Photo : Nordy - Davy Lopez

Victime d’agression sexuelle : « inadmissible que ça se soit passé dans un camp de jour »

Par Luc Robert

Une fillette du camp de jour du FC Boréal à Prévost, âgée de 6 ans, aurait été victime d’agressions sexuelles par un autre jeune âgé de 13 ans, les lundi 4 et mardi 5 août derniers.

« Nous confirmons qu’une enquête est en cours, relativement à des événements qui auraient eu lieu au début d’août à Prévost, pour des possibles actes à caractères sexuels. Un suspect mineur a été arrêté et ensuite libéré, sous promesse de comparution à une date ultérieure au Palais de justice de Saint-Jérôme. L’enquête se poursuit et nous n’émettrons aucun autre commentaire », a spécifié la sergente Ève Brochu-Joubert, du service des communications de la Sûreté du Québec (SQ).

Selon le père de la fillette, c’est à la maison que l’histoire est sortie du sac. « Le jeudi, ma fille a raconté les deux événements à son amie, lors d’une baignade à la piscine familiale. Les informations étaient très précises et nous avons appelé la SQ aussitôt. La petite a rencontré trois personnes, soit des enquêteurs et des intervenants. Ils l’ont trouvée très articulée pour son âge et brave dans les circonstances. Ils ont procédé ensuite. Les séquelles sur ma fille sont visibles. De nature enjouée, il lui arrive de rester gelée ou d’être distante. Nous avons été mis en contact avec le CAVAC (Centre d’aide aux victimes d’actes criminels), pour en apprendre sur les programmes et l’aide psychologique disponibles. Elle sera suivie pendant quelques semaines, pour voir si d’autres traumatismes apparaissent. Nous trouvons inadmissible que ça se soit passé dans un camp de jour, où c’est supposé d’être supervisé. Je crains que d’autres enfants aient été placés en danger en laissant sur place le présumé agresseur, après les gestes », a tonné le père en entrevue téléphonique.

Revoir les procédures

La direction du FC Boréal a tenu à apporter sa version des faits. « Le jeudi 7 août dernier, en début de soirée, le directeur général Francis Montpetit a été informé qu’une fillette de 6 ans aurait subi une agression sexuelle dans les toilettes du terrain de la Rivière-du-Nord de Prévost. Très rapidement, au cours de cette même soirée, M. Montpetit est entré en contact avec la policière au dossier […]. À la demande de la Sûreté du Québec de Prévost, le club a dû s’abstenir de contacter la famille du garçon ciblé dans l’immédiat, ou de l’expulser sur la base des révélations. Selon le service de police, le dossier devait d’abord être transféré à un enquêteur, afin de faire la lumière sur les événements. Toujours à la demande de la SQ, le garçon a pu fréquenter le camp le lendemain, en faisant évidemment l’objet d’une surveillance accrue de la part de notre personnel. Cette journée a été sa dernière présence au camp », est-il souligné dans un communiqué du FC Boréal.

De son côté, la Ville de Prévost demande au FC Boréal de revoir son fonctionnement afin d’assurer la sécurité des campeurs. « Nous allons demander immédiatement à l’organisme impliqué de revoir l’ensemble des mesures de sécurité dans ses camps de jour. Notre priorité absolue est de protéger nos enfants et de garantir que de tels événements ne puissent pas se reproduire. La sécurité et le bien-être de nos enfants ne sont pas négociables. Nous agirons avec fermeté, compassion et détermination », a lancé le maire de Prévost, Paul Germain, sur sa page Facebook.

Les agressions sexuelles se seraient déroulées à deux occasions, aux toilettes neuves du terrain Rivière-du-Nord, dans le secteur Shawbridge à Prévost. Photos : Nordy – Davy Lopez

Le club de soccer est autonome, mais son quartier général est situé dans un bureau du pavillon Léon-Arcand, qui appartient à la Ville de Prévost, au Domaine Laurentien. Le FC Boréal tient par beau temps ses camps de jour aux terrains de soccer de la Rivière-du-Nord, qui ont été achetés au Parc régional de la Rivière-du-Nord par la Ville de Prévost il y a quelques années. Un bâtiment moderne comportant des toilettes a été édifié depuis l’acquisition, au terrain de baseball voisin. Situé près de la ligne du 3e but, il sert aussi aux joueurs de soccer, qui doivent emprunter un sentier de quelque 200 pieds pour s’y rendre, le long de la clôture du champ gauche. C’est dans ces toilettes qu’auraient eu lieu les agressions.

Poursuites ?

Le père de la fillette veut entamer des procédures légales dans le dossier. « Je suis en communications avec mes avocats, que ce soit pour une poursuite au civil ou autre. Nous avons espoir que les autorités portent des accusations de négligence criminelle. Ce n’est pas normal que des jeunes de 6 à 13 ans soient dans un même groupe et que le jeune agresseur soit resté là ensuite. J’ai trouvé bizarre que le responsable soit aussi jeune pour superviser une vingtaine d’enfants. C’est atroce de s’être fait répondre par un dirigeant qu’il ne pouvait rien faire. Ma fille est marquée. Sa mère a dû quitter son emploi pour la suivre et la rassurer. Ma fille doit être accompagnée à chaque visite à la toilette dans les lieux publiques, en plus de dormir aux côtés de son frère en raison de multiples cauchemars. Elle demeure craintive en tout temps », a-t-il ajouté.

Communication aux parents

Après une discussion avec l’enquêteur, le vendredi 8 août en après-midi, le FC Boréal a informé les familles du camp de jour. « Nous avons fait parvenir un courriel à tous les parents d’enfants ayant fréquenté le camp au cours des mêmes journées que le jeune, à la demande de l’enquêteur. L’objectif était de savoir si d’autres jeunes auraient pu être victimes d’actes répréhensibles. Ce courriel, ainsi que les coordonnées de l’enquêteur au dossier, ont été envoyées sur le champ. »

« Quant au reproche que nos éducateurs sont jeunes, je peux dire que nous avons une fille âgée de 16 ans, ainsi que trois garçons de 19 ans, deux de 20 ans et un de 23 ans. Ils ont tous les prérequis et leur casier est vierge. Nous gérons avec succès 1 800 joueurs de soccer. Le jeune participant, qui serait l’agresseur, ne fait pas partie de nos équipes. Il participait à un camp de jour. De plus, nous n’avons en aucun cas refusé d’offrir des réponses au père de la victime », a exprimé M. Montpetit.

Réactions émotives

Le directeur général du FC Boréal certifie qu’il a agi promptement dans le dossier. « Nous avons suivi les directives policières à la lettre et continuons de collaborer entièrement avec elles. On m’a accusé de tous les torts, mais je veux que justice soit rendue, selon ce que l’enquête démontrera », a souligné en entrevue M. Montpetit.

« Une convocation a de plus été envoyée aux employés du FC Boréal, à qui un soutien psychologique sera fourni par notre organisme, en cas de besoin. Nous nous engageons à prendre les mesures nécessaires à la suite de l’enquête, dans le but d’assurer la sécurité des jeunes en tout temps, lorsqu’ils nous sont confiés », a-t-il achevé.

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