau de la province. «Il est de loin préférable tous ensemble, de réagir en protection plutôt qu’en réaction, de dire Charles Garnier. Nos concitoyens sont de plus en plus nombreux à mettre l’emphase sur l’environnement et l’écologie et ils seront de plus en plus nombreux à juger sévèrement les élus qui auront fait preuve de laxisme et de manque de vision.»
Avec plus de 6000 lacs, les Laurentides doivent poser des gestes coercitifs pour éviter le vieillissement prématuré des lacs, estime M. Garnier, qui a rappelé que malgré la politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables mises sur pied il y a plus de vingt ans, il reste encore beaucoup de travail à faire. «Il n’en tient qu’à nous, citoyens, élus municipaux, groupes environnementaux, professionnels, de modifier notre façon de planifier les abords des plans d’eau pour ainsi mieux préserver une de nos plus grandes richesses.»
La menace est réelle
La menace de prolifération des cyanobactéries et les impacts négatifs sur la santé sont tels que le sujet a fait l’objet d’une présentation exhaustive lors du Colloque sur la sécurité civile qui avait lieu plus tôt cette semaine à Tremblant. Réunissant une tablée d’élus, de biologistes et d’intervenants de la Direction de santé publique des Laurentides, la rencontre a été appuyée par un document d’une trentaine de pages destiné à planifier les interventions en cas de contamination. Si plusieurs outils ont été mis de l’avant, force est de constater qu’aucun budget supplémentaire ne viendra appuyer les municipalités dans leurs démarches. L’an dernier, aucun test rapide ne permettait d’agir à temps. Le laboratoire d’analyse a été submergé et a du répondre à dix fois la demande habituelle. De plus, aucun suivi épidémiologique n’a encore été mis sur pied, a confié la biologiste Isabelle Dorion, du Ministère du développement durable, de l’environnement et des parcs (MDDEP). «Le ministère n’était pas prêt», a-t-elle laissé tomber. Même si plusieurs étapes sont appelées à être modifiées pour la saison 2007, comme le suivi serré des réseaux d’eau potable et des plages publiques, l’argent manque. «Des centaines d’appels ont été logés au département de Santé publique, a confié le Dr Marie-Claude Lacombe. Des agents d’immeubles, des propriétaires qui craignaient pour leur santé, tout le monde voulait savoir quoi faire. On a été pris au dépourvu et il a fallu faire du cas par cas. Cette année, il n’y aura pas nécessairement plus d’argent, il n,y en a pas nulle part.», laisse-t-elle tomber. «Si vous avez un plan d’eau, n’attendez pas d’avoir des cyanobactéries pour agir», prévient Michel St-Pierre, conseiller ministère de la Sécurité civile.
Le règlement: toutes interventions de contrôle de la végétation, dont la tonte de gazon, le débroussaillage, l’abattage d’arbres et l’épandage d’engrais, sont interdites dans la rive de tout lac et cours d’eau mesurée à partir de la ligne des hautes eaux; lorsque la rive n’est pas occupée par de la végétation à l’état naturel, des mesures doivent être prises afin de la renaturaliser, selon les modalités préconisées dans le Guide des bonnes pratiques relatives à la protection des rives, du littoral et des plaines inondables du MDDEP, dans un délai de 24 mois (végétaux herbacés, arbustifs et arborescents) et ce, sur une bande minimale de 5 mètres en bordure du lac ou du cours d’eau, mesurée à partir de la ligne des hautes eaux.