Une ferme de cryptomonnaie dans les Laurentides ?

Par Jean-Claude Tremblay

La cryptomonnaie, cette mal-aimée

On parle de bitcoin, de fermes de minage, de blockchain, de litecoin et tutti quanti! Vous en avez entendu parler aux nouvelles, par votre banquier, vos amis ou votre parenté, de cette incomprise et parfois mal-aimée, la cryptomonnaie et son univers particulier, que je vais tenter pour vous de démystifier!

Pourquoi parler de cryptomonnaie maintenant?

Parce que votre journal a obtenu de l’information sérieuse à savoir qu’au moins un projet de ferme minière de cryptomonnaie serait présentement en développement dans les Laurentides, et que ce type d’installation a toujours des impacts socio-économiques, voire écologiques sur la région d’accueil, le cas échant, la nôtre.

Ferme de mineurs ou Ferme à Mathurin, je ne comprends plus rien!

Non… une ferme de mineurs n’est pas un grand champ où des gars de l’Abitibi armés de pioches cherchent de l’or à ciel ouvert. L’action de miner est faite par ordinateur (généralement une série d’ordinateurs commerciaux), et plus précisément par un programme qui, une fois installé, vérifie automatiquement les milliers de transactions du réseau et sa base de données (la blockchain) pour s’assurer de leur validité. Vulgarisation: imaginez cette base de données développée et entretenue par des mineurs, comme une géante piste de course mondiale et interreliée, sur laquelle peuvent circuler des voitures. Ces voitures, ce sont des cryptomonnaies, comme celle appelée «bitcoin».

Pourquoi il y a des entreprises partout dans le monde qui se regroupent en méga « fermes » (un genre d’entrepôt essentiellement rempli de milliers de serveurs qui fonctionnent tous seuls 24/7), c’est parce que le système rémunère en cryptomonnaie ceux qui valident les transactions. Autrement dit, y’a de l’argent à faire avec ça, et c’est pour ça qu’il y a des organisations structurées, dont plusieurs entreprises à but très lucratif ici, au Québec. (Ici… où l’électricité, hautement sollicitée par ces installations, est accessible et peu coûteuse.)

Des MRC qui imposent des moratoires, des villes qui balisent, d’autres qui bannissent

Vous pensez qu’elles sont bienvenues, ces fermes de mineurs de données? Pas toujours. À défaut de pouvoir les expulser, la Ville de Bedford à modifier son règlement sur les nuisances en imposant un plafond de décibels pour contrer les bruits infernaux produits par ces installations. La MRC de Brome-Missisquoi, la Ville de Magog et bien d’autres ont imposé un moratoire sur ces fermes, pour étudier leurs impacts.

L’arrivée de la cryptomonnaie

La cryptomonnaie, c’est une devise, de l’argent électronique, c’est comme de l’or version 3.0. Le bitcoin, ce n’est qu’une des plus célèbres de ces devises, parmi les quelque 1500 qui existent à ce jour sur la planète. Elle n’a pas cours légal ni n’est régie par des banques ou des gouvernements – elle se transige entre individus, ce qui pour toutes sortes de raisons insécurise l’establishment et les classes politiques qui perdent leur précieux contrôle, par lequel ils gouvernent et exercent leur suprématie économique. En clair, ils perdent les cordons de la bourse, car le processus est décentralisé et totalement indépendant – le cauchemar de tout gouvernement et institution financière traditionnelle. Sans faire son apologie, il faut savoir que c’est une technologie, celle de la cryptomonnaie, qui est extrêmement fiable et inviolable – le danger réside dans l’aspect volatile, lié essentiellement à sa spéculation, qui s’apparente à la bourse.

Spéculons à notre tour

On jase là… mais entre les projets de ferme minière de cryptomonnaie et les installations pour produire massivement de la drogue bientôt légale, ça va en prendre de l’électricité. Je ne peux m’empêcher de commencer à faire des liens quand je vois Hydro qui s’entête à vouloir raser le paysage pour planter ses gros pylônes. L’avenir nous le dira, mais j’espère que la société d’État et le gouvernement, qui sont à notre emploi, auront la transparence de tenir leurs obligés au courant, sans mauvais jeu de mots. Dans tous les cas, soyons ouverts d’esprit, mais tout de même prudents.

La petite histoire de la devi$e – version express

Vous vous souviendrez que l’histoire de la devise a débuté par le troc, avant de migrer éventuellement vers l’or: on payait alors nos affaires en pépites. À force de traîner son sac d’or, l’Homme a eu la brillante idée de s’entendre et de signer des bouts de papier en lui collant une valeur équivalente à l’or qui, maintenant, devait être validé, sécurisé et déposé dans un endroit nommé « banque» ou « réserve». Les papiers que l’on a éventuellement appelés « billets de banque» représentaient littéralement l’or à la banque. De là, les banques ont découvert que le temps que tu étais parti travailler, elles pouvaient prêter ton or à quelqu’un contre des intérêts. Avant longtemps, il n’y avait plus qu’une fraction d’or en banque pour un nombre de « papiers » en circulation et, dès 1933 au Canada et 1971 aux États-Unis, on a laissé tomber ce standard (papier proportionnel à l’or à la banque), et l’argent n’est depuis qu’une série de promesses spéculatives, car il n’est plus endossé par une valeur physique. En 1998, l’infrastructure de cryptomonnaie était développée, et en 2009, la monnaie bitcoin était inventée, et des milliers d’autres allaient suivre.

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