Festival des films du monde
Après quelques années de vaches maigrelettes, notre Festival des Films du Monde de Montréal (FFM) semble avoir repris du poil de la bête. Selon une tradition solidement établie, son fondateur-président Serge Losique et sa directrice générale Danièle Cauchard, nous ont concocté un «à la carte» qu’on peut qualifier de pantagruélique: 430 films dont 227 longs métrages à déguster du 26 août au 6 septembre. Avec une notable différence qu’il convient de souligner. S’il fut encore question, lors de la récente et sempiternellement monotone conférence de presse du FFM, d’incitation à l’exploration d’horizons nouveaux, de découverte d’auteurs aujourd’hui inconnus et peut-être célèbres demain, le programme qui nous fut dévoilé abonde en réjouissantes surprises. Généreux en valeurs sûres, en noms connus et reconnus, il devrait faire le bonheur tant des cinéphiles que des festivaliers friands de célébrités.
Un menu de grand chef
À tout seigneur tout honneur: Gérard Depardieu, l’astre incontesté du cinéma français, nous est promis. C’est confirmé. Offert en dessert de notre banquet filmophage, ce monument du grand écran viendra donner une «Leçon de cinéma» dans l’après-midi du 6 septembre. Une journée qui promet d’être mémorable et qui se terminera avec la projection, en soirée de clôture, du dernier film de Bertrand Tavernier La Princesse de Montpensier, roman d’un amour contrarié, visuellement magnifique dans sa représentation d’une page sanglante et passionnée de l’histoire de France en pleine guerre de religion.
Réunion de famille au FFM? Il semble bien, puisque l’actrice Julie Depardieu, fille du célébrissime père sera en vedette avec Pascal Greggory et Louis Garrel dans Le mariage à trois, dernier opus du réalisateur Jacques Doillon (Ponette; Le Premier venu) l’un des cinq films représentant la France dans la section Compétition mondiale. Et en prime, c’est Gérard le père que nous verrons au grand écran dans La Tête en friche, dernier né de Jean Becker (L’Été meurtrier; Les Enfants du Marais), sélectionné Hors concours. Dans ce même volet, les cinéphiles auront le bonheur de renouer avec le grand maître du cinéma espagnol Carlos Saura (Le Septième jour: Carmen) qui viendra présenter Flamenco, Flamenco en première mondiale. Autre maître, autre bonheur anticipé avec le metteur en scène Zhang Yimou (Épouses et concubines; La Cité interdite), figure de proue du cinéma chinois dont nous verrons la comédie que l’on dit irrésistible A Woman, A Gun and a Noodle Shop, sorte de remake distant de Blood Simple, le premier film des frères Coen. Tout un programme! Du réalisateur géorgien Otar Iosseliani (La Chasse aux Papillons; Adieu, plancher des vaches!) dont l’oeuvre singulière fut souvent récompensée aux festivals de Venise et de Berlin et qui – ses films bannis en Russie soviétique – tourne depuis des années en France – nous verrons Chantrapas, présenté avec succès au dernier Festival de Cannes.
Cinéma d’ici
C’était en août 2003. Présenté en ouverture du FFM, un film québécois émouvant ralliait public et critiques et remportait le Grand Prix du Jury. Titre: Gaz Bar Blues. Auteur: Louis Bélanger. Un récidiviste, c’est évident. Après sept ans et quelques autres films, voici que l’histoire se répète. C’est à Louis Bélanger qu’est dévolu l’honneur d’ouvrir le FFM avec son tout dernier long métrage, Route 132, présenté en compétition. Également en lice pour le Grand Prix des Amériques, Tromper le silence, deuxième long métrage de Julie Hivon (Crème glacée, chocolat et autres consolations). L’Office national du film sera bien entendu de la fête avec quatre premières mondiales: Le cirque court métrage d’animation de Nicolas Brault en compétition ainsi que trois documentaires: Enfants de soldats de Claire Corriveau; Avoir 32 ans de Robbie Hart et Luc Côté et Quand toutes les feuilles seront tombées d’Alanis Obomsawin.
Prestigieux jury
C’est sous l’égide d’un remarquable jury que se disputera la course au Grand Prix des Amériques. Son président, le Danois Bille August, deux fois Palme d’or au Festival de Cannes (Pelle le conquérant, Les Meilleures intentions) partagera sa délicate mission avec, entre autres personnalités, Irène Bignardi, critique italienne de grande réputation et ancienne directrice artistique du festival de Locarno; le réalisateur français Edouard Molinaro (La Cage aux folles); Lijung Tang, directrice des festivals de film et de télévision de Shanghai ; l’Égyptien Marwan Hamed auteur du beau film L’Immeuble Yacoubian ; Igor Minaiev, réalisateur russe et français d’adoption (Inondation, Loin de Sunset Boulevard) et la formidable actrice canadienne Anne-Marie Cadieux qu’on a pu voir récemment au grand écran dans The Trotsky de Jacob Tierney, Tout un jury!
Avis aux amateurs de cinéma québécois: des séances gratuites seront présentée sur la Grande-Place du Complexe Desjardins.
Les passeports donnant accès à toutes les projections – soirées d’ouverture et de clôture exclues – sont disponibles. Le prix: 100$