Entre farniente et colère

Par Frédérique David

CHRONIQUE

Pour plusieurs d’entre nous, c’est déjà la fin des vacances d’été. Un été marqué par une météo aussi changeante que les décisions de notre gouvernement qui semble devenu maître dans l’art d’essayer de faire passer un recul pour un investissement. Sauf qu’on sait encore compter. 570 millions de coupures en éducation annoncées en juin + 540 millions réinjectés en juillet, cela ne s’appelle pas un investissement, d’autant plus que le résultat reste négatif.

Et concrètement, cela se résume en une belle pagaille, beaucoup d’énergie dépensée pour rien et du temps perdu. Parce que les centres de service avaient déjà coupé dans les contrats octroyés en juin et dans les services aux élèves. Un paquebot de cette taille, cela ne fait pas demi-tour en une journée, surtout en plein mois de juillet. La rentrée scolaire s’annonce donc pleine de surprises et de beaux casse-têtes pour les gestionnaires.

Un autre demi-tour

Dans le même été, notre gouvernement a dû faire une autre volte-face concernant sa décision initiale et totalement inacceptable de refuser des places en garderie aux demandeurs d’asile. J’ignore comment il aurait justifié, en Cour suprême, une décision aussi discriminatoire à l’égard des demandeurs d’asile et particulièrement des femmes. Une telle mesure aurait eu des impacts importants sur les enfants concernés, qui n’auraient pas développé toutes les habiletés, notamment sociales et langagières, pour leur bon développement et leur intégration.

On manque de places en garderie, comme on manque de logements abordables, de travailleurs sociaux, d’orthophonistes, de places en francisation, etc. L’immigration n’est pas responsable de cette situation. Il faut cesser de pointer du doigt les immigrés qui subissent un système défaillant créé par un manque de vision de gouvernements successifs. Il faut plutôt s’occuper de cette population qui est la nôtre et de ces enfants qui sont notre société de demain en prenant des décisions pour améliorer les services à court et à long termes.

Des enfants affamés

Chaque jour, les nouvelles nous donnent des signes d’une société malade. À l’international, cela dépasse les pires scénarios jamais imaginés. J’ai passé l’été avec un sentiment de culpabilité et d’impuissance. Difficile d’apprécier son petit cocktail au bord d’un lac quand on sait qu’au même moment des enfants meurent de faim à Gaza. Des enfants innocents affamés par un homme qui agit en conquérant sans âme et sans scrupules. Un homme de plus en plus critiqué par ceux qu’il est censé représenter.

« Je suis juif. Ma femme est la fille de survivants de l’Holocauste. Je suis extrêmement critique envers Israël parce que je n’arrive pas à croire que des Juifs qui ont souffert pendant l’Holocauste font cela à d’autres personnes », déclarait Jon Allen, ex-ambassadeur du Canada en Israël dans une entrevue à La Presse. Jon Allen fait partie des 173 anciens diplomates canadiens qui ont signé une lettre, début août, pour demander à Mark Carney de reconnaître l’État de Palestine.

L’indignation qui nous habite

Tant d’humains autour de nous et partout dans le monde ressentent le même dégoût mêlé au même sentiment d’impuissance face aux décisions inhumaines de chefs d’états sans scrupules et visiblement malades. Pendant que nous soignons notre colère par quelques moments de déni les pieds dans l’eau, parce qu’il en va de notre santé mentale, l’homme aux cheveux jaunes fait remplacer les rosiers de la Maison blanche par des pavés. Des fleurs contre du béton, cela résume bien notre triste époque.

Une fleur dans le béton

Une toute petite nouvelle qui est passée inaperçue est arrivée comme une fleur sur le pavé. Je la partage ici pour ne pas vous laisser sur une note trop déprimante. Des ingénieures aux Pays-Bas travaillent sur la conception d’un spéculum vaginal indolore. Cela peut sembler futile, mais cet instrument utilisé à travers le monde pour des examens gynécologiques essentiels a été créé il y a 180 ans et jamais repensé depuis !

Les petites fleurs qui poussent entre les pavés, c’est un peu notre espoir d’un avenir meilleur. Laissons-les nous émerveiller !

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