Guérie de la douleur, une Adéloise publie le fruit de ses découvertes
Une ex-directrice de laboratoire en microbiologie et immunologie a vu sa vie basculer une année après sa retraite. Il aura fallu trois ans à Jacqueline Lagacé pour comprendre l’origine de son inflammation chronique. En 16 mois, elle a mis fin à son martyre. Les résultats de ses recherches se trouvent dans un livre-choc quelle vient de publier aux éditions Fides.
Jacqueline Lagacé, Ph. D., est native de Chicoutimi. Durant 17 ans, cette Adéloise d’adoption s’est vouée à l’enseignement et la direction de thèses en microbiologie et immunologie à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, en plus d’être à la tête d’une équipe dans un laboratoire de recherche.
En 2003, elle et son mari s’établissent dans les Laurentides pour s’offrir une retraite dorée. À peine un an plus tard, Jacqueline Lagacé commence à ressentir des douleurs aux articulations. Elle souffrait périodiquement de maux de dos depuis l’âge de 30 ans, époque à laquelle elle subit une collision entre autos tamponneuses. Cette fois, le mal semblait s’installer pour de bon.
L’arthrose attaque ses genoux et ses mains. Les crises sont parfois si aiguës qu’elle n’arrive plus à fermer l’oeil. Le médecin qui l’examine estime qu’elle n’a rien. La jeune retraitée avale des Tylenol pour calmer la douleur. On estimait à près de trois ans avant son rendez-vous chez un rhumatologue. Un interniste lui prescrit alors du Celebrex. Le médicament lui cause de violents maux de tête et la douleur s’atténue à peine. De leur côté, les traitements parallèles tels que l’ostéopathie, l’acupuncture ou la kinésithérapie lui offrent tout au plus des soulagements passagers. À son mal intolérable s’ajoute l’insomnie.
Son expérience à profit
Pour la chercheuse, la situation est catastrophique. Jacqueline Lagacé avait pratiquement perdu l’usage de ses mains. Elle n’était plus en mesure d’ouvrir une simple bouteille d’eau. Pour remédier à ses problèmes de genoux, on lui propose des prothèses
artificielles. «J’étais frustrée, confie-t-elle. Même si j’avais droit à toutes les recherches universitaires, je ne trouvais rien. Pas même sur Arthrite Canada.»
Comme elle avait développé certaines intolérances alimentaires, Jacqueline Lagacé a pensé que la solution se trouverait peut-être du côté de la nutrition, un domaine peu étudié dans le monde de la médecine. «Je me suis dit: je ne quitte pas l’écran d’ordinateur tant et aussi longtemps que je n’ai pas trouvé quelque chose.»
Après plusieurs heures de recherche intensive, elle tombe sur les travaux du Dr Jean Seignalet, un médecin-chercheur français spécialisé en immunologie et rhumatologie qui, après avoir constaté l’incapacité de ses pairs à soigner les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques, s’est finalement tourné vers la nutrithérapie. Il a publié une brique de 600 pages au contenu complexe dans laquelle se trouvait la solution. Des 115 maladies inflammatoires chroniques qu’il a traitées, 91 ont réagi positivement à son «remède». En bannissant les produits laitiers et les céréales, 80% de ses patients ont connu une rémission de la maladie et une disparition quasi totale des symptômes.
Sceptique, Jacqueline Lagacé essaie le régime, même si celui-ci lui réclame d’importants sacrifices: plus de lait, ni beurre, ni yogourt, fromage ou tout autre produit laitier. Adieu pain de blé entier. Un changement radical d’alimentation, qui se rapproche davantage du mode nutritionnel ancestral. Mais au bout de 10 jours, les douleurs avaient disparu. «Je n’en revenais pas!» lance-t-elle. En 16 mois, elle s’est complètement libérée du mal. Le 1er novembre 2008, en rémission complète, elle s’asseyait de nouveau à l’ordinateur, cette fois pour étayer ses découvertes, synthétiser le travail du Dr Seignalet et pondre «Comment j’ai vaincu la douleur et l’inflammation chronique par l’alimentation».
En plus d’expliquer en détail les liens entre maladie et nutrition, l’auteure y va d’une charge contre les industries de la santé et de l’alimentation. Pour elle, les gouvernements sont bien au fait de la situation, mais minimisent l’ampleur du phénomène. «Changer nos habitudes alimentaires n’est plus une question de choix mais une nécessité, écrit Jacqueline Lagacé. En ce qui concerne les substances toxiques contenues dans l’alimentation industrielle, c’est la population qui doit exiger de nos gouvernements qu’ils prennent leurs responsabilités et obligent les industries alimentaires et pharmaceutiques à cesser de ne viser uniquement que leurs profits et à assurer la santé de la population en adoptant un comportement éthique et responsable.»
Le lancement du livre a eu lieu le 17 mai dernier, aux éditions Fides, en compagnie d’une cinquantaine de personnes. Prochaine étape, un livre de cuisine, afin d’outiller les gens prêts à entamer un virage santé majeur dans leur assiette.