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Des ruines découvertes à Sainte-Adèle

Par Simon Cordeau

Durant une balade en forêt, dans le secteur du Golf Alpine, un citoyen de Sainte-Adèle est tombé sur des ruines qui rappellent un château, dont des fondations et un grand foyer en pierre. Intrigué, il a fait appel à la mairesse, Nadine Brière, qui l’a référé à la Société d’histoire et de généalogie des Pays d’en Haut (SHGPH). Comme il est demeuré sans réponse, Mme Brière a fait appel aux réseaux sociaux.

« C’est une communauté très passionnée par le patrimoine de la région, et qui a fait des recherches. Visiblement, ça semble être le château de Jules Timmins », raconte la mairesse.

L’ambition de Jules Timmins

De son temps, Jules Timmins était l’un des hommes les plus riches du Canada. Son père Henry et son oncle Noah ont bâti leur fortune en exploitant des mines d’argent et d’or, parmi les plus grosses au monde, dans le nord de l’Ontario. En 1936, à la mort de Noah, Jules hérite du consortium minier.

Jules apprend qu’à Ungava, dans l’extrême nord du Québec, se trouveraient d’importants dépôts de minerai de fer. Un article du Maclean’s de 1952 rapporte qu’il aurait dépensé 6 millions de dollars sur 8 ans, simplement pour savoir si l’exploitation de ce minerai de fer serait rentable.

L’ampleur du défi est titanesque. L’équipement minier doit être transporté par avion, une première dans l’histoire. Le chemin de fer de la Côte-Nord et du Labrador doit être construit, pour relier Schefferville, nouvellement fondé, à Sept-Îles, sur 414 km. Un grand port doit être construit à Sept-Îles pour exporter le minerai par bateau. Même la voie maritime du Saint-Laurent, qui permet aux bateaux de passer du Golfe du Saint-Laurent jusqu’au lac Supérieur grâce à un système de canaux et d’écluses, doit être construit, pour permettre au minerai de nourrir les usines d’acier du Midwest américain.

Jules Timmins réussit son pari, en trouvant des partenaires financiers aux États-Unis. Lorsqu’il meurt, en 1971, il est reconnu depuis longtemps comme l’un des grands bâtisseurs, tant du Québec que du Canada.

Les Pays d’en Haut, havre des nantis

Difficile de savoir avec certitude si les ruines découvertes à Sainte-Adèle appartenaient à Jules Timmins. (La SHGPH, dont les locaux sont fermés à cause de la COVID, n’avait pas retourné notre appel au moment de mettre sous presse.)

Chose certaine, Jules Timmins a bel et bien eu une résidence secondaire dans la région. Il aurait même payé la construction d’une chapelle à Sainte-Marguerite-Station, non loin des ruines, après s’être fait sermonner par le curé Martin pour être arrivé en retard et parce ses filles portaient, oh sacrilège, des pantalons.

À l’époque, de nombreuses familles nanties de Montréal s’établissent dans les Pays d’en Haut. On peut penser à la famille Molson, propriétaire d’un empire brassicole, installée à Saint-Sauveur. Ou à la puissante famille McConnell, riches industriels qui possédaient, entre autres, la sucrerie Redpath et le journal Montreal Star. Ils auraient hébergé tant la (future) reine d’Angleterre que le roi de Siam à leur domaine du lac Paquin, à Val-David.

Hygiénisme et air frais

Paul Carle, président de la Société d’histoire et du patrimoine de Val-David, explique qu’à l’époque, on se rend dans les Laurentides pour profiter du plein air et des sports d’hiver, mais aussi pour des raisons de santé.

« C’est le début d’un courant sur la planète : l’hygiénisme. On veut des toilettes, de l’eau courante, des égouts, etc. Les villes deviennent synonymes de maladie, et sont touchées par les pandémies. Donc les familles nanties passaient le plus de temps possible à l’extérieur de la ville. » À seulement une heure de train, les Pays d’en Haut sont la destination idéale. On peut s’y rendre après le travail, y passer la fin de semaine. « L’été, ça se remplissait de touristes, à partir de la fin des classes jusqu’à la rentrée. »

Nadine Brière y voit là un parallèle entre hier et aujourd’hui. « À l’époque, durant la tuberculose, les gens de Montréal quittaient la grande ville pour éviter l’épidémie. Comme aujourd’hui. »

Vestiges à découvrir

Les ruines du château de Jules Timmins ne seraient pas les seuls vestiges à découvrir dans les forêts de Sainte-Adèle. Mme Brière mentionne un solage de maison dans le parc du Mont Loup-Garou et une vieille voiture abandonnée près de la rivière aux Mulets. Qui sait les vestiges du passé qui se cachent encore dans nos forêts?

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2 Comments

  1. Piché-Quevillon, Évelyne

    Il y a des ruines d’un château dans le domaine Deauville, c’est le château Purvis…

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    • Forget

      J’ai trouvé des sépultures ou autres dans la forêt près de chez-moi, La nature ne peut être la réalisatrice de ce genre de mise en place. La mousse indique que ces amas sont très anciens.
      FFORGET. De Sainte Adèle

      Reply

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