Édito de la rédaction
Par Thomas Gallenne
Le cœur à moitié plein
« Je crois, en effet, que Noël est la seule fête qui oblige encore à prendre le chemin pour aller voir et échanger des cadeaux avec la parenté. » Cette citation est celle de Boucar Diouf, le célèbre humoriste qui roule ses R et évoque la sagesse de son grand-père devant un auditoire conquis. Elle est extraite d’une chronique publiée le 6 décembre dernier dans La Presse+ (La radicalisation consumériste) et qui n’a pas échappé à Josée Pilotte, notre éditrice. Personnellement, je me méfie toujours des citations prises hors contexte et qu’on utilise à tort et à travers. Alors, je vais ajouter une autre citation, tout aussi grinçante, mais qui nous dit plusieurs choses.
« Je ne suis pas certain que les curés auraient réussi à imposer ces pérégrinations sur les routes enneigées du Québec dans le seul but d’aller fêter l’anniversaire de Jésus en famille. Mais lorsque tu as 800 $ de cadeaux dans la valise de ta voiture, la motivation est plus concrète. » – Boucar Diouf, dans la même chronique.
Pourquoi je vous balance ces deux citations ? Tout simplement parce que lors d’une discussion à brûle-pourpoint avec Josée dans son bureau lundi dernier – moi assis sur une fesse écrivant sur un bout de papier sur le coin de la table, et Josée essayant de se concentrer sur ses propos, interrompue par son téléphone ou ses courriels qui apparaissaient sur son écran d’ordinateur – nous essayions de réfléchir à ce que nous pourrions vous dire à vous, chers lecteurs, qui nous suivez depuis tant d’années maintenant.
Je ne sais pas pour vous, mais nous – Josée et moi – semblons pris dans ce tourbillon qui nous brasse. Avec Alep agonisant sous les bombardements; l’Europe sous la menace terroriste; l’extrémisme et la radicalisation menaçant nos démocraties; etc., comment ne pas relativiser cette petite folie qui s’empare de nous durant les célébrations de Noël ? Certes, ce que j’appelle cette « course aux cadeaux », et cette tournée de la parenté qui, pour certains, peut être anxiogène, tout cela paraît bien anodin, voire culpabilisant, face à certains drames qui se jouent dans le monde. Et c’est pour cela que le propos de Boucar Diouf a interpellé Josée. Car avec de telles nouvelles, il est facile de sombrer dans le pessimisme. Ou de voir le verre à moitié vide. Et plutôt que de voir la période de Noël sous son jour le plus mercantile, il ne tient qu’à nous de profiter de ce moment pour nous rapprocher des nôtres et d’être dans le don de soi. Certes, comme dit Boucar, on peut dépenser pour 800 $ de cadeaux, mais s’il y en a un de cadeau qui est gratuit et qui a une valeur inestimable, c’est l’amour que l’on peut distribuer aux autres. Ça fait cliché nous direz-vous ? Et bien on assume ! Josée, en tout cas, assume son côté traditionnel. Pour elle, le temps des Fêtes est l’occasion de réunir ses proches et de distribuer de l’amour. « Il y a une nostalgie qui est bonne : celle de se rappeler des Noëls de notre enfance. Ce n’est pas mauvais d’être nostalgique… », me lance-t-elle, perdue dans ses pensées.
« Qu’est-ce qu’on pourrait souhaiter à nos lecteurs Josée, parce qu’on doit le conclure notre édito de Nowël…? »
« On pourrait souhaiter à nos lecteurs la magie de nos enfances… On pourrait leur souhaiter de cultiver leur cœur d’enfant. »
Alors voilà, c’est dit ! On vous souhaite d’être dans votre cœur, en fait c’est le plus beau cadeau qu’on peut se souhaiter.
Joyeux Noël à tous!