La relance, mais pas à n’importe quel prix
Par Rédaction
Un économiste se prononce
David Tessier est un économiste et professeur au département des sciences administratives à l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Il nous a parlé de son point vue quant au projet de loi 61 proposé par le gouvernement Legault sur la relance économique, mais également sur la situation des gouvernements provincial et fédéral au niveau des finances publiques.
Une bonne nouvelle pour l’économie
Selon lui, le plan de relance est une bonne nouvelle pour l’économie puisque comme la demande privée n’est pas là actuelle-ment, l’État doit intervenir et adopter des politiques pour soutenir l’économie. En effet, le gouvernement veut et doit adopter des politiques keynésiennes et dans ce sens, le projet est bon. Actuellement, la demande pour les biens n’est pas là puisque les citoyens et les ménages n’ont pas les moyens de dépenser et de stimuler l’économie, comme nous sommes dans une situation instable de crise. « S’il y a trop d’incertitude chez les gens, notamment face à l’arrivée de la deuxième vague, cela les empêchera de dépenser et donc, moins d’activités économiques », affirme David Tessier. En injectant de l’argent, le gouvernement compense donc cette demande et cela aidera à générer plus de revenus et de dépenses. Au bout de la ligne, l’État verra ses revenus augmenter puisque plus de taxes et d’impôts seront payés, ainsi son déficit pourra diminuer. Telle est l’intention derrière ce projet de loi.
« Qui dit accélérer, dit réduire »
« Là où est le problème, c’est que cette loi veut accélérer les projets d’infrastructures. Qui dit accélérer, dit réduire les normes, environnementales notamment », soutient le professeur. Il souligne par ailleurs que « la relance est importante, oui, mais elle ne doit pas se faire au détriment de l’environnement. » Selon lui, l’intention d’accélérer le processus de construction d’infrastructures est bonne et il fait partie de ceux qui croient qu’il y a trop de bureaucratie au Québec, faisant en sorte qu’il faut des années pour compléter un projet. Toutefois, et il le répète, « ces projets ne doivent pas se faire en créant des dommages pour l’environnement ou en favorisant la corruption, mais je crois que c’est possible de les réaliser. »
Un gouvernement trop « généreux »
David Tessier se spécialise aussi dans les finances publiques et nous a parlé des conséquences à long terme que les dépenses publiques pourraient avoir sur les citoyens. En temps de crise comme nous vivons, les gouvernements n’ont pas d’autres choix que d’offrir des services et du soutien pour sa population, mais cette dette devra être payée. « Tôt ou tard, il faudra augmenter les impôts, à quelle vitesse je ne sais pas », souligne l’économiste, en ajoutant que ce seront les futures générations qui en écoperont. Selon lui, le gouvernement fédéral a trop dépensé depuis le début de la crise et on le remarque en ce moment avec le manque d’employés chez certaines entreprises, alors que ces derniers ont droit à la Prestation canadienne d’urgence qui est, croit-il, trop élevé : « Le plan fédéral est trop généreux. En fait, il faut aider les gens, tout en gardant un incitatif pour travailler, mais en ce moment, ce n’est pas ce qu’on a. »
La Coalition Avenir Québec souhaitait faire voter, vendredi le 12 juin, son projet de loi 61. Cependant, le gouvernement et les partis de l’opposition ne sont pas arrivés à un accord pour procéder au vote du projet, alors qu’une unanimité chez les partis de l’opposition était nécessaire pour faire cheminer la loi. Enfin, la session parlementaire prenait fin à cette date, le gouvernement devra donc revenir seulement à l’automne avec le projet pour le faire adopter.