Clémence DesRochers, c’est maintenant ou jamais!
Par Martine LavalDe retour au Patriote
Clémence DesRochers sera de retour au Patriote de Sainte-Agathe pour une toute dernière fois de sa carrière le samedi 9 avril. C’est maintenant ou jamais le temps de la voir ou de la revoir, car à 82 ans, cette fois-ci, c’est assez ! Elle boucle son aventure sur scène ! La voici qui nous parle…
Encore des spectacles à plus de 80 ans, vous avez bien de l’énergie, Clémence!
Il m’en reste quelques-uns encore, mais là, c’est vraiment vrai! Je l’ai dit plusieurs fois que c’était mes derniers spectacles, mais là, à 82 ans, c’est assez! Mais c’est un très beau spectacle! C’est le plus beau de ma vie! Je termine dans l’apothéose!
En quoi est-il le plus beau spectacle de votre vie, Clémence?
D’abord, parce que j’ai le bonheur de le partager avec Marie-Michèle (Desrosiers, une des plus belles voix du Québec). Et puis, il y a beaucoup de tendresse, de poésie. C’est un spectacle que j’ai conçu pour que les gens s’aperçoivent que j’écris (!). Je ne suis pas seulement quelqu’un qui fait rire. Il y a des textes qui chantent la Nature. Je chante Maman. J’ai mis de belles mélodies. J’ai mis ma folie aussi! Ce mélange qui fait que je suis unique, qu’on ne peut pas dire de moi que je suis une humoriste. Je ne le veux pas d’ailleurs! Je ne marche pas la scène, je suis plutôt plantée devant mon micro.
Parlons-en de ces thèmes, de ces messages que vous passez à travers ce magnifique dernier spectacle.
Ce ne sont pas des messages, mais des thèmes différents. Dans ma vie, j’ai voulu faire des spectacles pour échanger, être aimée. C’est comme ça que j’ai commencé. Pour qu’on me remarque. Moi qui étais perdue dans la foule à l’école, mais qui avais deux matières fortes : l’écriture et la récréation! J’ai choisi de m’en sortir en faisant du spectacle. Celui-ci est très équilibré!
Et puis, j’ai trois beaux musiciens : Steve Normandin – accordéon, piano, harmonica – chante avec moi et connaît par cœur tous mes textes. C’est un phénomène! Jean René – accordéon et guitare -, et Blanche Baillargeon – contrebasse -. Mon décor est une œuvre d’art qui représente la nature, ce que je suis, ce que je vis. Marie-Michèle a son tour de chant, et elle fait un numéro très drôle avec moi. C’est touchant, en même temps que c’est fou! Ça fait que les gens sortent de là enchantés (rires)… humblement!

« Mais le dernier spectacle chez vous à Sainte-Agathe, je me souviens, a été un des plus beaux. Je ne sais pas ce qui est arrivé! Il y avait quelque chose dans l’air que j’espère retrouver d’ailleurs! » – Clémence DesRochers. (Photo: Martin Alarie)
Mais on sort toujours enchanté d’un spectacle de Clémence!
Non, pas nécessairement! On n’est pas des mécaniques! On dépend beaucoup de son état d’âme à soi. Parfois, on dépend de la foule! Mais le dernier spectacle chez vous à Sainte-Agathe, je me souviens, a été un des plus beaux. Je ne sais pas ce qui est arrivé! Il y avait quelque chose dans l’air que j’espère retrouver d’ailleurs! Il faudrait que le public ramène le même air qu’il avait (rires)! On était tous sortis de scène tellement enchantés. J’espère que ce sera la même chose cette année. J’ai toujours été attachée au Patriote!
Quel constat faites-vous de la vieillesse?
Ah! C’est ben énervant! J’ai 82 ans, mais j’me sens pas comme une vieille! Je sais bien que le temps a passé et qu’il m’en reste moins que j’en ai eu, mais ce que je crains le plus, ce sont les malaises, les maladies épouvantables, la tristesse de voir partir des gens qu’on a beaucoup aimés. Les départs, les choses qui finissent c’est vraiment dérangeant. Je pense plus gravement en vieillissant que quand j’étais folle et jeune!
Y a-t-il une recette, un secret pour bien vieillir?
Ce qui est très bien dans la vie, c’est l’amitié, le rire qu’on oublie trop souvent. Moi ce que je trouve important, c’est de réunir des amis, de bien manger, faire de beaux petits voyages, pas trop longs. Mais chaque jour est différent. Pourquoi un matin je me lève plus triste que la veille? Je n’ai pas de recette moi. Je ne suis pas Ricardo. Janette est bonne là-dedans!
On dit qu’il faut avoir des projets. Après ces derniers spectacles, vous voyez ça comment?
J’aime bien dessiner, alors pour mon plaisir, je dessine. Parfois, j’en vends, parfois j’en vends pas, mais c’est pas grave. C’est le plaisir de dessiner et de créer. Je m’occupe aussi beaucoup des Impatients (organisme qui vient en aide aux personnes atteintes de problèmes de santé mentale par le biais de l’expression artistique). On fait beaucoup d’expositions. Je suis occupée et préoccupée par eux. Il faut être utile dans la vie. Ça prend du temps de faire connaître les Impatients! C’est un mot qui ne parle pas de la maladie mentale qui est derrière, mais c’est un joli mot pour représenter ces gens qui sont impatients de guérir. C’est aussi le nom d’une petite fleur, l’impatiente, qui pousse à l’ombre. C’est très important pour moi d’essayer de leur donner un coup de main.
Le mot de la fin, Clémence
L’important, c’est que mes salles soient pleines! Que tous ceux qui ne m’ont jamais vue viennent me découvrir, car il sera trop tard, et ils le regretteront toute leur vie.
(Et on termine bien sûr sur un grand rire… quoi d’autre?!)
www.theatrelepatriote.com
www.clemencedesrochers.ca
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