Des parents assommés par la fermeture du Pavillon Sainte-Marie
Par Journal Accès
Centre de réadaptation et d’hébergement de longue durée pour handicapés
Reine Côté – Le Pavillon Sainte-Marie, de Saint-Jérôme, fermera ses portes en avril prochain et relocalisera ses résidents dans des ressources intermédiaires situées sur le territoire laurentien, au grand dam des parents et employés qui ont peur de l’effet néfaste de ce bouleversement sur les résidents.
Au Québec, le Pavillon Sainte-Marie est l’un des rares centres de réadaptation offrant des soins de santé spécialisés et de l’hébergement de longue durée aux personnes lourdement handicapées, dont certaines souffrant de graves problèmes de comportement. Leurs familles les considéraient en sécurité entre les murs du bâtiment de la rue du Pavillon.
Consternés par l’annonce, les parents s’étaient réunis samedi autour d’un café pour en discuter. Pour ces gens du troisième âge, le déménagement éventuel laisse entrevoir une insécurité dont ils se passeraient aisément. « Ils chahutent complètement nos vies », déplore Yves Jacob, un père.
Les parents sont unanimes : les ressources intermédiaires n’ont pas le personnel spécialisé ni d’éducateurs comme au Pavillon où chacun des résidents vit dans l’unité désignée pour son handicap, sous la surveillance d’un employé.
Équipe d’experts
Il y a 15, 20 et même plus de 30 ans, les quatre couples de parents ont placé leurs jeunes au Pavillon, car leur polyhandicap, ajouté de troubles du comportement pour certains, exigeait des soins spécifiques. Au Pavillon Sainte-Marie, ils y ont trouvé des praticiens aimants et dotés d’une expertise.
Caroline Desjardins bénéficie de ces services depuis son entrée au Pavillon, il y a 37 ans. Sa sœur Nathalie et ses parents, Louise et Robert Desjardins, sont inquiets. Si elle est transférée à Mont-Laurier ou encore à Rivière-Rouge, ils ne pourront plus aller la voir aussi régulièrement. Nathalie craint que sa sœur se laisse mourir si elle se retrouve éloignée des siens et parmi des inconnus.
« C’est l’amour qu’ils reçoivent du personnel. Ces gens-là ont de vraies vocations. Et on le ressentait », assure Robert Desjardins.
« Ce Pavillon est spécial pour son encadrement. Des infirmières veillent sur les résidents 24 heures sur 24, un médecin de garde est toujours rejoignable. Il les visite d’ailleurs deux fois par semaine », précise Denise Hudon.
Choc traumatique
Cette dernière craint un choc traumatique chez les résidents lorsqu’on les déménagera. « L’an dernier, ma fille a failli mourir. Elle est encore en vie grâce aux soins qu’elle a reçus au Pavillon. Moi, ça me retourne 30 ans en arrière. Je savais qu’elle était bien soignée au Pavillon », confie-t-elle.
Christiane et Yves Jacob ont placé leur fils Maxime au Pavillon en 2001. Polyhandicapé, il ne parle pas, ne marche pas. « Si nous n’avions pas eu les infirmières pour nous dire quoi faire quand il a fait sa thrombose veineuse, il serait mort », souligne Mme Jacob.
« On nous force à abandonner nos enfants », insiste Denise Hudon. « C’est tellement hypocrite et méprisant pour nos enfants, ajoute Mme Jacob. C’est comme s’ils étaient des sacs verts. »