Une Caisse… pas si populaire…

Par Thomas Gallenne

Guichet automatique à Saint-Adolphe-d’Howard

Vendredi soir dernier, entre 150 et 200 personnes s’étaient amassées au centre récréatif de Saint-Adolphe-d’Howard afin d’entendre le maire de la municipalité, présenter les derniers développements dans le dossier du retrait du guichet de la Caisse Desjardins. Incompréhension et frustration plombaient l’assemblée.

En introduction, le maire Réjean Gravel a rappelé que c’est lors d’une rencontre le 20 septembre dernier avec le directeur général de la Caisse Desjardins de Sainte-Agathe-des-Monts, Jacques Laramée,  que ce dernier l’aurait mis au fait de la fermeture prochaine de l’unique guichet automatique du village. «Ce que je trouve scandaleux dans cette histoire, c’est que la Caisse nous ait mis devant le fait accompli, ajoute le maire du même souffle. Leur décision était planifiée depuis longtemps.» En 2007, la Caisse populaire décidait de fermer sa succursale de Saint-Adolphe, pour des questions de rentabilité, arguant le fait qu’un guichet automatique serait suffisant.

Le maire Gravel a invité la population à signer une pétition contre le retrait du fameux guichet. La municipalité demande du même coup au ministre des finances du Québec d’ajouter à l’article 377 de la Loi sur les coopératives financières, «que le CA des caisses populaires avisent les autorités municipales, et ce dans un délai raisonnable, de leur plan de redressement.»

Plusieurs appuis

Les maires de Morin-Heights et Wenworth-Nord, Tim Watchorn et André Genest étaient présents, en appui envers la communauté adolphine. Yvan Chen, conseiller municipal de Sainte-Agathe et ancien président du conseil d’administration de la Caisse populaire de Sainte-Agathe pendant dix ans, a rappelé la restructuration organisationnelle qu’a connu le Mouvement Desjardins depuis la dernière décennie, entraînant du même coup une perte de pouvoir des caisses locales. «Sachez que votre Caisse était rentable, a-t-il lancé. Et souvenez-vous que vous avez encore un pouvoir de décision, soit un membre, un vote. Si la Caisse est rendue ce qu’elle est, c’est grâce à vous, à la communauté!»

Le maire a également rappelé que la Fédération québécoise des municipalités et la Municipalité régionale de comté appuyaient la municipalité dans sa démarche de vouloir sauvegarder le guichet automatique.

Malgré ce qui semble être une décision arrêtée, Réjean Gravel a envoyé des lettres au directeur général, aux membres du conseil d’administration ainsi qu’aux membres du comité de surveillance de la Caisse de Sainte-Agathe, afin de surseoir à leur décision pour un délai de six mois. «Je les ai rencontré le 12 octobre dernier, afin de trouver un terrain d’entente, a raconté le maire. Mais je me suis fait répondre qu’il n’était pas question de surseoir à leur décision.

De nombreux citoyens déçus

On pouvait lire la tension sur les visages préoccupés des citoyens présents dans la salle. «Ça fait 60 ans que je suis membre de la Caisse populaire, raconte André Pagé, 83 ans, et cette décision me déçoit beaucoup.» Il dit avoir appelé à la Caisse populaire de Sainte-Agathe suite à la réception d’un document informant les membres de la fermeture prochaine de leur guichet. Il voulait savoir comment il allait se débrouiller sans guichet. «M. Laramée m’a rappelé pour me parler des services offerts aux membres, par internet ou téléphone. Mais comme de nombreux aînés, je n’ai pas l’internet et le téléphone c’est pas pratique, répond M. Pagé. Comment on va faire pour avoir de l’argent liquide?» Les commerces locaux ne peuvent-ils pas dépanner les résidents? «L’épicerie ne veut pas qu’on retire de l’argent à la caisse, répond sa femme, Lucille Pagé, 77 ans. Et ma sœur qui n’a pas d’auto, comment va-t-elle faire si elle doit se rendre jusqu’à Sainte-Agathe? Pour Manon Choquette et François Huneault, propriétaires de la compagnie Zanimo, le départ du guichet leur pose un problème. «On avait changé d’institution bancaire pour aller avec Desjardins car le guichet était bien pratique pour faire nos dépôts de chèques, racontent les entrepreneurs. Mais s’ils l’enlèvent, on ferme notre compte.»

L’exode des services

Plusieurs citoyens – y compris le maire – se sont interrogés sur les desseins du Mouvement Desjardins, rappelant la mission première énoncée par son fondateur Alphonse Desjardins, à savoir de «contribuer au mieux-être économique et social des personnes et des collectivités». «Autrefois, on bâtissait un village autour d’une église, d’une école et d’une caisse populaire, rappelle Réjean Gravel. Aujourd’hui, alors que les gens quittent Montréal pour venir s’établir dans les Laurentides, on assiste à un exode de nos services.»

Le conseil et les citoyens ne comptent pas en rester là et ont l’intention de réfléchir à des solutions alternatives. Toutes les bonnes idées sembleront les bienvenues.

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