« Les problèmes vécus dans les CHSLD étaient prévisibles »
Par Rédaction
Selon des professeures de l’UQO
Deux professeures du campus de Saint-Jérôme de l’Université du Québec en Outaouais publiaient, cet automne, une étude qui faisait ressortir d’importantes lacunes dans l’offre de services aux personnes âgées. Plusieurs résultats de ce travail annonçaient malheureusement les problèmes actuels.
Les professeures Mélanie Bourque et Josée Grenier ont réalisé cette étude en questionnant des intervenants, des gestionnaires et des patients. Plusieurs problématiques constatées au CSSS Lucille-Teasdale et au CIUSSS de l’est de l’île-de-Montréal ont donné lieu à une suite de recommandations. « On aurait dû tout simplement avoir des conditions normales! », s’exclame la professeure Mélanie Bourque.
La principale problématique soulevée par l’étude est le manque de personnel. « Des médias ont soulevé ce problème à plusieurs reprises, indique la chercheuse. Il perdure depuis plusieurs années et on n’a pas fait grand-chose. Le gouvernement dit avoir libéré de l’argent pour ouvrir des postes, sauf que les conditions de travail posent problème. Il y a une question de salaire, mais aussi une question de ratio intervenants-patients. Le temps que les préposés aux bénéficiaires, les infirmières et les travailleurs sociaux peuvent consacrer à chaque patient est tellement faible qu’ils ne sont pas en mesure d’offrir des soins adéquats. » L’étude révèle que les nombreux problèmes concernant les conditions de travail se traduisent par un grand roulement et un surmenage du personnel. « Au-delà des salaires, les conditions de travail sont devenues très difficiles et les gens préfèrent aller voir ailleurs », constate Mélanie Bourque.
La gestion à moindre coût n’a fait qu’accentuer les conditions de travail, déplore madame Bourque. « Ça fait des années qu’on applique des mesures de gestion qui sont associées aux méthodes Lean ou Toyota, où il faut plus de performance, rendre des comptes constamment ou intervenir juste à temps. C’est une gestion qui est contrôlante et qui demande aux travailleurs d’en faire toujours plus, mais pas nécessairement avec de meilleures conditions. »
Un paquebot administratif
Mélanie Bourque aime comparer les structures actuelles du réseau de la santé et des services sociaux à « d’énormes paquebots qui ne sont pas assez agiles pour changer de direction, parce qu’on a enlevé beaucoup de pouvoir de décision aux gestionnaires qui sont plus près du terrain. » Dès lors, les professeures de l’UQO ont constaté d’importants délais pour certaines requêtes. « On a vu des demandes d’équipement, comme une marchette, qui arrivaient plusieurs mois plus tard, alors que le patient était décédé! Dans d’autres cas, il s’agissait du besoin d’un patient de manger dans un bol à la place d’une assiette. Ça ne venait pas non plus pendant des mois! », déplore madame Bourque.
La professeure au Département de travail social de l’UQO croit que les problèmes constatés perdurent depuis des années dans les CHSLD, « parce que les personnes âgées sont dans des situations vulnérables et ne sont donc pas dans une position de revendication. »
Aujourd’hui, Mélanie Bourque se dit triste et découragée devant la crise liée à la Covid-19 vécue dans les CHSLD. « C’est déplorable! Nous ne sommes pas les seules à avoir dénoncé ces situations et, pourtant, rien ne s’est produit! Parfois, on a l’impression que ça prend des crises comme celle-là pour voir des changements. C’est terrible, parce qu’il y a des morts! »
4 commentaires
Et Marguerite qui engageait des clowns en 2009 pour distraire nos aînés!
Wow, toute une nouvelle, j aurais jamais pensé, oufff, une chance que vous êtes là.
Multi-problématiques, mais la piètre formation de base est l’une des principales problématiques. Dans certaines résidences (privées non conventionné comme celle du Groupe Santé Arbec), la formation (préposée) est donnée par ses propres employés. Autre facteur important, la question de l’Agrément. Dans ce type d’industrie humaine le profit nous conduit au résultat actuel. Exemple, la situation en RI Wilfrid Grignon de Sainte-Adèle. Les valeurs et leur culture imposées par la loi du silence aux employés donnent le cliché actuel. En fait, bon nombre de ce type d’entreprises humaines vont se lancer bientôt dans des campagnes publicitaires (photos avec ainés et employés) en vous disant qui sont là pour les ainés et familles malheureusement, sans l’apport de ceux qui dans cette vague n’y sont plus.
Les autorités de santé des Laurentides qui ont envoyé des malades du coronavirus dans les CHSLD où il n’y en avait pas ont joué à la roulette russe. S’ils avaient gardé en mémoire l’expérience du Sras en 2002 quand des hôpitaux de Toronto ont été infectés parce qu’ils ont disséminés les malades… Et les familles qui les ont laissé là n’ont pas été plus avisées. Quand on pense que les autorités de santé canadienne dont le docteur Donelly directeur de la santé publique de l’Ontario disait le 24 janvier »Qu’on ne risque pas d’assister ici à ce qui s’est passé à Wuhan, ville chinoise de 11 millions d’habitants où serait née l’éclosion de pneumonie au nouveau coronavirus. Si un cas survient ici — et il est probable que cela arrive —, la vie suivra son cours » (La Presse canadienne).