Le bon sens, bon sang!

Par Éric-Olivier Dallard

«Ce sont les révélations estivales de l’hebdomadaire Accès Laurentides qui font jaser à Sainte-Adèle», écrit cette semaine le journaliste Michel Munger dans La Presse Affaires. Oui, votre hebdo fait jaser, et ses lecteurs et leurs élus.

Leurs opinions respectives sur notre travail sont bien souvent diamétralement opposées. Pourquoi les intérêts de certains hauts administrateurs municipaux sont-ils à ce point éloignés de ceux du citoyen laurentien? Que traduit réellement cet écart?

Dernière illustration en date: sur fond de grogne des (ex-)conseillers de l’équipe Cardinal, la nonchalance du maire et de l’administration adéloise sur le dossier de l’eau potable. Rien pour affamer le cynisme ambiant.

Tout baigne?

Mise au courant il y a plus d’un an des risques que représentaient les ouvertures existantes du bassin d’eau potable du Somme bleu, la Municipalité de Sainte-Adèle a dû attendre qu’Accès et ses journalistes s’inquiètent et que le propriétaire des lieux expédie une énième mise en demeure… pour finalement bouger, vider le bassin des animaux morts et autres immondices qui s’y trouvaient, boucher les entrées par lesquelles les bêtes s’invitaient (un type d’ouverture inacceptable selon une directive du Ministère de l’environnement), etc…

Plus d’un an! Pour la célérité, on repassera. (Du reste, le maire Jean-Paul Cardinal a agi avec la même (absence de) «vision» dans le cadre du dossier de son DG. Le mot d’ordre: atermoyer. La population attend toujours les résultats de l’enquête, annoncée il y a deux mois; et elle paie toujours le salaire d’un DG absent.)

Putain ça penche (On voit le vide à travers les planches… Let’s dance!)

Rappelons deux choses au passage: l’eau provenant du bassin alimente 200 résidences adéloises; et elle n’est pas filtrée entre le bassin et les robinets des citoyens.

Autrement dit: dans l’eau que vous buviez, avec laquelle vous vous laviez, avaient baigné les bestioles que nous vous présentons en photos sur la page couverture de cette édition. Bon appétit, citoyens. Et un verre (d’eau trouble) à la «santé» de votre Maire, qui se préoccupe tant de la vôtre!

Lors d’une conférence de presse (improvisée?) lundi – et à laquelle Accès n’a pas été convié – tout ce que le maire a déclaré c’est qu’il tenait à souligner «l’excellent travail de la Municipalité» dans ce dossier… Et dire que, commentant le dossier, Michel Savard, de la Direction de la santé publique des Laurentides, a parlé de «risque à la santé pour la population»…

Ah oui!, le maire a aussi ajouté autre chose lors de ce point de presse: «L’insouciance et la témérité du journal Accès Laurentides pour la production d’un article sensationnaliste qui eut pour effet d’apeurer la population ne sont pas appréciées; les citoyens en ont assez du Sainte-Adèle bashing».

Nous avons fait preuve d’«insouciance» et de «témérité»? Nous avons «apeuré la population»? Vous vous chargez très bien de tout cela tout seul, Monsieur le Maire.
«Sainte-Adèle bashing»?!

Vous vouliez sans doute plutôt parler de «washing», non?!

L’été en pente douce

J’ai souvent pensé qu’il fallait à Accès un courage un peu fou pour prendre la parole tout en la donnant véritablement aux citoyens (par le biais de l’expression de leurs véritables préoccupations); un courage fou pour triompher des connivences et des conventions presque institutionnalisées dans certaines municipalités; un courage fou, qui est allé même jusqu’à forcer – oui, nous pouvons maintenant le dire – l’ensemble du journalisme laurentien à se réinventer. En fait, ce courage d’Accès s’est fondé d’abord sur la rigueur, la probité et la passion de ses journalistes André Bérard et Nathalie Deraspe, et sur le talent de son photographe Vincent Éthier; il s’est fondé aussi sur la qualité et la confiance de ses sources et de ses lecteurs.

Oui, je l’ai souvent pensé, ce courage. J’en ai eu des nuits froides et des sueurs blanches. Jusqu’à ce 11 septembre. Noir. Lumineux. Car il est encore dix fois plus courageux que le nôtre, le courage de ces cinq (ex-) conseillers de l’équipe Cardinal qui, au-delà de leurs divergences sur maints dossiers, se tiennent aujourd’hui debout, ensemble, pour crier leur dégoût de pratiques démocratiquement inacceptables, et lancent ce formidable désaveu groupé: une défection en règle.

Souhaitons-leur maintenant, enfin, une pleine souveraineté.

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