Le dinosaure et l’ordinateur

Par Journal Accès

Suzanne St-Michel, Collaboration spéciale – En faisant mon enquête « Jobidon » – ce qui trahit mon âge – j’ai eu droit à des réactions inattendues et même offensantes à l’occasion. Tu es tellement avant-gardiste, nous allons te surnommer le dinosaure de l’ordinateur. Même notre « Curieux Bégin » national avoue qu’il en est un, l’aimez-vous encore?

Dans mon ancien travail, l’ordinateur était l’élément capital. À cette époque, à la maison, j’organisais mes voyages – Europe, Afrique, États-Unis – et j’aimais faire de la recherche sur Internet. En entrant dans ma nouvelle vie, l’omniprésence de Big Brother m’a beaucoup préoccupée. Ma vie privée vaut combien de sous avec toutes les traces que nous laissons en utilisant nos cartes de crédit, nos cartes fidélité (points), la recherche sur Internet et, non les moindres, Facebook et toutes les plateformes de ce genre… J’écris pour tous les dinosaures de ce monde, ils sont souvent plus actifs et leurs réseaux d’amis sont bien réels.
Les nouvelles technologies facilitent grandement la consommation de biens et services et les orgueilleux en paient cher le prix pour obtenir les plus récentes versions de cell, ordi et tous les bidules sur le marché. Je suis consciente des bienfaits des avancées technologiques dans plusieurs domaines dont la santé – augmentation du nombre de guérisons et de la durée de vie, etc., mais quand je suis au restaurant et que je vois un couple, chacun sur son cellulaire, même en mangeant, qu’aucune parole n’est échangée, je me demande si l’absence de partage est devenue le nouveau plaisir solitaire! Quand un employeur consulte systématiquement le site Facebook d’un candidat et que cette démarche fait partie intégrante du processus d’embauche, j’espère que ses photos sont décentes et que sa vie privée est bien protégée!
Enfin, on veut me faire croire que je suis seule dans cet état de « retardée »… je peux vous dire que, dans mon club de marche, cinq personnes sur 25 n’ont pas de cell. Selon Statistique Canada, 40 % de la population canadienne n’utilise pas un cellulaire et 30 % n’ont pas Internet. Peut-on vivre sans téléphone portable? La réponse est définitivement positive!
Avec les C.A., les comités et la rédaction d’articles, je me rends compte que le courriel est devenu indispensable. Jusqu’à présent, mon conjoint me donnait un coup de main, mais j’assume mes propres contradictions sur l’autonomie. La semaine passée, ma très chère amie Diane m’expliquait les raisons pour lesquelles elle avait changé son ordinateur et je lui ai répondu que nous pourrons bientôt communiquer par le biais de Skype… elle ne comprenait pas. Je lui annonce alors que j’aurai mon propre ordinateur portable d’ici quelques jours, elle a failli faire une crise cardiaque – encore une fois, est-ce une réaction inattendue ou offensante?
Mais quand je vois des personnes de 70 ans et plus se mettre à suivre des cours d’initiation à l’ordinateur pour pouvoir mieux communiquer avec leurs enfants et petits-enfants, pour briser le cercle vicieux de la solitude, retrouver d’anciens amis et s’informer sur l’actualité, cela me ramène à la réalité. Quand je les vois se prendre en main et arrêter la peur d’avoir peur, je réalise que je vais perdre bientôt mon statut d’antiquité et de dinosaure qui, en passant, a déjà disparu de la planète il y a bien longtemps!
Pour le moment, seuls mon conjoint et mon amie Diane sont au courant. Imaginez-vous quand mon réseau recevra mon premier courriel avec mon adresse à moi, ils ne le « créront » pas!
Si vous avez le goût d’apprendre, les bibliothèques municipales et services des loisirs offrent des cours d’initiation à l’informatique. Faites-vous confiance!
Suzanne St-Michel est membre de la Table des Aînés et de son comité de communication et membre du C.A. de Prévoyance envers les aînés et présidente du C.A. de la Rencontre de Ste-Marguerite-du-Lac-Masson.

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