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Un souper presque parfait

Par Josée Pilotte

Ça peut sembler banal comme histoire, mais croyez-moi elle ne l’est pas du tout. Et comme toutes les histoires peu banales, la fin de celle-ci risque d’en choquer plus d’une…

Chéri étant à l’extérieur ce mercredi-là, j’étais seule en tête-à-tête avec mes fils. Chose plutôt rare. J’en étais, je dois le dire, aux oiseaux: j’allais profiter de cette soirée pour vivre un moment «privilégié» avec eux.

 

Même mon grand ado m’a fait l’honneur ce soir-là de sortir du sous-sol un peu plus tôt que d’habitude. Il a daigné articuler deux-trois mots particulièrement bien sentis et, avouons-le, de circonstance: «Hey m’man!, qu’est-ce qu’on mange à soièrrrr??»

 

Pastas!, ai-je lancé presque en chantant sur l’air du basilic fraîchement coupé qui allait se retrouver à la toute dernière minute dans la sauce tomate qui, elle, cuisait bien tranquillement sur le feu. Une vraie Julia Child!

 

Car, oui, j’avais poussé mon bonheur jusqu’à laisser planer, tout comme cette odeur de basilic, ma fameuse playlist-nostalgique-quétaine des années ‘70. Du Bread pour tout vous dire.

J’ai même osé m’ouvrir une bonne bouteille de rouge. Bon là, je dois avouer avoir eu plus de difficulté. Culpabilité? Je ne sais pas trop. On m’a toujours dit que boire seul dans son salon, ça faisait loser. C’est tellement ancré, ce sentiment de culpabilité, que j’ai texté une amie pour lui demander:

– «Penses-tu Nat, que ça fait loser si je virevolte seule dans ma cuisine avec un verre bien plein de Bordeaux en chantant du Bread à tue-tête?

– Hein?! Tu racontes quoi là, Jopi??!

– Ben penses-tu que je peux prendre un verre de vino même si je suis seule et même si on est seulement mercredi?

– J’espère que tu me niaises-là, Josée…»

Nathalie a bien raison: au diable la culpabilité, ce soir, on fête! Et entre vous et moi, la tentation existe bien pour que l’on y cède une fois de temps en temps, non?! J’étais donc comblée. Comblée de tous ces petits riens qui font tant de bien à l’âme.

 

On a mangé les trois sur l’îlot. On a papoté de tout et de rien. Les pâtes étaient exquises…

Et, vous n’allez pas le croire… mais ils ont fait la vaisselle avec le sourire (presque), et sans se chamailler. La vita è bella!!!

 

C’est là, à ce moment bien précis, que j’ai lancé ma phrase assassine: «Et si on allait prendre une marche les gars?!»

 

– Une, quoi? Ah non!, par exemple…

 

Vous n’allez pas me croire encore, mais j’ai gagné.

Vive la culpabilité!!! Ben non, je rigole, je leur ai tordu à peine le bras!

 

On a erré comme ça dans les bois une bonne heure. Le chien sautait partout, surtout dans tous les ruisseaux que nous enjambions sur notre chemin.

Je me suis fait, avec l’aide de mon petit Lou, un bouquet vert. Je vivais à cet instant mon moment privilégié avec mes hommes, les hommes de ma vie…

 

Nous sommes rentrés le cœur joyeux et le chien sale. J’ai demandé à Lou de venir m’aider à le laver à l’arrière de la maison. Vêtus de nos gougounes, moi la couette sur la tête en camisole-pas-de-brassière, m’agitant en tous sens… Le plein bonheur, je vous dis, la conclusion d’une soirée parfaite!

«Frotte plus fort Lou, surtout les pattes…»

Il lève la tête vers moi, nos regards se croisent, le sien descend un peu…

« Ichhhh maman messemble que… euh… ben ça pendouille tes affaires!»

Je me redresse d’un bond, saisie, plaquant par réflexe les deux mains sur ma poitrine.

– Ben là, on se garde une p’tite gêne mon homme.

 

Ouf!, on n’échappe pas à la loi de la gravité me suis-je dit le sourire en coin.

Et puis franchement, qu’à cela tienne, même Julia Child a dû voir quelques-uns de ses soufflés se dégonfler!

 

Allez! Bonne vacances!

 

 

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