Ces héros du quotidien – Partie 4
Par Rédaction
En lisant le journal Accès, Dan Nicolae pose les yeux sur un appel à tous pour recueillir des témoignages dans la série « Ces héros du quotidien ». Immédiatement, il pense à Marie-Michèle Bigras, l’infirmière clinicienne qui a accompagné jusqu’à sa mort son conjoint, décédé d’un cancer à leur domicile en septembre dernier. Rencontre.
Il est 16h15 quand j’arrive chez Dan Nicolae, un citoyen de Sainte-Anne-des-Lacs d’origine roumaine. Il me prépare un double expresso. Dehors, il fait déjà presque noir.
Son conjoint René et lui se sont installés dans cette maison il y a deux ans. René venait de prendre sa retraite, à 60 ans. Le 2 juin 2021, la mauvaise nouvelle tombe. Il crache du sang. À l’hôpital de Saint-Jérôme, on lui annonce qu’il est atteint d’un cancer métastatique au poumon. D’un coup, le souffle de Dan Nicolae et de René se coupe.
Accompagnés à domicile
Assis sur le divan du salon, Dan Nicolae ouvre un cartable rempli de documents médicaux. Il retrace les trois derniers mois de la vie de son défunt conjoint. Tout s’est passé vite.
René n’a jamais voulu finir ses jours dans une maison de soins palliatifs, préférant demeurer à la maison jusqu’à son dernier souffle.
Grâce au CLSC de Sainte-Adèle, il a pu avoir rapidement accès à plusieurs articles spécialisés, dont un fauteuil roulant, un lit électrique et une table adaptée.
Dan Nicolae pose une feuille devant moi qui contient une liste de noms et de numéros de téléphone de l’équipe médicale du CLSC de Piedmont : l’infirmière clinicienne Marie-Michèle Bigras, l’intervenante sociale Fanny Mailhot, la nutritionniste Josée Gascon, la physiothérapeute Valérie Champagne… Toutes des anges à ses yeux.
Au courant des dernières semaines, René recevait au moins deux visites par jour d’un membre de l’équipe soignante, souvent de Mme Bigras, en plus d’appels téléphoniques. « Durant ce cauchemar de trois mois, cette équipe-là a été le seul rayon de lumière qu’on a eu », dit Dan Nicolae.
Une équipe dévouée
« On traite nos patients comme on voudrait que notre famille soit traitée », explique Mme Bigras, rejoint le lendemain au téléphone. « Je m’occupe de mes patients comme si c’étaient mes parents qui étaient malades. »
L’infirmière clinicienne rencontre environ quatre patients par jour pour leur offrir des soins de fin de vie à la maison. Lorsqu’elle était chargée d’offrir des soins à domicile régulier, elle avait environ 70 patients. Elle s’occupe désormais d’une vingtaine de personnes.
« En soins palliatifs, on a moins de patients, ce qui nous permet de prendre plus de temps et d’établir une relation d’aide qui est plus profonde », explique-t-elle. « On rencontre tellement des belles personnes qui enrichissent notre quotidien et qui nous aident à grandir. La satisfaction de nos patients, c’est une partie de notre paye. »
En dépit d’un manque de personnel, l’équipe de soins de fin de vie à domicile du CLSC de Piedmont parvient à répondre à la demande 24 heures sur 24 grâce à deux infirmières de soir et de nuit.
L’équipe compte notamment quatre infirmières, une infirmière auxiliaire, une travailleuse sociale et un médecin. L’une des équipes couvre les secteurs de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson à Saint-Sauveur et l’autre, de Sainte-Anne-des-Lacs à Wentworth-Nord.
Une nuit éprouvante
La nuit du 8 au 9 septembre, une infirmière est venue rapidement au domicile du couple, à 4 h 30 du matin. Elle est demeurée là deux heures, le temps de calmer la détresse respiratoire de René. Elle lui a installé des papillons pour administrer trois types d’injection différentes, dont de la morphine.
« Quand tu vois la personne la plus proche de toi souffrir et que tu ne peux rien faire, ça fait extrêmement mal ».
Les yeux de Dan Nicolae se remplissent d’eau, sa gorge se noue. Le feu crépite dans l’âtre. La télévision, presque en sourdine, projette le téléjournal dans la pénombre. « Cette infirmière a fait des miracles. »
Jusqu’au 10 septembre, où René est décédé, la médication fera son effet, le rendant inconscient, ou presque.
Dan Nicolae regrette qu’à l’hôpital de Saint-Jérôme, son conjoint ait dû attendre plus de deux mois pour consulter un oncologue et dû passer plusieurs tests préliminaires. René n’a jamais reçu de traitement. Il a seulement pu être traité pour soulager sa douleur.