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Canadian Tire à Saint-Sauveur: Ailleurs!

Par nathalie-deraspe

 

Un mois et demi après qu’Accès eut annoncé en primeur la venue éventuelle d’un Canadian Tire à Saint-Sauveur, l’opposition s’organise. Lors de l’assemblée de conseil de Ville de lundi soir dernier, une foule d’au moins 150 personnes s’est déplacée pour venir dénoncer ce méga projet.

 

Dès avril, les premiers à critiquer l’arrivée de cette bannière à Saint-Sauveur avaient bien avisé le maire: ils seraient nombreux à barrer la route au projet. Paul Leclerc était du nombre. Le Sauverois a pris la tête d’un comité de citoyens afin de rallier un maximum de personnes à sa cause. Il a distribué 600 feuillets aux résidents des secteurs visés. Un travail fait en collaboration avec Michel Roy, un autre opposant directement affecté par le projet de construction. Ce dernier est d’ailleurs un des rares à avoir vu les plans préliminaires. Il a indiqué que la bâtisse à venir mesurait 368 pieds de long. «Un mur de brique du Versailles au Motel Jolibourg.»

 

Un non massif

Quinze minutes avant l’ouverture de la séance, les gens commençaient déjà à affluer. La salle s’est remplie rapidement, si bien qu’une bonne dizaine de résidents est demeurée entassée à la sortie. 

 

La première période de questions a paru interminable. Le maire a bien tenté de ramener les interventions à deux minutes, mais le tollé qui s’en est suivi l’a forcé à se raviser. «Nous allons entendre tout le monde, même s’il faut partir d’ici à deux heures du matin.» Par la suite, Michel Lagacé a dû fait plusieurs rappels à l’ordre. Les quelques rares personnes à se prononcer en faveur du projet ont été vivement rabrouées. Paul Leclerc dira plus tard qu’il s’agissait uniquement de gens liés au promoteur dans le dossier.

Les commentaires négatifs se sont succédés durant 90 minutes.Michel Kieffer a ouvert le bal en posant une question plutôt crue. «Est-ce que la devise de notre ville serait

devenue: Think big ‘sti?»

 

Ce dernier a salué au passage le courage de

Normand Leroux, seul conseiller à s’opposer publiquement au projet et a proposé en guise de conclusion d’acheter ce terrain pour y construire un centre sportif régional avec piscine, le tout sous l’égide de la MRC. Une proposition qui fut accueillie par une salve d’applaudissements.

 

Ils étaient d’ailleurs plusieurs à suggérer le rachat du terrain, soit pour reconduire le projet de piscine, faire un jardin communautaire, ou développer une idée qui soit plus en accord avec les intérêts des citoyens et le caractère bucolique de Saint-Sauveur.

 

Les critiques ont de plus indiqué leurs inquiétudes par rapport au bruit et à l’augmentation de l’achalandage routier à l’entrée du village. Circuler à Saint-Sauveur est déjà ardu. On apprenait lundi que le projet nécessitera la construction de deux entrées. L’une au sud et l’autre au nord de la résidence pour personnes âgées Les légendes du Nord. «Faut pas se le cacher. À venir dans la ville, on va se promener à pied et à bicyclette», a soutenu le maire. Michel Lagacé a annoncé en primeur que des trottoirs sont justement prévus de la rue Principale aux Factoreries de façon à créer des passages piétonniers dans ce secteur.

Parmi ce flot de critiques, Chantal Rochette, membre de longue date du Comité consultatif d’urbanisme de Saint-Sauveur. Cette dernière était en vacances quand la décision a été prise. Elle a appris la nouvelle par les journaux et s’est dite offusquée par cette annonce. «On ne lit pas les avis publics, a-t-elle confié. On a dormi sur la switch, moi la première.» Et Chantal Rochette est catégorique. Les infrastructures de Saint-Sauveur ne permettent pas un tel projet. «Le chemin du Lac

Millette n’est pas capable de supporter ça.»

 

Le maire a rappelé que la dérogation souhaitée ne fera qu’autoriser la construction d’un atelier automobile accessoire à un commerce d’au moins 4 000 mètres carrés. Le règlement actuel permet déjà d’ouvrir la voie à n’importe quel autre magasin du genre, y compris un Wal-Mart ou un Rona régional.

 

Le comité d’opposition promet de frapper à nouveau. Une pétition devrait circuler dans les jours qui suivent. On veut ainsi forcer la Ville à tenir un référendum auprès de toute la population sauveroise. Pour l’instant, seuls les résidents de la zone à être développée et ceux des secteurs contigus seront appelés à se prononcer.

 

Mais les opposants pourraient perdre cette bataille. Québec songe à resserrer ses règles concernant les référendums. Si l’avant-projet de loi sur l’aménagement durable du territoire et l’urbanisme va de l’avant avec la création de zones franches, le recours aux référendums ne serait plus permis à ceux qui s’opposent aux projets quand des consultations préalables ont été tenues. La Chambre des notaires craint que sans ce garde-fou, on laisse place à l’arbitraire et à la magouille. Les entrepreneurs en construction ont pour leur part manifesté leur soutien au gouvernement en commission parlementaire.

 

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