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Coupes d’arbres dans la Réserve Alfred-Kelly

Par Sandra Mathieu

Les cyclistes réclament des explications

Alors que Conservation de la nature Canada (CNC) confirme qu’elle a mandaté les coupes d’arbres dans la Réserve naturelle Alfred-Kelly cet automne, la communauté cycliste réclame des réponses, mais espère surtout une ouverture au dialogue.

« Ces coupes d’arbres ne sont pas conformes aux normes de gestion forestière et d’aménagement durable, ni à la loi sur l’environnement. Une fermeture de sentiers aurait pu se faire de bien d’autres façons, déplore Jérôme Pelland, co-auteur du «Guide d’aménagement des sentiers de vélo de montagne», qui a été adopté comme standard de construction par de nombreux organismes, dont Parcs Canada. Il y a également eu de grandes lacunes sur le plan des communications concernant l’objectif de cette intervention. En outre, Il n’y a aucun signalisation claire à ce sujet. »

Interrogée au sujet des experts qui ont conseillé les coupes d’arbres, Annie Ferland, chargée de projets pour CNC, mentionne devoir « les consulter avant de donner des références ». Au moment d’aller sous presse, le Journal était toujours sans nouvelles.

Mme Ferland confirme par ailleurs que « huit arbres matures ont été coupés (complètement et ne demeureront pas vivants). Environ 150 petits arbres et arbustes ont été coupés partiellement (et demeureront vivants) pour obstruer le sentier. D’autres plus petits sentiers illégaux en lien pour la plupart avec la Wizzard du côté Piedmont ont été obstrués également. Le sentier liant la Wizzard au chemin du Roitelet à Piedmont est jonché d’arbres tombés de causes naturelles. »

M. Pelland affirme, avec plusieurs collègues, que les arbres en question ont jusqu’à six pouces de diamètre et que très peu survivront.

Impact des vélos

Celui qui travaille dans l’aménagement de sentiers depuis plus de 22 ans s’interroge : « Pourquoi des sentiers de vélo de montagne ne seraient pas compatibles avec la mission de la réserve alors que dans plusieurs zones de conservation la pratique est encouragée ? » M. Pelland se dit d’ailleurs toujours à la recherche de la clause officielle de la charte de partenariat ou de la charte des usagers stipulant que la pratique du vélo est interdite dans une réserve naturelle. « De plus, ça prend une très bonne raison pour fermer ou bloquer des sentiers historiques qui, soit dit en passant, ont été entretenus en très grande partie par des communautés de cyclistes bénévoles depuis plusieurs années. »

Ce dernier fait valoir, tout comme son collègue Éric Léonard, que des études réalisées au Canada, chez nos voisins du sud et ailleurs dans le monde démontrent que les cyclistes (vélos de montagne) et les randonneurs ont un impact similaire sur les sentiers et sur la faune lorsque les sentiers sont bien aménagés pour la cohabitation.

Yanick Langlais, bénévole impliqué depuis plusieurs années dans le développement des sentiers de vélo de montagne dans la région renchérit : « Nous avons proposé à maintes reprises des rencontres avec CNC et le Comité régional pour la protection des falaises pour expliquer comment on peut cohabiter dans des sentiers aménagés de façon durable, mais on n’a pas reçu de réponse ».

« Nous sommes des experts en la matière au Québec. Ça me ferait plaisir de proposer un Guide de standards et de normes », ajoute M. Pelland qui a également été directeur provincial d’International Mountain Bike Association Canada.

À noter que Jérôme Pelland a participé à la création de plus de 130 réseaux de sentiers totalisant 800 kilomètres, seulement au Québec. Il a également travaillé à l’aménagement de sentiers dans huit pays différents.

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