Les jeunes, moteur de notre économie
Beaucoup de jeunes remettent en question leur avenir professionnel en raison de la pandémie. Avec le vieillissement de la population et la pénurie de main-d’œuvre, c’est l’occasion de les convaincre de rester dans la région, ou d’attirer ici les jeunes d’ailleurs. Discussion avec Marie-Pierre Bédard, coordonnatrice de services au Carrefour jeunesse-emploi (CJE) Rivière-du-Nord, et Mireille Simard, agente communication et développement au CJE des Pays-d’en-Haut.
« La santé mentale a pris beaucoup d’importance. On l’avait remarqué depuis quelques années, mais en particulier depuis la pandémie. Le niveau d’anxiété est élevé », déplore Mme Bédard.
L’isolement est difficile pour les jeunes du secondaire, mais aussi pour les jeunes adultes du cégep et de l’université, qui font de plus en plus appel aux services du CJE.
« Ils vivent beaucoup d’instabilité. Ils remettent en question leur éducation, leur choix de carrière, leur emploi. Ils ne savent plus où se positionner dans le contexte actuel. Leurs valeurs ont été ébranlées par la pandémie. »
Les intervenants du CJE peuvent les accompagner, à leur rythme, rassure Mme Bédard, mais leurs ressources sont limitées, ajoute-elle. « C’est plus de travail, plus d’écoute. On les réfère vers des ressources externes et communautaires, oui, mais celles-ci sont déjà pleines à craquer. Veut veut pas, nous on ne les laisse pas. On devient un peu comme le filet de sûreté. »
S’épanouir ici
« La vitalité de la communauté passe par les travailleurs actifs. C’est important aussi de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre. Si tout le monde prend sa retraite et qu’il n’y a personne pour remplacer, la MRC va péricliter et l’argent va partir ailleurs », illustre Mme Simard, dans les Pays-d’en-Haut.
C’est pourquoi le CJE cherche à attirer et à retenir des jeunes dans la région, grâce au programme Place aux jeunes en région. « On peut s’épanouir dans la région. Il y a des emplois qualifiés ici. Il y a de la culture », insiste Mme Simard.
Le programme offre plusieurs services, dont de l’accompagnement pour se trouver un logement, des activités sociales pour se créer un réseau et du jumelage avec des entreprises locales. « On veut faire en sorte que des gens qualifiés viennent travailler ici. À chaque semaine, on affiche des offres d’emploi sur notre plateforme et nos médias sociaux », indique Mme Simard.
La semaine des régions, qui se tiendra du 7 au 12 février, sera aussi l’occasion de célébrer les attraits locaux, explique l’agente. « Les régions sont toutes fantastiques, mais chacune a ses particularités. Nous, on a les pentes de ski, l’accès à la nature, les lacs, etc. C’est important de les mettre de l’avant. Et il faut que les gens réalisent l’importance des régions dans l’économie. »
Cependant, les nouvelles restrictions sanitaires obligent les organisateurs à revoir l’événement. L’année dernière, un spectacle virtuel avec plusieurs artistes locaux avait été présenté, en plus d’un quiz, de concours et de témoignages de gens de la région.
Attirer, retenir, rejoindre
Attirer des jeunes dans la région, c’est une chose, mais les y retenir en est une autre. « On voit beaucoup de gens qui partent des grands centres urbains et qui viennent en région, mais ce n’est pas garant qu’ils vont rester ici. Ils font face à des enjeux importants, comme l’accès au logement et la réalité du déplacement. Mais on a de belles options. La MRC et les municipalités sont au courant des enjeux et veulent s’y attaquer », se réjouit Mme Simard.
L’enjeu est encore plus important dans les Pays-d’en-Haut, comme la population est vieillissante, avec 27 % des résidents qui avaient 65 ans et plus lors du recensement de 2016. Une agente de liaison, Camille de Francesco, travaille désormais avec les adolescents.
« Elle développe des relations avec les jeunes de l’école Augustin-Norbert-Morin, qui est la seule école secondaire du territoire. L’objectif est de garder ces relations durant les études post-secondaires, pour que les jeunes reviennent dans la région après », explique Mme Simard.
La MRC de La Rivière-du-Nord, quant à elle, ne manque pas de jeunes, avec un cégep, une université, un centre de formation professionnel et sept écoles secondaires (et une en construction). « Les jeunes ne vont pas étudier à Montréal. Ils restent dans la région. Même qu’au contraire, il y a des jeunes d’autres régions qui viennent étudier et s’établir ici », indique Mme Bédard.
Elle ajoute que la région est en pleine expansion, ce qui offre de nouvelles opportunités. « En périphérie de Saint-Jérôme, comme à Prévost, ça se bâtit. Il y a beaucoup d’entreprises locales. Quand les gens arrivent ici, ils peuvent trouver leur compte. »
Dans Rivière-du-Nord, l’enjeu est plutôt de rejoindre les jeunes qui ont besoin d’accompagnement. « On couvre un grand territoire. Hors de Saint-Jérôme, l’accès est plus difficile. Même s’il y a des transports collectifs, les jeunes ne sont pas toujours capables de les prendre. Donc c’est plus difficile de rejoindre cette clientèle-là. On travaille sur des nouveaux points de service pour les rejoindre », explique Mme Bédard.